Au début de l’année 2021, la part de gaz naturel liquéfié (GNL) dans les importations totales de gaz de l’Union européenne était de seulement 7,12 %. Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, celle-ci a plus que triplé et représentait presque 25 % du gaz importé par les États-membres en septembre 2023. 

  • Afin de sécuriser leurs approvisionnements énergétiques depuis l’invasion de l’Ukraine et la baisse des importations en provenance de Russie, les États-membres ont conclu 61 accords énergétiques avec des pays-tiers entre janvier 2022 et août 2023.
  • Bien que tous ne concernent pas des approvisionnements en GNL, on observe une augmentation considérable du nombre d’accords signés par rapport aux années précédentes — notamment avec les États-Unis1.
  • Mercredi 11 octobre, TotalEnergies et Qatar Energy concluaient notamment un accord d’approvisionnement en GNL d’une durée de 27 ans. Il s’agit de la première fois qu’un État européen s’engage à acheter des énergies fossiles au-delà de 2050.

Dans son rapport annuel sur le marché européen du gaz, l’Agence de coopération des régulateurs de l’énergie (ACER) considère que « la principale cause de la flambée des prix du gaz au cours de l’été 2022 a été la baisse de l’approvisionnement en gaz russe par gazoduc, qui a déclenché une concurrence intense sur les prix entre les acheteurs pour obtenir des ressources supplémentaires en gaz »2.

Tandis que le marché global du GNL devrait rester très compétitif au cours des prochaines années, la volatilité du prix du gaz dans l’Union devrait par conséquent « probablement » augmenter.

  • BloombergNEF anticipe que la demande mondiale de GNL devrait augmenter de 3,4 % par an entre 2022 et 2026.
  • Dans le même temps, l’offre devrait « rester limitée » jusqu’en 2026 environ, date d’entrée en fonctionnement de plusieurs projets d’exploitation de gaz3.
  • L’Agence prévient également qu’une augmentation de la volatilité des prix du gaz dans l’Union « pourrait ensuite affecter les prix de l’électricité ».

Malgré une importante baisse du prix du gaz depuis l’hiver 2022, le mégawattheure sur les contrats TTF à un mois demeure 1,45 fois plus élevé par rapport à la moyenne 2017-2021. 

  • L’Agence internationale de l’énergie considère qu’un hiver plus froid associé à un arrêt total des livraisons de gaz russe par gazoduc pourrait « raviver la volatilité des prix et les tensions sur le marché », peu importe le niveau de remplissage des sites de stockage.
  • Pour le moment, ce scénario ne s’est pas matérialisé. Les dernières données du programme européen Copernicus indiquent qu’il y a une probabilité d’au moins 50 % que l’Europe connaisse des températures nettement supérieures aux moyennes au cours de l’hiver4.
  • La guerre de Soukkot pourrait cependant contribuer à la perturbation du marché. Dimanche 29 octobre, l’Égypte — qui exporte du GNL vers les pays de l’Union — a annoncé avoir temporairement mis fin à ses importations de gaz en provenance d’Israël5.

Au 28 octobre, les réserves de gaz des États-membres étaient remplies à 98,87 %, soit un niveau bien supérieur aux 90 % requis d’ici le 1er novembre par le règlement sur le stockage du gaz de juin 2022. Les données de l’AGSI indiquent que la période de stockage n’a jamais été complétée aussi tôt dans l’année depuis au moins 2011, en amont des premiers prélèvements qui devraient venir d’ici les prochaines semaines.

Sources
  1. Edward Donnelly, « LNG fever : European firms sign mega-contracts as US shale gas imports boom  », Investigate Europe, 9 janvier 2023.
  2. European gas market trends and price drivers 2023, ACER, 24 octobre 2023.
  3. Shoko Oda et Grace Huang, « World Lacks Enough LNG for Energy Transition, Key Trader Says », Bloomberg, 16 octobre 2023.
  4. Highlights of the latest seasonal forecasts, Copernicus, 18 octobre 2023.
  5. « Egypt’s natural gas imports drop to zero from 800 mcfd – cabinet », Reuters, 29 octobre 2023.