Amériques

Long format

Depuis qu’il a fui la République islamique en 2009, le poète Mohsen Emadi n’a plus de pays  : l’exil est devenu un mode d’existence et une manière de faire de la poésie.

Dans une conversation fleuve depuis le Mexique où il vit actuellement et qui partage avec l’Iran «  des ruines en commun  », il nous plonge dans les voyages qui ont forgé son travail et sa langue — et nous confie  : «  mon persan a désormais un accent espagnol  ».

Le projet qui vient d’outre Atlantique nous sidère.

Depuis presque six mois la Maison-Blanche cherche à transformer la démocratie américaine en une monarchie bizarre contrôlée par les seigneurs de la tech et une nouvelle dynastie.

Le fait que ce projet nous paraisse totalement déraisonnable ne l’empêche pas d’exister — s’il est difficile de le décrire, il est nécessaire de le comprendre.

Pour garder le cap dans l’espace fuyant, filiforme et désorganisé de cette contre-révolution nous publions aujourd’hui le premier Atlas de la pensée néoréactionnaire.

Donald Trump, que le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte appelle déjà «  papa  », cherche à transformer la société et la politique américaines dans un projet radical  : d’abord la monarchie — puis l’empire.

Mais la trajectoire qu’il veut imposer à l’Amérique et à l’Europe n’est pas irrésistible.

Pour l’historien Gary Gerstle, en l’absence de politique économique claire, le projet révolutionnaire trumpiste pourrait s’effondrer sous le poids de ses contradictions profondes.

Les Alliés viennent d’accepter de porter leurs budgets de défense à 5  % du PIB d’ici 2035.

Trump — qui a qualifié le sommet de «  succès monumental  » — a accepté de réaffirmer le soutien américain à long terme face à l’Ukraine contre la Russie.

Pourtant, rien n’est vraiment réglé dans l’Alliance atlantique.

Nous traduisons et commentons une déclaration qui entérine une avancée majeure tout en révélant des dissensions transatlantiques profondes.

Pour la première fois, une étude scientifique a tenté de mesurer l’impact d’une utilisation répétée de ChatGPT sur le cerveau.

Les résultats — publiés dans un preprint par le MIT Media — marqueraient une tendance nette  : travailler avec les modèles de langage de l’IA ferait perdre le contrôle cognitif et modifierait le comportement.

Plus inquiétant  : les utilisateurs intègreraient passivement les biais algorithmiques des concepteurs de LLM.

Nous synthétisons les principaux enseignements d’une étude qui a le mérite de lancer le débat sur une nouvelle frontière géopolitique—notre cerveau.

«  Nous construisons un cerveau pour le monde.  »

«  ChatGPT est déjà plus puissant que n’importe quel être humain ayant jamais vécu.  »

«  Puisse notre trajectoire vers la superintelligence être fluide, exponentielle et sans accroc.  »

Nous traduisons et commentons les prédictions du fondateur d’OpenAI — le dernier texte de Sam Altman écrit sans l’aide de ChatGPT.

À Fort Bragg, le président américain a transformé un passage en revue militaire en meeting politique, obligeant des militaires en uniforme sélectionnés pour leur loyauté à l’acclamer.

Après l’envoi de Marines à Los Angeles et juste avant la grande parade militaire qui aura lieu à Washington pour son anniversaire, il s’agit d’une étape de plus dans la transformation des États-Unis.

Nous traduisons son discours aux accents guerriers.

Souvent présenté comme un modèle de résistance à Trump, le Mexique dirigé par l’héritière politique d’AMLO Claudia Sheinbaum est en train de connaître un tournant inquiétant.

Pour la politologue mexicaine Denise Dresser, le vote du 1er juin pour élire les magistrats du pays met fin à trois décennies d’État de droit  : le parti au pouvoir contrôle désormais les tribunaux mexicains.

Au prétexte de vouloir renforcer la démocratie par la «  volonté du peuple  », il remet le pays sur la pente d’un régime autoritaire.

Un papier publié par Apple vient de bouleverser l’intelligence artificielle.

Les capacités de raisonnement des modèles actuels peuvent s’effondrer complètement au-delà d’un certain niveau de difficulté. Ces modèles semblent «  abandonner  » l’effort de raisonnement quand la tâche devient trop dure — même s’ils disposent des ressources nécessaires.

Gary Marcus replace ces limitations dans le prolongement de ses analyses passées et en expose certaines des causes profondes.