Perspectives sur l’actualité


Contrôler sans contraindre, recommander sans imposer, induire sans tromper  : la mission des Cours des comptes est aussi essentielle que leur mandat est difficile à définir. À partir d’exemples concrets, en Afrique et dans le monde, Camille Andrieu, magistrate, et Kako Nubukpo, économiste et ancien ministre togolais, montrent que leur rôle de vigies démocratiques est essentiel et appellent à l’émergence d’une «  culture des contre-pouvoirs  ».

À mesure que la guerre d’Ukraine se prolonge, les alliés de la Russie tournent le dos à Moscou, l’obligeant à redoubler d’efforts diplomatiques. L’Organisation du Traité de sécurité collective, qui servait au Kremlin à préserver plusieurs anciennes républiques soviétiques dans l’orbite géopolitique de la fédération de Russie, se retrouve de facto délaissée par des alliés historiques. Au-delà de la guerre de conquête en Ukraine, la Russie de Poutine mène une bataille diplomatique sur tous les fronts.

Partout dans le monde, des femmes en lutte se battent pour conquérir des espaces de dignité, de pouvoir et de liberté. Leurs combats doivent nous inspirer. Nous devons les soutenir et fédérer leurs efforts — pour que les femmes soient présentes à toutes les tables de négociations.

Une perspective signée Arancha Gonzalez Laya.

Le débat sur la réforme des retraites est centré sur les chiffres  : il n’y aurait pas d’alternative pour financer les prestations que réformer le système. Suivre ce raisonnement nous fait passer à côté d’une urgence. Ce projet ne peut pas s’abstraire de la dynamique plus large de la transition juste. En d’autres termes  : il est grand temps de faire entrer la Terre dans la calculette.

Une perspective signée Patrice Maniglier.

Le Premier ministre de Tunisie parle de «  grand remplacement  ». Dans les rues, des chasses à l’homme se multiplient. La violence s’installe — dans une économie fracturée et un paysage politique chaotique.

Le scénario le plus probable désormais est celui d’un défaut souverain d’ici à 2024  : il réduirait encore les marges de manœuvres budgétaires et accentuerait l’appauvrissement tendanciel du pays, qui se tournera vers des alliés régionaux toujours moins nombreux et aux motivations troubles.

Si la guerre en Ukraine est «  identitaire  », l’identité qu’il s’agit de défendre est peut-être linguistique et culturelle — mais elle est d’abord et avant tout politique. Voilà l’esprit de sa résistance.

Dans cette réflexion au long cours, le philosophe Marc Crépon expose les raisons qui doivent pousser les démocraties à continuer et à amplifier leur soutien aux peuples menacés par Poutine.

Depuis quatre décennies, l’Europe mise sur la stabilité, la prévisibilité. Ce cadre a d’ores et déjà volé en éclats. Comment se doter d’une matrice politique face à la guerre hybride menée par la Russie  ?

La clef de cette crise se trouve en Méditerranée — Poutine le sait. Il est urgent de dessiner une nouvelle stratégie sur notre axe Nord-Sud, en pensant un ensemble régional plutôt d’un voisinage.

La vraie victoire de Vladimir Poutine n’est pas d’avoir anéanti l’opposition et écrasé les sociétés civiles en Russie. C’est d’avoir orchestré une apathie généralisée, une passivité mêlée à de la crainte, dans une confusion entretenue. Depuis un an, Benjamin Quénelle a échangé avec des Russes à propos de l’invasion de l’Ukraine — il livre un témoignage.

Cruciales pour la souveraineté des États, les technologies critiques ont toujours été l’objet d’affrontements géopolitiques pour leur appropriation. Dans la guerre des capitalismes politiques, la régulation de leur développement et de leur transfert devient une question de sécurité. Dans ce domaine — où l’Union et les États-Unis pourraient se retrouver concurrents — un consensus reste à trouver. Alice Pannier propose des clés pour comprendre la compétition qui vient.