L’invasion de l’Ukraine par la Russie et ses conséquences sur les approvisionnements énergétiques européens a conduit à une augmentation vertigineuse du prix du gaz, qui s’est répercutée sur le prix de l’électricité. Afin de protéger leurs consommateurs, 646 milliards d’euros ont été alloués et affectés par les États-membres depuis septembre 20211.

Si la volatilité impacte toujours le marché européen, les prix du gaz naturel sont retombés en août à leur niveau le plus bas depuis juillet 2021.

  • Au 29 août, le prix du gaz naturel sur les contrats TTF à un mois est de 36,89 € par mégawattheure, soit 90 % de moins par rapport au sommet de 340 € atteint un an plus tôt.
  • La perspective d’une grève des travailleurs australiens de Chevron — qui opère deux sites de production de gaz naturel liquéfié (GNL) en Australie représentant approximativement 5 % de l’offre mondiale — se traduit toutefois par une importante volatilité des prix en raison de son potentiel de perturbation sur l’équilibre entre l’offre et la demande de GNL2.
  • Si l’Australie représente 20 % des exportations mondiales de gaz naturel liquéfié, les pays européens n’importe pas directement de GNL australien. Ce sont principalement le Japon, la Chine, Taïwan et la Corée du Sud qui seraient impactés par un arrêt des exportations en provenance de ces sites3.

En raison des faibles prix du gaz en Europe — toutefois deux fois plus élevés en 2023 par rapport à la moyenne 2017-2021 —, les importations de GNL des États-membres ont chuté en juin et en juillet à leur plus bas niveau depuis l’invasion russe de l’Ukraine. Cette baisse s’explique à la fois par une redirection des livraisons vers les pays asiatiques, mais également par un niveau historiquement élevé du remplissage des réserves européennes de gaz naturel.

  • Au 27 août, les réserves européennes étaient remplies à 92,53 %, soit le niveau le plus élevé pour cette période de l’année.
  • L’Union a ainsi atteint avec deux mois et demi d’avance l’objectif de 90 % de remplissage avant le 1er novembre fixé par le règlement européen sur le stockage du gaz du 27 juin 20224.
  • La faible demande de gaz naturel par rapport aux années précédentes (-20 % en juillet par rapport à la moyenne 2019-2021) contribue elle aussi à maintenir les prix bas, bien qu’elle s’explique notamment par la baisse de la production industrielle5.

Le mois dernier, l’Agence internationale de l’énergie publiait un rapport dans lequel elle déclarait que « des sites de stockage pleins ne sont pas une garantie contre la volatilité hivernale ». En cas d’hiver 2023-2024 plus froid que la moyenne associé à un arrêt total des livraisons de gaz russe par gazoduc à partir du 1er octobre 2023, « la volatilité des prix et les tensions sur le marché pourraient facilement être ravivées »6.

Sources
  1. Giovanni Sgaravatti, Simone Tagliapietra, Cecilia Trasi et Georg Zachmann, « National fiscal policy responses to the energy crisis », Bruegel, 26 juin 2023.
  2. Stephen Stapczynski, « A Timeline of Australian LNG Workers’ Labor Talks as They Threaten to Strike », Bloomberg, 29 août 2023.
  3. Anne-Sophie Corbeau, Ira Joseph et Akos Losz, « Potential Supply Disruptions from Industrial Action at Australia’s LNG Plants », Center on Global Energy Policy, 10 août 2023.
  4. EU reaches 90 % gas storage target ahead of winter, Commission européenne, 18 août 2023.
  5. Javier Blas, « What Gas Crisis ? Europe’s Best Friend Is Also Its Worst Enemy », Bloomberg, 29 août 2023.
  6. Global Gas Security Review 2023, Agence internationale de l’énergie, 17 juillet 2023.