Écoutez ce que votre peuple vous dit. Édicté à Munich le 14 février dans un contexte de manipulation massive des opinions, et face à un parterre européen médusé, le renversement dialectique de J.D. Vance signe une éclatante victoire révisionniste dans la Guerre de l’information. Une guerre de l’information, comme la définit David Colon 1, qui n’a « ni début, ni fin, brouille les distinctions traditionnelles entre l’état de guerre et l’état de paix, entre ce qui est officiel et ce qui est secret, entre opérations étatiques et non étatiques (…) annihilant toute distinction entre le front et l’arrière », et qui « consiste essentiellement à organiser des campagnes de propagande et de manipulation dans un cadre international pour influencer l’opinion publique dans d’autres pays ». Le monde académique, les institutions, les médias, ont dûment enquêté depuis plusieurs années sur cette guerre ancienne au visage neuf ; des agences nouvelles ont été mises sur pied pour y faire face dans chaque pays et sur chaque terrain d’engagement, souvent avec succès. Nous avions tout pour éviter « l’étrange défaite » qui frappe d’interdit les opinions européennes, bataille après bataille. À la manière de la Seigneurie d’Orsenna du Rivage des Syrtes, l’Europe s’est pourtant murée dans ses pierres inertes — « et de quoi peut encore se réjouir une pierre inerte, si ce n’est de redevenir le lit d’un torrent ? » 2.
Quelque chose a manqué, et ce ne sont ni les diagnostics de chercheurs ni les éclairs spectaculaires de l’actualité aussitôt oubliés ; il a manqué quelque chose de l’ordre de la mise en mouvement. Comme une « sidération » au sens psychologique : incapacité à organiser sa propre survie. C’est pour déclencher cette mise en mouvement — mobilisation — dans la guerre informationnelle que nous, professionnels de l’opinion, du numérique et de la communication, partageons ici des hypothèses, une proposition de méthode, ce que Bruno Latour aurait appelé une orientation.
Observations liminaires
Le premier constat, insuffisamment partagé, est le caractère non linéaire de la guerre actuelle : ni front, ni frontière. Les tranchées du Donbass sont traversées de part en part par la guerre informationnelle. De cette évidence, chacun est pénétré. Et pourtant, observateurs ou analystes, nous avons intuitivement tendance à reconstituer mentalement une ligne de front, déterminant une carte d’état-major erronée. De là nos approches successives dans la guerre de l’information : « debunkage » et vérification des faits ; changement de réseaux de communication, délégation du problème aux autorités compétentes. Autant de tentatives d’endiguement qui non seulement ont échoué à faire pièce aux campagnes adverses, mais les ont parfois renforcées 3.
Une ligne de front « socio-démographique » ?
Prenons la manifestation la plus évidente de la guerre de l’information, sa bataille la plus commentée : la « désinformation ».
Si 60 % des Français « doutent de la capacité de leurs concitoyens à distinguer les vraies et les fausses informations sur les réseaux sociaux », 78 % estiment en être personnellement capables 4. Le contraste a été commenté comme une forme de mise à distance sociale : ce serait d’abord l’affaire des autres, et en particulier de catégories de français jugées moins instruites ou moins informées ; cette grille de lecture est confortée par la vision condescendante à l’égard, par exemple, de l’électorat américain et de son rapport aux fake news. Il y a pourtant dans ce chiffre de 78 %, étayé par d’autres enquêtes 5 la démonstration que les Français sont, de fait, bien plus armés qu’on ne le pense pour faire face au phénomène. À l’inverse, la lecture en surplomb des décideurs sur les incohérences de leurs compatriotes tend à faire oublier qu’ils sont eux-mêmes poreux à la désinformation — quand ils n’en sont pas émetteurs, ce dont témoignent nombre de campagnes électorales. La « condescendance » de cette lecture, partant du principe que « ceux qui savent » seraient à l’abri des manipulations, est en réalité une formidable illustration des manipulations à l’œuvre : à trop penser la désinformation comme l’initiative d’entités malignes en direction de publics crédules, on en oublie la fécondité des esprits « sûrs de leur fait » dans la propagation des manipulations. Condescendance qui est l’illustration de nos biais cognitifs — biais de confirmation, biais d’autorité ici… Mais les biais cognitifs n’ont pas de catégorie socio-professionnelle.
Les biais cognitifs n’ont pas de CSP
Pour le dire avec plus de rigueur : les conditions sociales et économiques ne neutralisent pas les biais cognitifs inhérents à l’esprit humain, plus ou moins exprimés dans nos histoires individuelles. La nature exacte de la « désinformation » et plus largement des manipulations de l’opinion, n’est en effet pas tant un travail de conviction, ciblant nos crédulités et ignorances, qu’un travail de mise sous tension. Altérer la perception des faits, saturer notre capacité d’attention, nous faire douter de tout, ne plus raisonner sous l’effet de l’indignation, de la colère, de la peur, de l’espoir — ou raisonner dans un cadrage erroné. Tout ceci a été documenté et l’est encore 6. Ce qui importe ici, comme prémisse d’une méthode de mobilisation, est de retenir l’indistinction sociale du conflit, et le danger d’une lecture « en surplomb » qui confinerait au déni.
Les conditions sociales et économiques ne neutralisent pas les biais cognitifs inhérents à l’esprit humain, plus ou moins exprimés dans nos histoires individuelles.
Xavier Bouvet, Emmanuel Rivière et Benoît Thieulin
La « complosphère » n’est pas contenue
La même approche limitative et linéaire est à l’œuvre dans les mots employés pour qualifier les vecteurs de la guerre informationnelle : « complosphère », « fachosphère », autant de concepts plus ou moins opérant il y a quinze ans pour qualifier un web social structuré par les liens hypertextes entre espaces indexés mais autonomes (blogs, forums, etc.) mais devenus évanescents à l’ère des algorithmes de recommandation. Les principaux réseaux (X, Facebook, TikTok, Instagram) poussent les contenus aux utilisateurs sur la base d’intérêts perçus (visionnage et revisionnage, hashtags utilisés et consultés, interactions), mais aussi de tendances collectives, et naturellement d’achat d’espaces ; le contenu « manipulant » n’est donc en aucun cas circonscrit à tel ou tel espace, mais largement vaporisé. Il n’y a plus de « complosphère » depuis longtemps : il n’existe plus que des « propagations » pour reprendre le terme de Dominique Boullier 7. C’est d’ailleurs en partant de ce constat que plusieurs acteurs tentent actuellement de substituer aux réseaux mentionnés d’autres supports d’échanges en ligne, préservées des logiques économiques et politiques qui ont conduit à la situation actuelle 8.
Les utilisateurs ne sont pas les individus
Ajoutons que nombre de lectures actuelles du web social confondent toujours utilisateurs et individus : les individus seraient toxiques et/ou intoxiqués, à partir du moment où l’un de leurs comptes serait jugé toxique et/ou intoxiqué. Nous savons bien que deux millions de visionnages du documentaire Hold-Up sur la pandémie de coronavirus ne font pas deux millions d’individus véhiculant l’idée d’un complot mondial pour l’élimination de la moitié de l’humanité ; mais nous continuons de lire des équivalences entre un million d’abonnés à un compte X et un million de personnes. Au-delà des techniques éculées d’achats de bots ou du recours plus pernicieux à l’astroturfing — travestissement d’une manipulation par bots en phénomène organique —, les capacités de l’IA générative permettent désormais de multiplier à grande échelle des utilisateurs artificiels dotés d’une photo de profil convaincante, d’une biographie réaliste, publiant des messages cohérents dans une langue diversifiée et maîtrisée. Il existe donc une infinité d’utilisateurs crédibles et actifs sans aucun individu aux manettes. Par ailleurs, les manipulations de l’algorithme de recommandation devraient nous mettre en garde contre l’application des critères quantitatifs de l’influence : on ne sait plus prédire avec assurance le reach effectif d’un utilisateur, et encore moins la nature des publics touchés par cet utilisateur. Le troisième élément battant en brèche toute lecture essentiellement quantitative du web social est aussi le plus important : un utilisateur, même authentique, ne résume pas un individu. Souvenons-nous des identités de Dominique Cardon 9 : l’identité virtuelle est distincte de notre identité narrative — celle de l’intime, de nos représentations de nous-mêmes et du monde —, ou plutôt en exploite les différentes potentialités. Mettons l’affaire au pluriel, car nous n’avons même pas une identité virtuelle unique et cohérente : je ne suis pas le même sur X, Tinder ou Facebook, je ne m’y exprime pas de la même manière, parce que je n’y cherche pas la même chose. Les individus expriment sur chaque plateforme différentes facettes de leur identité narrative, parfois encouragés par le pseudonymat, et très souvent par les codes et systèmes de récompense propres à chaque plateforme : Linkedin ne valorise pas les mêmes attitudes que WhatsApp.
Les capacités de l’IA générative permettent désormais de multiplier à grande échelle des utilisateurs artificiels dotés d’une photo de profil convaincante, d’une biographie réaliste, publiant des messages cohérents dans une langue diversifiée et maîtrisée.
Xavier Bouvet, Emmanuel Rivière et Benoît Thieulin
Un même individu peut donc parfaitement être poreux à la manipulation de l’opinion dans un domaine spécifique — voire agent de désinformation si certaines conditions sont réunies, comme un sujet donné et une plateforme valorisant l’outrance — tout en étant rempart aux manipulations sur un autre domaine, là où son identité narrative s’exprime différemment. Nous faisons le pari que ce même individu, dont certains comptes utilisateurs laissent circuler de la désinformation, peut être une ressource pour les démocraties en proie à la guerre informationnelle, dès lors que nous savons mobiliser son « identité narrative » et son système de valeurs.
La ligne de front passe par nos imaginaires
De fait, nos identités narratives ou systèmes de valeurs apparaissent comme la donnée la plus opérante pour cerner nos vulnérabilités et nos positions dans cette guerre de l’information. C’est le postulat de Cluster 17, dont la spécificité dans le champ des enquêtes d’opinion est de travailler plus particulièrement les systèmes de valeurs des Français, qui ne sont que la traduction collective de récits singuliers, ordonnés autour de grands axes stables dans le temps — identitaire et culturel, radicalité vs. stabilité, économique et social — et rendant compte des attitudes et des perceptions des individus — des systèmes de valeur du reste prédictifs dans notre usage des réseaux 10. Cette clef explicative par les grands récits se retrouve encore dans une récente étude de la Fondation Descartes, mettant en évidence une sensibilité politique aux différents narratifs étrangers, mais également une forte corrélation entre sensibilité aux différents récits :
L’attitude des Français à l’égard des huit récits que nous avons testés se structure autour de deux groupes de récits. En effet, les sensibilités aux récits russe, du Hamas, malien et chinois sont positivement corrélées entre elles, tandis qu’elles le sont négativement avec les sensibilités aux récits ukrainien, israélien, français et taïwanais. De même, les sensibilités à ces derniers récits sont positivement corrélées entre elles, et négativement avec les sensibilités aux récits précédents. En d’autres termes, cela signifie que plus les Français interrogés se montrent sensibles au récit russe, par exemple, plus ils ont tendance à l’être également aux récits du Hamas, malien et chinois, et moins ils ont tendance à l’être aux récits ukrainien, israélien, français et taïwanais. 11
Derrière cette trame narrative, se jouent les grandes représentations collectives dont nous héritons. Ainsi du rapport au conflit en Ukraine, et du soutien à la nation agressée, telle qu’elle apparaît dans les études d’opinion : « si l’on croise la question de principe de ce soutien avec une autre question structurante, l’image de l’Union européenne, il apparaît qu’il y a un lien beaucoup plus fort entre la perception de l’enjeu ukrainien et le rapport à l’Europe qu’il n’y en a avec la situation économique du répondant et son exposition à l’inflation [souvent présentée comme le facteur principal de fragilisation du soutien à l’Ukraine]. Autrement dit, plus on a une image positive de l’Union, plus on approuve le principe de l’aide à l’Ukraine, et inversement (…) Là où elle s’exprime, la prise de distance avec les positions adoptées par l’Union sur la guerre en Ukraine semble plus structurelle que conjoncturelle, et fortement enracinée dans des représentations historiques » 12.
Par-delà nos déterminants socio-démographiques, et parfois même en contradiction frontale avec nos intérêts catégoriels, nous sommes structurés par les récits qui nous habitent. Cette approche ou « tournant narratif » (narrative turn) est à l’œuvre dans l’étude des relations internationales depuis vingt ans. On se souvient également de Storytelling, de Christian Salmon (2007), ciblant plus particulièrement le marketing et la vie politique. En Histoire, Johann Chapoutot y a consacré un travail lumineux, Le Grand récit, « éclairant la façon dont nous habitons le temps en tentant de lui donner sens ».
Nous orienter dans un monde irrationnel — un détour latourien
Un détour conceptuel s’impose, car le plus éminent des philosophes français du XXIe siècle nous a précisément aidé à penser ce basculement vers la guerre des imaginaires et des narratifs, mobilisant les histoires en nous plutôt que des intérêts socio-économiques. Bruno Latour 13 soucieux de comprendre un autre empêchement — celui dont nous sommes frappés face à la crise environnementale — s’intéressait à l’épuisement de la « rationalité ». Il écrivait ceci en 2017, en l’an I de la première présidence Trump, et cela reste valable en l’an I de la seconde présidence :
Comment appeler rationaliste un idéal de civilisation coupable d’une erreur de prévision si magistrale qu’elle interdit à des parents de céder un monde habitable à leurs enfants ? Pas étonnant que le mot rationalité soit devenu quelque peu effrayant.
Avant d’accuser les personnes ordinaires de n’attacher aucune valeur aux faits dont les gens dits rationnels veulent les convaincre, souvenons-nous que, s’ils ont perdu tout sens commun, c’est qu’ils ont été magistralement trahis. 14
Au discours rationaliste (hors-sol) d’une « classe dominante », discours frappé d’obsolescence, nous devons substituer une autre histoire, écrivait Latour, raconter d’autres attachements pour nous orienter, et littéralement « atterrir ». Nous revenons par cette formule à notre enjeu d’orientation et de mobilisation dans la guerre de l’information, dont les contours évanescents empruntent à la crise environnementale. Mais là où Bruno Latour misait sur l’émergence d’une classe pivot écologique, capable de porter ce nouveau récit « terrien », c’est aujourd’hui l’exact inverse qui se produit : le discours « irrationnel » et « hors sol » semble l’emporter (et nous emporter), vers le cloud plutôt que vers le sol terrien.
Il s’agit de reconnaître — au sens militaire du terme — les développements « irrationnels » de cette guerre totale, la géographie de la guerre des imaginaires et la menace de transe qui pointe à l’horizon.
Xavier Bouvet, Emmanuel Rivière et Benoît Thieulin
Transe et hypnose : deux écueils
La victoire de ce « narratif » irrationnel est appelée « hypnocratie » par Jianwei Xun, philosophe hongkongais qui a développé sa théorie dans ces pages.
Alors que la plupart des analystes se concentrent encore sur des phénomènes tels que les « fake news » ou la « post-vérité », à Washington nous assistons à une transformation bien plus profonde : l’émergence d’un système où le contrôle s’exerce non pas en réprimant la vérité, mais en multipliant les récits au point que tout point fixe devient impossible. (…) La question qui se pose n’est pas de savoir comment résister à ce système, mais comment développer des formes de lucidité au sein de la transe collective. 15
Transe. Tel était le terme exact employé par Marc Bloch pour décrire la mise en mouvement des « masses fascistes » :
L’hitlérisme refuse à ses foules tout accès au vrai. Il remplace la persuasion par la suggestion émotive (…). Pour nous, il nous faut choisir : ou faire, à notre tour, de notre peuple un clavier qui vibre, aveuglément, au magnétisme de quelques chefs (mais lesquels ? ceux de l’heure présente manquent d’ondes) ; ou le former à être le collaborateur conscient des représentants qu’il s’est lui-même donnés. Dans le stade actuel de nos civilisations, ce dilemme ne souffre plus de moyen terme… La masse n’obéit plus. Elle suit, parce qu’on l’a mise en transe, ou parce qu’elle sait. 16
Ce détour par Latour, Jianwei Xun, et Marc Bloch, n’est pas si baroque. Il s’agit de reconnaître — au sens militaire du terme — les développements « irrationnels » de cette guerre totale, la géographie de la guerre des imaginaires et la menace de transe qui pointe à l’horizon. Il est temps de nous en extraire, et d’emprunter, à Latour encore, son manuel de survie : la cartographie.
Propositions
Une nouvelle carte d’État-major
Il nous faut à nouveau cartographier, car seule la cartographie dépasse les hiérarchies sociales pour rendre compte des dynamiques à l’œuvre et de la complexité des interactions en cours. Cette nouvelle carte d’État-major ne porte pas tant sur le « front » labile et évanescent de la guerre de l’information que sur les arrières : nos imaginaires. Ce qui travaille réellement les publics concernés, les récits et leurs déclinaisons narratives à l’œuvre, la porosité des différents publics, et, ensuite seulement, la position des différents acteurs communicants et leur dispositif. La méthode n’est pas neuve, il s’agit de la réactiver en l’adaptant à la guerre des imaginaires : dépasser « l’infrastructure » — le cyber, les réseaux — pour descendre à ce qui serait la superstructure immatérielle des sociétés.
Avec d’autant plus d’assurance que la plupart des récits en circulation se construisent comme autant de « séries » autour de socles archétypaux, eux-mêmes moulés autour de nos biais cognitifs. Cette sérialité de la désinformation, pour reprendre la formule de Paul Charon, directeur du domaine Renseignement, anticipation et stratégies d’influence de l’IRSEM, est en cours d’exploration par la recherche :
Loin de se réduire à une simple juxtaposition d’informations erronées ou altérées, la désinformation repose également sur de véritables mises en récit qui configurent des événements, des acteurs et des enjeux dans une structure à la fois cognitive, affective et normative. Surtout, ces narrations fallacieuses ne fonctionnent jamais de manière isolée, mais s’agencent en « constellations », en échos, en séries : chaque « épisode » désinformateur fait sens en regard d’un répertoire partagé de figures imposées et de leitmotivs narratifs. (…) Notre hypothèse est que la désinformation obéit aux mêmes logiques que les fictions populaires sérialisées : elle déploie des dispositifs d’architextualité, de variations autour de standards, de « formules » sans cesse réitérées ; et elle produit des effets de monde. En ce sens, la désinformation fonctionne comme une véritable « industrie narrative », avec ses codes et ses routines. Décrypter cette « grammaire » sous-jacente de la désinformation, c’est se donner les moyens d’en déconstruire les mécanismes, d’en désamorcer les pièges et, in fine, d’en réduire les effets de croyance. 17
Et Paul Charon d’en décliner trois exemples : les discours complotistes (« peuplés d’actants récurrents : la société secrète omnipotente, le lanceur d’alerte héroïque, etc., et rythmé par des intrigues conventionnelles — le dévoilement d’un grand secret, l’imminence d’une catastrophe, etc. ») ; la propagande géopolitique dans sa variante la plus manichéenne, « dans un imaginaire d’affrontement civilisationnel » ; et enfin la thématique migratoire, « architexte disputé par une pluralité d’acteurs » : mouvements d’extrême droite, extrême gauche mobilisant un « nouvel ordre colonial », ou encore États étrangers instrumentalisant ces peurs.
Notre nouvelle carte d’État-major ne porte pas tant sur le « front » labile et évanescent de la guerre de l’information que sur les arrières : nos imaginaires.
Xavier Bouvet, Emmanuel Rivière et Benoît Thieulin
Faire fleurir les récits existants
Une certitude ressort à la lecture de Paul Charon : l’enjeu n’est pas tant la création ex nihilo de récits mais bel et bien le travail à partir des récits déjà établis, des codes fictionnels déjà installés, cartographiés, pour mieux les employer en direction d’objectifs démocratiques : « face à ce régime retors de fictionnalité, les armes de la critique factuelle sont largement impuissantes. Pour rendre ces récits inopérants, c’est sur le terrain de leur construction narrative qu’il faut se placer. »
La résistance de l’Estonie au feu de la désinformation russe ne s’explique pas seulement par ses dispositifs de sensibilisation (obligatoire dès la seconde) aux médias et à l’influence, ni même par la seule vitalité de son écosystème médiatique. C’est d’abord la puissance d’un récit positif de souveraineté et de résistance, la perception des bénéfices de l’adhésion à l’Union et l’OTAN en 2004, qui désactive le narratif inverse. Or ce récit n’a pas été fabriqué pour la cause : il repose sur des éléments tangibles, une mémoire collective vivace et transmise dans nombre de familles. Au lieu d’enfermer les individus, ce récit sans cesse mis à jour les projette vers l’avenir : tout le développement numérique de l’Estonie peut, en bonne part, s’expliquer par la volonté d’échapper aux contraintes de la géographie. Le manuel du gouvernement estonien sur la conduite à tenir en cas de conflit armé et d’occupation par une puissance étrangère se termine par cette recommandation éloquente :
In order to survive during the occupation period, it is important to know the previous experiences of freedom-fighting and gaining independence and, if necessary, to use them. 18
Partir des récits existants, c’est aussi ancrer toute communication dans une dimension narrative stratégique de long-terme. Et c’est là un autre choix directement inspiré de l’approche de l’assaillant.
La guerre de l’information, telle que théorisée par le Kremlin et ses organisations, n’a précisément de valeur que sur la durée : « c’est par le goutte-à-goutte que l’eau creuse la roche » 19. La fake news n’a aucun intérêt prise isolément. La plupart du temps, sa réfutation analytique reste sans effet. C’est le martèlement, l’altération en profondeur de notre contexte informationnel qui importe.
Face à cette stratégie, notre réponse ne peut que se situer sur le long terme — et ce n’est pas la moindre des difficultés dans une société démocratique par nature « alternante » dans sa gouvernance.
Vers des coalitions d’acteurs
Le choix de « récits existants » de niveau stratégique emporte une autre conséquence : celui des coalitions d’acteurs.
Dans une guerre des imaginaires et une bataille de l’attention ultra-concurrentielle, le cavalier seul de grandes institutions ou grandes entreprises ne suffit plus. La convergence des narratifs proposés est l’étape nécessaire pour asseoir de nouveaux récits mobilisateurs. Assurer au schéma narratif la plus grande surface, aux figures mobilisées la plus grande récurrence, éviter les sous-récits concurrents voire contradictoires — tel est le défi.
La fake news n’a aucun intérêt prise isolément. C’est le martèlement, l’altération en profondeur de notre contexte informationnel qui importe.
Xavier Bouvet, Emmanuel Rivière et Benoît Thieulin
Le cas des industries de défense en est exemplaire : 165 000 salariés français travaillent directement dans ce secteur, de la PME au grand groupe ; dans le même temps, la situation internationale impose le renforcement de nos investissements dans la défense avec des efforts déjà bien engagés mais insuffisants. Car le sujet n’a jamais mobilisé le grand public, qui n’a donc jamais mandaté ses représentants en ce sens, à l’exception de quelques circonscriptions bien précises. Peu d’élus nationaux poussent aujourd’hui publiquement vers cet effort budgétaire-là : la décision tombe d’en haut, fruit de la nécessité, sans élan populaire.
L’industrie de défense reste une affaire de « lobby » là où pourtant la situation devrait avoir recours à un soutien franc et massif. C’est que ce secteur souffre d’un imaginaire tenace, celui des « marchands de canon », « profiteurs de guerre », agissant dans l’ombre pour pousser au conflit vu comme débouché commercial. Ce motif-là imprègne largement nos représentations, stimulées à échéances régulières par les productions hollywoodiennes sur le complexe militaro-industriel américain. En l’espèce, risquons l’hypothèse que l’imaginaire collectif inhibe notre capacité à penser objectivement le développement de ce secteur — et par là notre capacité à faire face aux nouvelles menaces. Ni Nexter, ni Dassault, ni Naval Group ne peuvent isolément renverser un narratif si puissamment ancré : c’est par coalition, c’est-à-dire une communication coordonnée et complémentaire, que peut se transformer un imaginaire donné.
Du « web social » à l’affrontement technoféodal
Nous sortons d’une décennie marquée par un investissement important dans le social listening, construit autour d’un postulat, notre capacité à distinguer des éléments représentatifs de l’opinion ou d’un public dans son expression en ligne, et, idéalement, dessiner un imaginaire à partir du web social. Cette approche a longtemps disposé d’une certaine validité. Jusqu’à la fin des années 2010, la donnée sociale extraite des conversations spontanées en ligne — sur les réseaux, les blogs, les forums — pouvait prétendre à une certaine signification, par la suite mesurable ou objectivable par enquête d’opinion.
Cette approche a vécu, sous l’effet de plusieurs transformations brutales du web social. En premier lieu, la substitution des mécanismes « sociaux » de recommandation et de navigation — liens hypertextes, contacts personnels, etc. — par des mécanismes de recommandation algorithmique. Pour le dire autrement, l’effet de la monétisation des contenus. Nous voyons et interagissons avec ce que le réseau lui-même, de manière autonome, analyse comme le plus propice à l’engagement. De là, la sollicitation à l’excès de nos biais cognitifs (émotionnels), l’invasion de contenus tiers, courts, addictifs. Les agoras ou nouvelles Athènes un temps fantasmées au mitan des années 2000 (et dont une partie des auteurs de ce texte a été partie prenante) ont fait place à des environnements ultra-concurrentiels, paysage « techno-féodal » où l’utilisateur est serf fournisseur d’attention aux suzerains (GAFAM) et à leurs vassaux (influenceurs, filières de dropshipping, etc.) 20. De là un extraordinaire appauvrissement de la matière sociale récoltée en ligne, et l’exode des individus vers des îlots d’interaction encore « sécurisés » car non-indexés (boucles de messagerie), ultra-spécialisés, ou optant tout simplement pour des interactions basées exclusivement sur l’abonnement 21. Le web social, loin d’être devenu le lieu d’observation d’une opinion publique spontanée, s’est transformé en forêt sombre :
Voici ce qu’Internet est en train de devenir : une forêt sombre. En réponse aux publicités, au pistage, au trolling, au battage médiatique et à d’autres comportements prédateurs, nous nous retirons dans nos forêts sombres sur Internet pour nous éloigner du mainstream. Internet, aujourd’hui, est un champ de bataille. L’idéalisme du web des années 1990 a disparu. L’utopie du web 2.0 — où nous vivions tous dans des bulles de bonheur au filtre rond — a pris fin avec l’élection présidentielle de 2016, lorsque nous avons appris que les outils que nous pensions n’être que source de vie pouvaient aussi être utilisés comme des armes. Les espaces publics et semi-publics que nous avons créés pour développer nos identités, cultiver des communautés et acquérir des connaissances ont été pris d’assaut par des forces qui les utilisent pour acquérir des pouvoirs de diverses natures (marché, politique, social, etc.). Telle est l’atmosphère qui règne aujourd’hui sur le web : une compétition acharnée pour le pouvoir. Au fur et à mesure que cette compétition a gagné en ampleur et en férocité, une part croissante de la population s’est réfugiée dans ses forêts obscures pour éviter la mêlée. 22
Cette « forêt sombre » ne peut plus être un point de départ dans l’analyse de l’opinion mais bel et bien, presque exclusivement, le lieu de l’engagement au sens militaire. C’est le territoire de la traque de données sociales ouvertes (OSINT) constituant indices (insights) et indicateurs d’engagement que le social listening restitue, mais en aucun cas le lieu de compréhension d’un imaginaire citoyen plongé en état de guerre informationnelle.
Revenir aux outils « analogiques » : l’exploration de l’opinion par les individus
Il a été rapporté que les armées et services de renseignement maintiennent des savoir-faire anciens à l’heure de la guerre dronifiée et de la cyberdéfense.
Le FSB aurait fait l’acquisition de machines à écrire en 2013, pour la transcription d’information sans risque de piratage.
Une unité de colombophilie militaire existe toujours au Mont-Valérien.
Les deux exemples ont été montés en épingle, notamment l’exemple français — l’armée ne s’en remettant évidemment pas aux pigeons voyageurs, même en mode dégradé — mais disent quelque chose des vertus de l’analogique en temps de guerre électronique. Il en va de même dans notre tentative de mobilisation des imaginaires. Notre proposition est de partir impérativement des individus (et non des utilisateurs), en nous appuyant sur des méthodologies éprouvées — sondagières, seules à même de garantir la représentativité, ou par protocole d’enquête qualitative de type focus group — pour, ensuite, investiguer les comportements et les interactions en ligne ; avant de faire retour dans une démarche dialectique.
À la vision de l’IA comme « fabrique de l’artificialité » répond aussi ce qui sauve : l’usage de l’IA pour gagner un temps considérable dans la mobilisation éthique des imaginaires.
Xavier Bouvet, Emmanuel Rivière et Benoît Thieulin
Cette proposition ne va pas de soi tant nous avons, par facilité ou conviction, travaillé essentiellement dans le sens inverse depuis dix ans. En outre, à la différence des pigeons voyageurs, nous pouvons aujourd’hui nous appuyer sur les ressources de l’IA pour concevoir de nouveaux protocoles à même d’explorer, au-delà du constat, les mécanismes à l’œuvre autour de la guerre informationnelle, les pratiques de recherche et de diffusion de l’information qui en découlent. Face à l’infinité des déclinaisons narratives possibles d’un même récit, l’IA permet ainsi de traiter, trier, proposer avec une puissance incomparable. David Colon attire notre attention dans la Revue de la Défense nationale sur cette innovation méthodologique :
Des chercheurs ont testé avec succès à l’été 2024 le Prebunking assisté par IA générative pour réduire la croyance dans des fausses informations relatives aux élections et augmenter la confiance des électeurs dans l’intégrité du vote. Trois autres chercheurs ont recouru avec succès à des dialogues avec un modèle d’IA générative pour réduire d’environ 20 % sur une durée de deux mois les croyances conspirationnistes. Enfin, l’IA générative a été mise à profit pour identifier dans de vastes données comportementales d’utilisateurs de X-Twitter les facteurs psychologiques associés aux croyances dans les théories du complot. 23
L’IA nous confère des moyens sains et inédits pour identifier les séquences narratives les plus fécondes, et comprendre les mécanismes de résistance chez les individus les mieux armés. À la vision de l’IA comme « fabrique de l’artificialité », répond aussi ce qui sauve : l’usage de l’IA pour gagner un temps considérable dans la mobilisation éthique des imaginaires.
Les minuscules « doses d’arsenic » de l’intelligence artificielle générative — et ses ressources
Une dernière approche « analogique » à adopter sera le retravail des corpus sémantiques des grands modèles de langage alimentant l’IA générative. Cet angle, soulevé à juste titre par Dominique Boullier, rappelle les enseignements de Victor Klemperer 24 :
Les mots peuvent être comme de minuscules doses d’arsenic : on les avale sans y prendre garde, ils semblent ne faire aucun effet, et voilà qu’après quelque temps l’effet toxique se fait sentir. Si quelqu’un, au lieu d’« héroïque et vertueux », dit pendant assez longtemps « fanatique », il finira par croire vraiment qu’un fanatique est un héros vertueux et que, sans fanatisme, on ne peut pas être un héros. Les vocables « fanatique » et « fanatisme » n’ont pas été inventés par le Troisième Reich, il n’a fait qu’en modifier la valeur et les a employés plus fréquemment en un jour que d’autres époques en des années.
Dès le propos de Klemperer, le lien entre « statistique » et pensée est établi, et sa phrase s’applique merveilleusement bien au processus d’un grand modèle de langage : si l’IA s’entraine assez longtemps sur « fanatique », au lieu d’« héroïque et vertueux », l’outil conversationnel finira par proposer fanatique pour héros vertueux suggérant que « sans fanatisme, on ne peut pas être un héros » pour reprendre Klemperer. Aucune mobilisation des imaginaires ne peut aujourd’hui s’exonérer de l’examen approfondi des grands modèles de langage, ni ignorer la nature de la langue employée.
Faire confiance
Tout cela est déjà mis en œuvre.
Depuis Moscou, ou avec Moscou, des forces politiques hostiles aux consensus démocratiques établis depuis sept décennies ont largement dépassé le stade des ingérences et des manipulations de l’opinion, pour penser leur action sur le temps long, exploiter un web techno-féodal, arsenaliser les narratifs en circulation, altérer la langue, et mobiliser des imaginaires légitimant leur discours.
Écoutez ce que votre peuple vous dit — vient alors nous répéter à Munich le vice-président américain.
Est-ce pour cela que les démocraties européennes, et leurs acteurs publics ou privés, restent pétrifiées et désarmées ? Parce qu’il s’agit des armes de l’adversaire ? Nous pensons, par le chemin proposé ici en transparence, que les vecteurs empruntés par les adversaires de nos démocraties donnent au contraire de formidables clefs de compréhension et d’action : partir impérativement des individus plutôt que des utilisateurs ; repenser l’engagement stratégique par coalition d’acteurs, plutôt que par campagne marketing (ou électorale) de court-terme ; refuser de laisser le débat public dans les rets des réseaux sociaux, lieu de la confrontation ; ne pas abandonner la langue aux grands modèles de langage ; mobiliser les imaginaires par des histoires, certes mais des histoires qui élèvent : Marc Bloch dénonce la « transe » fasciste, mais « vibre au souvenir du sacre de Reims » ; et « [lit avec] émotion le récit de la fête de la Fédération ». La mobilisation générale est affaire d’imaginaires et d’affects plutôt que d’intérêts catégoriels. Sortons la démocratie en état de siège, du discours transactionnel et déceptif dans laquelle nous l’avons laissée s’abîmer ces dernières décennies.
Marc Bloch, encore, implorait nos générations « d’éviter la sécheresse des régimes qui, par rancune ou orgueil, prétendent dominer les foules, sans les instruire ni communier avec elles. Notre peuple mérite qu’on se fie à lui et qu’on le mette dans la confidence ».
La mobilisation générale est affaire d’imaginaires et d’affects plutôt que d’intérêts catégoriels. Sortons la démocratie en état de siège, du discours transactionnel et déceptif dans laquelle nous l’avons laissée s’abîmer ces dernières décennies.
Xavier Bouvet, Emmanuel Rivière et Benoît Thieulin
Le propos de Bloch n’a rien à voir avec l’injonction de Vance (Écoutez ce que votre peuple vous dit) : il y a entre les deux formules toute la différence entre l’appel démocratique au partage et à la confiance réciproque, et la vision populiste d’un bon sens populaire immanent nécessairement incarné par ses représentants.
Il est possible de mobiliser un imaginaire démocratique, de « lever en masse » à la condition de garder la confiance pour principe directeur : appui sur les individus citoyens plutôt que les utilisateurs virtuels, appel aux systèmes de valeurs, construction en transparence de récits positifs, adoption d’outils open source, préservation d’une langue organique, etc. C’est ici que le fer de la guerre de l’information a le plus porté, c’est donc ici que la prochaine bataille doit être menée, dans un objectif devenu clair : sauver nos démocraties.
Sources
- David Colon, La guerre de l’information, Tallandier, 2023.
- Julien Gracq, Le rivage des syrtes, José Corti, 1951.
- Guillaume Caline, Laurence Vardaxoglou, Regard des Français sur la lutte contre la désinformation, Fondation Jean-Jaurès, novembre 2024.
- Axa future risk Report, 2024.
- Les Français sont dans leur grande majorité soucieux d’une information sourcée (Ifop/Reboot, réveiller l’Esprit critique, Fondation Jean-Jaurès, janvier 2023), s’informent encore largement par les médias dits traditionnels (Arcom 2024, Les Français et l’Information) dans un contexte de conscience du danger et d’exposition perçue à la désinformation (Flash Eurobaromètre 528 et 522, Citoyenneté et démocratie).
- Exploitation of psychological processes in information influence operations, Insights from cognitive science (2024). Grahn, H., & Pamment, J. (2024)
- Dominique Boullier, Propagations, Armand Colin, 2023.
- Hubert Guillaud, Avons-nous besoin d’un nouveau Twitter ?, février 2025, ou Julien Falgas, X, Facebook et Instagram menacent nos écosystèmes d’information : quelles alternatives ?, janvier 2025.
- Dominique Cardon, Sociogeek, identité numérique et réseaux sociaux, La fabrique des possibles 2009.
- Seul Facebook rassemble une large majorité de Français déclarant y avoir un compte. Pour les autres plateformes, le taux d’inscription va de 18 % (Snapchat) à 53 % (Instagram). Et être inscrit ne signifie pas être actif. Pour ne prendre que l’exemple de X/Twitter, le réseau compte 36 % d’inscrits déclarés, mais seulement 24 % indiquant avoir, même rarement, interagi avec un contenu, et 19 % y avoir publié. En outre, les analyses de Cluster 17 montrent que les usages de X sont très inégalement répartis selon les systèmes de valeur des individus.
- Laurent Cordonnier, Pénétration en France des récits étrangers contemporains, Fondation Descartes, novembre 2024.
- Emmanuel Rivière, Comment le soutien à l’Ukraine façonne les opinions publiques européennes, le Grand Continent, juin 2023.
- Décédé en 2022, année charnière où les événements se précipitent jusqu’à la déflagration actuelle : invasion de l’Ukraine en février, rachat de Twitter par Musk dès avril, déclaration de candidature de Donald Trump et lancement de ChatGPT par OpenAI en novembre, pour ne citer que quelques dates.
- Bruno Latour, Où atterrir ?, La Découverte, 2017.
- Jianwei Xun, Trump, Musk : l’hypnocratie ou l’empire des fantasmes, janvier 2025.
- Marc Bloch, L’Étrange défaite.
- Paul Charon, Lire la désinformation comme un récit sériel : pour une approche littéraire des manipulations de l’information, Le Rubicon, novembre 2024.
- Code of conduct for international crisis situations : International armed conflicts.
- David Colon, op. cit.
- Cédric Durand, Technoféodalisme, La Découverte, 2020.
- Ronan Le Goff, « Et si Substack était le réseau social que tout le monde cherche ? », Stratégies.
- Yancey Strickler, The Dark Forest Theory of the Internet, mai 2019.
- David Colon, La « défense psychologique » face aux manipulations de l’information, Revue de la Défense Nationale, janvier 2025. Références des études citées : LINEGAR Mitchell, SINCLAIR Betsy, VAN DER LINDEN S. et ALVAREZ R. Michael, « Prebunking Elections Rumors : Artificial Intelligence Assisted Interventions Increase Confidence in American Elections », Preprint, 24 octobre 2024 ; COSTELLO Thomas H., PENNYCOOK Gordon et RAND David G., « Durably Reducing Conspiracy beliefs Through Dialogues with AI », Science, vol 385, n° 6714, 13 septembre 2024. ; KUNST Jonas R., GUNDERSEN Aleksander B., et al., « Leveraging Artificial Intelligence to Identify the Psychological Factors Associated with Conspiracy Theory Beliefs Online », Nature Communications, n° 15, 29 août 2024, 7497 (https://doi.org/10.1038/s41467-024-51740-9).
- Victor Klemperer, LTI. La langue du Troisième Reich, 1947.