Après presque deux ans d’invasion à grande échelle, le bilan militaire ukrainien en mer Noire a dépassé tous les espoirs permis en février 2022 pour un pays ne disposant pas d’une réelle marine de guerre.

  • Le secrétaire du Conseil de sécurité et de défense ukrainien, Oleksiy Danilov, déclarait fin décembre 2023 que 20 % de la flotte russe de la mer Noire avait été détruite1.
  • Quelques heures auparavant, un missile de croisière ukrainien frappait le navire de débarquement russe Novotcherkassk dans le port de Théodosie.
  • Selon The Economist, c’est presque 30 % de la flotte russe qui aurait été détruite, soit 22 navires sur 80. En prenant en compte les bâtiments endommagés — dont le délai de réparation varie significativement —, ce chiffre monte à 44 %2.

Si l’armée ukrainienne perd des positions sur terre, dans l’est du pays, sa campagne en mer Noire s’est révélée être un succès, à tel point que, selon le président de la Confédération agraire ukrainienne Leonid Kozachenko, les exportations ukrainiennes sont « presque » revenues à leur niveau pré-2022.

De l’aveu même de responsables ukrainiens, Kiev devra néanmoins continuer d’innover pour connaître un succès similaire en mer Noire en 2024.

  • Lors d’un entretien publié le 11 janvier, le commandant de la marine ukrainienne, Oleksiy Neïjpapa, déclarait que : « Certaines de nos astuces et tactiques élaborées en 2022 et 2023 ne fonctionneront pas en 2024. Il faut donc changer de tactique, changer les caractéristiques techniques de tout ce que l’on fait »3.
  • Quelques jours plus tard, celui-ci réitérerait : « L’ennemi s’adapte et nous devons également nous adapter. Une guerre moderne est une guerre de technologies. Celui qui gagnera sur le plan technologique remportera la victoire »4.
  • Ce constat est partagé par plusieurs analystes militaires, dont H.I. Sutton, qui considère que « sans innovation continue du côté ukrainien, la Russie pourrait retrouver sa supériorité en mer Noire »5.

Les drones de surface navals (USV) utilisés par l’armée ukrainienne contre les navires russes en mer Noire et dans les ports de Crimée se sont avérés très destructeurs l’an dernier et en 2022 car Moscou a été assez lent à mettre en place une défense efficace. Cependant, à mesure que l’armée russe s’adapte aux attaques d’USVs — de nouveaux systèmes de défense ont été récemment déployés en Crimée pour protéger la base de Sébastopol6 —, Kiev s’intéresse de plus en plus au développement de nouvelles capacités, notamment des drones sous-marins autonomes7.