Hier, dimanche 4 mai, le candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle roumaine, George Simion (AUR/CRE), est arrivé en tête du premier tour avec près de 41 % des suffrages exprimés. Il fera face au second tour, prévu le 18 mai, au maire de Bucarest et candidat indépendant Nicușor Dan (21 % des voix).
Parmi les tendances les plus marquantes du scrutin, la dynamique du vote de la diaspora — historiquement un facteur clef dans les élections présidentielles roumaines — a changé de manière significative.
- La diaspora roumaine rassemble plus de cinq millions de personnes, dont près d’un million ont déposé un bulletin hier.
- Le candidat de l’Alliance pour l’unité des Roumains a obtenu le vote de 61 % des électeurs roumains vivant à l’étranger.
- Dan a quant à lui reçu 25,4 % des voix, et le candidat de la coalition au gouvernement (socialistes, libéraux et Union démocrate magyare de Roumanie – PNL/PPE, PSD/S&D, UDMR/PPE), Crin Antonescu, 6,7 %.
- Il s’agit d’un changement important par rapport aux scrutins présidentiels précédents, où la diaspora a toujours favorisé les candidats du centre droit, plutôt pro-européens, jouant ainsi un rôle clef dans le renversement de la tendance électorale au deuxième tour. Cela a notamment été le cas lors de l’élection présidentielle de 2009, lorsque la présence massive aux urnes et un vote majoritairement en faveur de Traian Basescu à l’étranger avaient permis à ce dernier de l’emporter avec environ 70 000 voix d’avance sur son adversaire Mircea Geoana (PSD).
- En 2014, lors du deuxième tour opposant Victor Ponta (PSD) et Klaus Iohannis (PNL), c’est la forte mobilisation des électeurs – une croissance de la participation de 10 points entre les deux tours – et une présence record à l’étranger qui ont permis au candidat libéral de remporter le scrutin, malgré un retard d’un million de voix sur Ponta au premier tour.
C’est en Europe occidentale et en Scandinavie que le candidat d’extrême droite a réalisé hier ses meilleurs scores : il a obtenu 74,3 % des voix en Allemagne, 73,7 % en Italie et 73,6 % en Espagne, 57,7 % en Islande et 54,4 % en Norvège. Dan est quant à lui arrivé en tête du premier tour en Asie et dans la majeure partie des pays américains (à l’exception du Brésil) et africains (en Éthiopie et au Zimbabwe, il est à égalité avec Antonescu). En Europe, le candidat indépendant est arrivé premier dans les trois États baltes, en Europe centrale ainsi que dans les Balkans et en Moldavie (où Simion est interdit d’entrée à cause de ses propos irrédentistes).
Il semble que le narratif de victimisation mis en place par Simion à destination de la diaspora roumaine ait contribué à son succès dans l’ouest et le nord de l’Europe. Le 23 mai 2024, lors d’un meeting à Piatra Neamț, le candidat d’extrême droite avait prononcé un discours enflammé contre la domination étrangère et comparé la Roumanie à une colonie exploitée par les puissances d’Europe occidentale — en particulier la France.
- Dans son programme, Simion affirmait vouloir protéger les droits des Roumains, qu’il estime traités comme inférieurs au sein de l’Union : « Nous mettrons en œuvre des mesures pour que l’État roumain puisse offrir une assistance juridique à tout citoyen roumain confronté à des violations de son statut de citoyen égal dans l’Union européenne ».