Les sociaux-démocrates européens lancent leur campagne et adoptent ce samedi 2 mars leur manifeste en amont des élections européennes du 6-9 juin1.

  • La nomination du luxembourgeois Nicolas Schmit, actuel Commissaire européen à l’emploi et aux droits sociaux, comme Spitzenkandidat doit également être actée à l’occasion du congrès. 
  • Les sondages indiquent que le groupe S&D pourrait remporter 139 sièges, contre 141 actuellement2.

Olaf Scholz et Pedro Sánchez seront présents à Rome alors qu’ils traversent tous deux une période de tensions à l’échelle nationale.

  • Le SPD allemand et le PSOE espagnol disposent à la fois du pouvoir au niveau national — les partis de S&D sont actuellement au gouvernement dans 11 pays sur 27 —  et d’un poids significatif au sein du groupe — avec respectivement 16 et 22 députés. 
  • Mais la coalition d’Olaf Scholz est en proie à de graves difficultés internes — entre crise budgétaire et contestations sociales — et le SPD fait face à une chute de sa popularité dans les sondages, à 15 % contre 26 % lors des dernières élections en 2021.
  • Malgré son succès aux élections anticipées de juillet 2023 et son investiture en novembre, Pedro Sánchez est lui aussi ébranlé par la conjonction entre une affaire de corruption et ses relations avec les indépendantistes catalans à qui il avait promis l’amnistie en échange de leur soutien pour former son gouvernement.
  • Le tribunal constitutionnel espagnol a annoncé ce jeudi, 29 février, l’ouverture d’une enquête pour terrorisme contre leur leader, Carles Puigedemont. Le PSOE a perdu 5 sièges au Parlement de Galice lors des élections régionales du 18 février.

Au Portugal, la démission du Premier ministre António Costa le 7 novembre a ébranlé le parti socialiste. Les prochaines élections législatives auront lieu le 10 mars. 

  • Le scrutin pourrait être marqué par la progression du parti d’extrême-droite Chega (ID). Il est à  17 % d’intention de votes dans les sondages — contre un score de 7 % au dernières élections législatives de janvier 2022. 
  • La démission de Costa sur fond d’affaires de corruption est un moteur pour le parti d’extrême-droite, qui se positionne comme leader de la lutte contre la corruption, appelant à un « grand nettoyage » du Portugal.

La Roumanie et Malte sont les pays où les sociaux-démocrates ont les plus hauts scores dans les sondages, 33 % et 48 % respectivement. Le Premier ministre roumain, Marcel Ciolacu, sera également à Rome.

Alors que l’immigration s’est imposée comme un thème majeur de la campagne dans la majorité des pays européens et que les partis néo-nationalistes progressent, l’adoption d’une ligne plus proche de la droite par une partie croissante des sociaux-démocrates est une tendance notable, qui pourrait cependant faire l’objet de divergences au sein du groupe. 

  • Au Danemark, la Première ministre socialiste Mette Frederiksen, au pouvoir depuis 2019, assume une politique de restrictions de l’immigration, et de l’accès à la nationalité et aux aides sociales pour les non-Danois3.
  • Le chancelier allemand Scholz a également durci sa rhétorique, un tournant visible dans un entretien au Spiegel en octobre dernier où il avait affirmé la nécessité d’« expulser à grande échelle ceux qui n’ont pas le droit de rester en Allemagne ». 

Cette bifurcation au sein de la gauche ne se limite pas aux partis sociaux-démocrates, comme en témoigne en Allemagne le lancement du nouveau parti BSW, par la dissidente du parti Die Linke, Sarah Wagenknecht, qui a adopté une ligne anti-immigration pour se présenter comme une « alternative » à l’AfD aux prochaines élections régionales en Saxe et Thuringe — régions où l’extrême droite avait déjà réalisé ses plus hauts scores lors des dernières élections de 2019, entre 23,4 et 27,5 %. 

Sources
  1. S&D, Communiqué du 28 février 2024.
  2. Politico Polls of Polls.
  3.  Reuters, « Nordic countries to cooperate more on returning migrants to countries of origin », 31 October 2023.