L’accord conclu mardi 5 décembre entre le gouvernement au pouvoir en Norvège — Parti travailliste (Ap) et Parti du Centre (Sp) au Storting —, le Parti conservateur Høyre et le Parti du progrès (FrP), devrait ouvrir la voie à des missions d’exploration puis à l’exploitation des fonds marins arctiques situés sur le plateau continental norvégien.

  • En juin, le gouvernement norvégien a soumis un rapport au Storting visant à présenter les potentiels bénéfices liés à l’exploitation des ressources contenues dans les fonds marins1.
  • Celui-ci faisait notamment suite à une étude de janvier 2023 ayant conduit à la découverte d’une quantité « substantielle » de métaux et minéraux dont la demande devrait augmenter au cours des prochaines années en raison des besoins suscités par la transition énergétique2.
  • L’accord devrait faire l’objet d’un vote au Parlement au début du mois de janvier. Celui-ci stipule notamment que les projets d’extraction devront respecter des critères de « sécurité nationale » pour que les permis soient octroyés — ce qui devrait permettre de barrer potentiellement la voie à des entreprises russes ou chinoises3.

La Direction norvégienne du pétrole — l’agence gouvernementale en charge de la réglementation des ressources pétrolières sur le plateau continental norvégien — espère pouvoir extraire de ces fonds marins 185 millions de tonnes de manganèse, 45 millions de tonnes de zinc, 38 millions de tonnes de cuivre, 229 000 tonnes de lithium4

  • La plupart de ces matériaux contenus dans les fonds marins norvégiens figurent sur la liste des « matières premières critiques » identifiées par la Commission européenne pour leur rôle indispensable joué dans la transition énergétique, le numérique, la défense…
  • Aucun pays à ce jour n’a commencé à exploiter les fonds marins pour leurs ressources minières. La Chine a cependant obtenu 30 licences d’exploration qui pourraient lui permettre d’exploiter jusqu’à 238 000 kilomètres carrés de fonds marins internationaux — soit environ la superficie du Royaume-Uni5.

De nombreux scientifiques et ONG considèrent que l’exploitation minière des fonds marins serait une catastrophe environnementale. L’European Academies Science Advisory Council (EASAC) réfute également l’argument selon lequel l’exploitation minière en eaux profondes serait « essentielle pour répondre à la demande de matériaux critiques », et considère que ces besoins « ne justifient pas l’urgence avec laquelle l’exploitation des minéraux en eaux profondes est poursuivie »6.