Longtemps attendue, préparée en concertation avec des services de renseignement occidentaux — notamment américains — puis reportée à plusieurs reprises, la contre-offensive ukrainienne de l’été 2023 n’a pas donné lieu aux progrès escomptés. Autrefois sceptiques mais déterminés à soutenir la progression ukrainienne, les États-Unis semblent désormais, presque deux ans après le lancement de l’invasion, vouloir seulement « permettre à l’Ukraine de maintenir sa position » sur le front1.

  • Au cours du mois dernier, les forces russes ont pris le contrôle de 187 km² de territoire ukrainien, dont 44 entre le 15 et le 22 janvier.
  • Depuis le début de l’année, les forces ukrainiennes n’ont progressé que de 2,6 km² selon les données compilées par le Belfer Center de l’Université d’Harvard2.
  • L’an dernier, le contrôle territorial n’a pratiquement pas changé en Ukraine, avec une variation proche de 0,00 %.

Faute de moyens humains et matériels suffisants pour prendre l’avantage sur les forces russes, Kiev recule dans l’est du pays.

  • Moscou avance principalement dans les oblasts de Louhansk, Donetsk et Kharkiv.
  • Des images géolocalisées publiées dimanche 28 janvier indiquent une avancée à l’ouest de la ville de Kreminna, en direction de Yampolivka3.
  • La veille, des vidéos indiquaient que les troupes russes progressaient au nord-ouest de Synkivka, à moins de 10 kilomètres de la ville de Koupiansk — recapturée par Kiev en septembre 2022.
  • Des sources russes revendiquent également des progressions autour d’Ivanivske (raïon de Bakhmout), Tabaïvka et Kotlyarova.
  • Il y a une semaine, les forces russes capturaient le village de Krokhmalne, dans l’oblast de Kharkiv — bien que l’armée ukrainienne considère que « les occupants russes le regrettent déjà »4.

Au-delà de l’aide militaire américaine — bloquée aujourd’hui depuis 100 jours par les élus républicains du Congrès depuis la demande de financements supplémentaires par l’administration Biden le 20 octobre —, Kiev fait également face à un besoin de plus en plus pressant de soldats à déployer sur le front pour remplacer les unités épuisées et renforcer certaines zones5. La Bundesheer autrichienne estime quant à elle que Moscou recrute 1 200 hommes chaque jour, soit un nombre suffisant pour couvrir ses pertes6.

Sources
  1. Karen DeYoung, Michael Birnbaum, Isabelle Khurshudyan et Emily Rauhala, « U.S. war plans for Ukraine don’t foresee retaking lost territory », The Washington Post, 26 janvier 2024.
  2. The Russia-Ukraine War Report Card, Jan. 23, 2024, Belfer Center for Science and International Affairs.
  3. Angelica Evans, Christina Harward, Nicole Wolkov, Kateryna Stepanenko et Frederick W. Kagan, Russian Offensive Campaign Assessment, January 28, 2024, Institute for the Study of War.
  4. « Российские оккупанты, вероятно, уже жалеют, что зашли в Крахмальное — ВСУ », Novoe Vremia, 26 janvier 2024.
  5. Constant Méheut et Thomas Gibbons-Neff, « After Two Years of Bloody Fighting, Ukraine Wrestles With Conscription », The New York Times, 28 janvier 2024.
  6. Florian Niederndorfer, « Warum Kiew nun in die Defensive gehen muss », Der Standard, 24 janvier 2024.