Le taux de fécondité en Corée du Sud, le plus faible au monde, a encore chuté de 8 % l’an dernier, passant de 0,78 à 0,72 enfants par femme. Pour qu’un pays maintienne son niveau de population, le taux de fécondité doit être au minimum de 2,1.

Le phénomène de baisse du taux de fécondité n’est pas propre à la Corée du Sud. C’est néanmoins le pays le plus touché.

  • En 2021, le taux de naissance brut pour 1 000 personnes était de 5,1 en Corée du Sud, selon la Banque mondiale.
  • En l’espace de quelques décennies, celui-ci est ainsi passé en-dessous du niveau du Japon, qui a connu 758 631 naissances l’an dernier — dans un pays qui compte 125 millions d’habitants. L’Allemagne a quant à elle recensé sensiblement le même nombre de naissances que le Japon en 2022, mais ne compte que 83 millions d’habitants.
  • Afin de lutter contre la baisse de leur population, les pays asiatiques investissent massivement dans des politiques publiques visant à encourager les couples à avoir des enfants. En moins de 20 ans, Séoul a dépensé 286 milliards de dollars pour faire face à cette « urgence nationale »1.

Tandis que la population coréenne pourrait diminuer de moitié d’ici 2100 par rapport à son niveau actuel si cette tendance persiste, le pays souffre déjà des conséquences d’un faible taux de fécondité. En raison du vieillissement de la population, les besoins de santé augmentent dans un pays qui ne compte que 2,6 médecins pour 1 000 habitants — soit l’un des taux les plus faibles parmi les pays de l’OCDE.

  • Afin de former plus de médecins, le président coréen Yoon Suk-yeol a dévoilé un plan visant à augmenter le nombre d’étudiants admis dans les écoles de médecine de 2 000 par an, soit une augmentation de 67 %2.
  • Cette annonce a provoqué une vague de contestation parmi les jeunes médecins et internes, dont 9 000 (les trois-quarts des cohortes) ont présenté leur démission la semaine dernière.
  • En réponse, le gouvernement sud-coréen a exigé que ces derniers reprennent le travail d’ici le 29 février sous peine de suspension temporaire de leur licence et d’autres « mesures juridiques »3.

Le faible taux de fécondité place Séoul face à un problème encore plus existentiel à moyen terme : comment maintenir une armée capable de faire face à la menace nord-coréenne si le nombre de naissances continue de baisser ? En 2022, l’armée sud-coréenne est tombée pour la première fois en-dessous de la barre des 500 000 hommes, soit environ 40 % des forces de Pyongyang4.

Sources
  1. Jean Mackenzie, « Why South Korean women aren’t having babies », BBC, 28 février 2024.
  2. Steven Borowiec, « South Korea standoff worsens as doctors defy return-to-work deadline », Nikkei Asia, 29 février 2024.
  3. Hyung-jin Kim, « Seoul gives young doctors 4 days to end walkouts, threatening suspended licenses and prosecutions », Associated Press, 26 février 2024.
  4. Lee Hyo-jin, « Can Korea tackle shrinking military manpower ? », The Korea Times, 27 octobre 2023.