Les résultats d’une enquête menée en Ukraine et en Russie entre le 20 février et le 1er mars par l’agence de sondage ExtremeScan témoignent de l’impact sur l’opinion publique ukrainienne des déclarations de Donald Trump portant sur la légitimité de Volodymyr Zelensky et la responsabilité de l’Ukraine dans le déclenchement de l’invasion russe. Côté russe, ces nouveaux chiffres doivent être lus à la lumière de l’approche « pragmatique » adoptée par le président américain dans les négociations de cessez-le-feu, privilégiant les opportunités économiques exploitables par des entreprises américaines en Ukraine et en Russie.
- Selon l’enquête, 48 % des Ukrainiens considèrent que Donald Trump est du côté de la Russie dans les négociations de cessez-le-feu en cours pour mettre fin à la guerre. Presque autant (43 %) des Russes sondés sont d’accord avec cette affirmation 1.
- Dans le même temps, les trois-quarts des personnes interrogées dans les deux pays disent ne pas avoir confiance dans le président américain (82 % en Ukraine, 74 % en Russie), tandis que 70 % des Ukrainiens affirment que la relation avec les pays européens est plus importante que celle avec les États-Unis.
L’impact du premier mois de la deuxième présidence Trump se fait ressentir en Ukraine et en Russie, mais également au Royaume-Uni, où les Britanniques accordent plus d’importance à l’assistance à l’Ukraine (48 %) qu’à la relation avec les États-Unis (20 %). L’échange violent entre le président ukrainien, Trump et J.D. Vance vendredi 28 février à la Maison-Blanche devrait contribuer davantage à la baisse de confiance des Européens dans l’alliance transatlantique.
- L’alignement idéologique de la Maison-Blanche de Donald Trump sur le Kremlin est perçu par les opinions publiques mais également salué par Poutine et son entourage.
- Le porte-parole du Kremlin Dmitriv Peskov a notamment déclaré hier, dimanche 2 mars, que la reconfiguration de la politique étrangère américaine initiée par Trump « s’aligne largement sur notre vision » 2.
- Dans un entretien donné au quotidien Argumenty i fakty le 26 février, le spécialiste russe des relations internationales et de la politique de sécurité de l’Union européenne, Oleg Barabanov, observait lui aussi un rapprochement entre Trump et Poutine reposant sur des valeurs conservatrices communes. Celui-ci placerait le président américain « en rupture nette avec les élites occidentales. Dans ce contexte, Poutine lui apparaît comme un allié naturel ».
Sources
- Ceasefire Negotiations, ExtremeScan, 2 mars 2025.
- « Kremlin Says U.S. Foreign Policy Shift Aligns With Its Own Vision », The Moscow Times, 2 mars 2025.