« On récolte si l’on sème » : les Nouvelles routes de la soie dix ans après

Les Nouvelles routes de la soie ont dix ans. En 2013, elles n’étaient qu’un projet. Aujourd’hui, elles sont présentes dans 155 pays, et ont pesé 1000 milliards d’euros d’investissements. Pour Xi Jinping, elles témoigneraient de manière éclatante de la capacité de la Chine à « faire pousser de l’or sur la terre » pour elle et ses partenaires. Mais est-ce vraiment le cas ? Nous traduisons, commentons et comparons deux discours clefs.

Auteur
Alexandre Antonio
Image
© Jason Lee/Pool Photo via AP

Le 18 mai dernier, le sommet inaugural Chine-Asie centrale se tenait dans la ville de Xi’an, au cœur historique des anciennes Routes de la soie. En l’absence remarquée de la Russie de Poutine mais en présence des partenaires historiques d’Asie centrale qui ont accompagné le projet d’infrastructures à ses débuts, Xi Jinping a tenté de faire rentrer le projet d’investissements décennal des « Nouvelles routes de la soie » dans « une nouvelle ère ». 

Il faut lire ce discours en parallèle de celui, inaugural du projet, que Xi Jinping prononça au Kazakhstan en 2013. Cette comparaison permet d’attester des évolutions constantes du projet de Pékin dont le périmètre géographique et dimensionnel n’a cessé de s’étendre depuis dix ans. En 2017, les autorités chinoises considéraient qu’une soixantaine de pays pouvaient être concernés, principalement sur le continent eurasiatique. Aujourd’hui, près de 1000 milliards d’euros et d’investissements et 155 pays répartis sur tous les continents sont inclus comme « membres » du projet des autorités chinoises — bien au-delà du tracé historique des routes de la soie.

L’Initiative a ainsi su s’adapter dans le contexte des différentes crises, notamment avec l’inclusion des investissements verts — dont les énergies, qui représentent la majorité des investissements des Nouvelles routes de la soie en 2022 et occupent une place importante dans son discours — et la multiplication des labels dont ceux de la « route de la soie sanitaire » et des « routes de la soie culturelle et numérique », qui encouragent la création d’une multitude de « réseaux » et d’« alliances » selon les priorités de la diplomatie chinoise. Mais la lecture du nouveau discours de Xi est aussi utile car elle permet de comprendre en filigrane que la puissance d’élargissement des Nouvelles routes de la soie en 2013 n’est plus celle sur laquelle Pékin mise en priorité pour étendre son « cercle d’amis » en 2023. Ce constat est d’abord démontré par une perte de vitesse économique — alors que le volume des investissements dans les Nouvelles Routes de la soie a nettement diminué depuis la pandémie — mais aussi par plusieurs déboires dont le « piège de la dette » qui s’est refermé sur le Sri Lanka ou la sortie italienne probable de l’initiative chinoise. 

[Lire aussi : les dix ans des Nouvelles routes de la soie en 8 graphiques]

Les récents discours de Xi Jinping le montrent, l’appareil diplomatique chinois s’est doté de nouvelles armes peut-être plus fédératrices pour élargir sa doctrine vers les pays du Sud — comme l’élargissement annoncé des BRICS en atteste — et qui exprime en priorité des convergences idéologiques affichées face à l’Occident. Malgré ses difficultés et sa relative mise en retrait dans les discours récents des hauts dirigeants chinois, l’initiative des Nouvelles routes de la soie reste toutefois, dix ans après, un levier d’actions concrètes indispensable au projet de gouvernance globale de Pékin.

Chers collègues,

Mesdames et Messieurs,

Chers amis,

Je vous souhaite la bienvenue à Xi’an pour le sommet Chine-Asie centrale afin d’explorer ensemble les voies d’une coopération plus étroite entre la Chine et les cinq pays d’Asie centrale.

Xi’an, connue sous le nom de Chang’an dans l’Antiquité, est un berceau important de la civilisation et de la nation chinoises. C’est également le point de départ de l’ancienne route de la soie à l’est. Il y a plus de 2 100 ans, Zhang Qian, un envoyé de la dynastie Han, a entrepris son voyage vers l’ouest à partir de Chang’an, ouvrant la voie à l’amitié et aux échanges entre la Chine et l’Asie centrale. Grâce à leurs efforts conjoints pendant des centaines d’années, les peuples chinois et centrasiatiques ont permis l’expansion et la prospérité de la route de la soie, une contribution historique à l’interaction, à l’intégration, à l’enrichissement et au développement des civilisations du monde. Le poète Li Bai de la dynastie Tang a écrit un jour : « À Chang’an, nous nous retrouvons, ce qui vaut plus que mille pièces d’or. » Notre rassemblement à Xi’an aujourd’hui pour renouveler notre amitié millénaire et ouvrir de nouvelles perspectives pour l’avenir revêt une importance capitale.

Xi’an, constitue historiquement un point de départ des routes de la soie entre l’Europe et l’Asie. Dans un discours tenu en 2020 par le maire de Xi’an — traduit et commenté dans nos pages — Huang Qifan exposait dans une ligne proche de celle du Parti les forces du projet, qui s’appuie sur un puissant réseau d’acteurs et de banques publiques et le développement d’infrastructures dans le monde entier — dont une ligne de chemin de fer Chine-Europe, considérée par Huang comme l’une des « artères majeures » des Nouvelles routes de la soie, qui a transporté plus de 300 milliards de dollars de marchandises à la fin de l’année 2022.

En 2013, lors de ma première visite en Asie centrale en tant que président chinois, j’ai proposé l’initiative de construire conjointement une ceinture économique de la Route de la soie. Au cours de la dernière décennie, la Chine et les pays d’Asie centrale ont travaillé en étroite collaboration pour relancer pleinement la Route de la soie et approfondir activement une coopération tournée vers l’avenir, faisant entrer nos relations dans une nouvelle ère.

En 2013, lorsque Xi introduit pour la première fois l’initiative des Nouvelles routes de la soie auprès des pays d’Asie centrale, il développe cinq domaines clés autour de ces dernières : la coordination des politiques, le développement des infrastructures, la facilitation des investissements et du commerce, l’intégration financière et les échanges culturels et sociaux.

L’autoroute Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan qui traverse le mont Tianshan, la voie rapide Chine-Tadjikistan qui défie le plateau du Pamir, l’oléoduc Chine-Kazakhstan et le gazoduc Chine-Asie centrale qui traversent le vaste désert, voilà l’actuelle route de la soie. Le train express Chine-Europe qui fonctionne 24 heures sur 24, les flux incessants de camions de marchandises et les vols qui s’entrecroisent sont les caravanes de chameaux d’aujourd’hui. Les entrepreneurs à la recherche d’opportunités commerciales, les travailleurs de la santé qui luttent contre le COVID-19, les travailleurs culturels qui transmettent des messages d’amitié et les étudiants internationaux qui poursuivent leurs études sont les ambassadeurs de bonne volonté d’aujourd’hui.

Les relations entre la Chine et l’Asie centrale sont imprégnées d’histoire, motivées par de vastes besoins réels et fondées sur un solide soutien populaire. Nos relations débordent de vigueur et de vitalité dans cette nouvelle ère.

Des travailleuses réparent un filet devant la passerelle qui mène au Port de Shanghai © Fabien Dupoux/SIPA

Chers collègues,

Les transformations du monde, inédites depuis un siècle, se succèdent à un rythme accéléré. Les changements du monde, de notre époque et de la trajectoire historique se produisent comme jamais auparavant. L’Asie centrale, centre du continent eurasien, se trouve à un carrefour reliant l’Est et l’Ouest, le Sud et le Nord.

Le monde a besoin d’une Asie centrale stable. La souveraineté, la sécurité, l’indépendance et l’intégrité territoriale des pays d’Asie centrale doivent être préservées, le choix des voies de développement de leurs populations doit être respecté et leurs efforts en faveur de la paix, de l’harmonie et de la tranquillité doivent être soutenus.

Le monde a besoin d’une Asie centrale prospère. Une Asie centrale dynamique et prospère aidera les habitants de la région à réaliser leur aspiration à une vie meilleure. Elle donnera également une forte impulsion à la reprise économique mondiale.

Le monde a besoin d’une Asie centrale harmonieuse. Comme le dit un proverbe centrasiatique, « la fraternité est plus précieuse que n’importe quel trésor ». Les conflits ethniques, les querelles religieuses et l’éloignement culturel ne sont pas les caractéristiques de la région. Au contraire, les peuples d’Asie centrale recherchent la solidarité, l’intégration et l’harmonie. Personne n’a le droit de semer la discorde ou d’attiser la confrontation dans la région, et encore moins de rechercher des intérêts politiques égoïstes.

Xi évoque à de nombreuses reprises dans son discours les facteurs culturels qui unissent les peuples d’Asie centrale — exprimés comme « tradition », « valeurs », « civilisation », ou « harmonie », en référence au Confucianisme. Xi identifie la modernisation comme un processus en tension permanente avec les systèmes de croyances partagées qui lient les communautés humaines.

Le monde a besoin d’une Asie centrale interconnectée. Dotée d’avantages géographiques uniques, l’Asie centrale dispose des fondations, des conditions et des capacités nécessaires pour devenir un centre de connectivité important de l’Eurasie et apporter une contribution unique au commerce des marchandises, à l’interaction des civilisations et au développement de la science et de la technologie dans le monde.

Chers collègues,

Lors du sommet virtuel commémorant le 30e anniversaire des relations diplomatiques entre la Chine et les pays d’Asie centrale, qui s’est tenu l’année dernière, nous avons annoncé conjointement notre vision d’une communauté Chine-Asie centrale avec un avenir commun. Il s’agissait d’un choix historique fait pour les intérêts fondamentaux et l’avenir prometteur de nos peuples dans la nouvelle ère. Pour construire cette communauté, nous devons rester attachés à quatre principes.

Premièrement, l’assistance mutuelle. Il est important que nous approfondissions la confiance mutuelle stratégique et que nous nous accordions toujours un soutien fort et sans équivoque sur les questions concernant nos intérêts fondamentaux tels que la souveraineté, l’indépendance, la dignité nationale et le développement à long terme. Nous devons travailler ensemble pour faire en sorte que notre communauté se caractérise par l’assistance mutuelle, la solidarité et la confiance mutuelle.

Terminal de container, Xi’an © Fabien Dupoux/SIPA

Deuxièmement, le développement commun. Il est important que nous continuions à donner le ton à la coopération des Nouvelles routes de la soie et à concrétiser l’initiative mondiale pour le développement. Nous devrions exploiter pleinement nos potentiels dans les domaines traditionnels de coopération tels que l’économie, le commerce, la capacité industrielle, l’énergie et les transports. Nous devons également créer de nouveaux moteurs de croissance dans les domaines de la finance, de l’agriculture, de la réduction de la pauvreté, du développement vert et à faible émission de carbone, des services médicaux, de la santé et de l’innovation numérique. Nous devons travailler ensemble pour faire en sorte que notre communauté se caractérise par une coopération gagnant-gagnant et des progrès communs.

Depuis 2013, l’une des principales évolutions des Nouvelles routes de la soie est l’emphase mise sur le développement vert des investissements. Pour faciliter le développement vert des Nouvelles routes de la soie, Xi Jinping a insisté sur la nécessité de la « conservation écologique et du développement vert ». Un Green Belt and Road Initiative Center a par exemple été créé en 2017 pour fournir une plateforme de partage des connaissances et de renforcement des capacités en matière de développement vert entre les pays participants. En outre, une Belt and Road International Green Development Coalition a aussi été formée pour promouvoir la coopération en matière de financement et d’investissement verts.

Troisièmement, la sécurité universelle. Il est important que nous agissions dans le cadre de l’initiative de sécurité mondiale et que nous restions fermes face aux tentatives extérieures d’ingérence dans les affaires intérieures des pays régionaux ou d’instigation de révolutions de couleur. Nous devons faire preuve d’une tolérance zéro à l’égard des trois forces que sont le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme, et nous efforcer de résoudre les problèmes de sécurité dans la région. Nous devons travailler ensemble pour faire en sorte que notre communauté connaisse une paix durable et sans conflit.

Quatrièmement, une amitié éternelle. Il est important que nous mettions en œuvre l’initiative de civilisation mondiale, que nous poursuivions notre amitié traditionnelle et que nous renforcions les échanges entre les peuples. Nous devrions faire davantage pour partager notre expérience en matière de gouvernance, approfondir l’apprentissage culturel mutuel, accroître la compréhension mutuelle et cimenter les fondements de l’amitié éternelle entre les peuples chinois et centrasiatique. Nous devons travailler ensemble pour faire en sorte que notre communauté se caractérise par des affinités étroites et des convictions partagées.

Dans les discours récents de Xi Jinping, les Nouvelles routes de la soie apparaissent presque en retrait face aux nouveaux labels proposés dont son « Initiative de civilisation mondiale », désormais indissociables du projet global de Pékin et que le président chinois développe de plus en plus depuis son voyage à Moscou. La Chine de Xi a pour ambition de « renforcer ce développement institutionnel » autour d’une « communauté de destin pour l’humanité », dans le cadre d’institutions internationales alternatives (Banque asiatique d’investissement) autour de groupes de pays spécifiques (BRICS) ; son but est de proposer une gouvernance mondiale alternative. 

Chers collègues,

Notre sommet a créé une nouvelle plateforme et ouvert de nouvelles perspectives pour la coopération entre la Chine et l’Asie centrale. La Chine saisira cette occasion pour renforcer la coordination avec toutes les parties en vue d’une bonne planification, d’un développement et d’un progrès de la coopération entre la Chine et l’Asie centrale.

Tout d’abord, nous devons renforcer le développement institutionnel. Nous avons mis en place des mécanismes de réunion sur les affaires étrangères, l’économie, le commerce et les douanes, ainsi qu’un conseil d’affaires. La Chine a également proposé la mise en place de mécanismes de réunion et de dialogue sur l’industrie et l’investissement, l’agriculture, les transports, les interventions d’urgence, l’éducation et les partis politiques, qui constitueront des plateformes pour une coopération globale mutuellement bénéfique entre nos pays.

Deuxièmement, nous devons développer les liens économiques et commerciaux. La Chine prendra davantage de mesures de facilitation du commerce, améliorera les traités bilatéraux d’investissement et ouvrira des « voies vertes » pour simplifier le dédouanement des produits agricoles et autres dans tous les ports frontaliers entre la Chine et les pays d’Asie centrale. La Chine organisera également un événement de vente en direct pour promouvoir davantage les produits d’Asie centrale et construira un centre de commerce de matières premières. Toutes ces mesures s’inscrivent dans le cadre d’un effort visant à porter le commerce bilatéral à de nouveaux sommets.

Troisièmement, nous devons renforcer la connectivité. La Chine s’efforcera d’augmenter le volume du transport transfrontalier de marchandises, de soutenir le développement du corridor de transport international transcaspien, d’améliorer la capacité de trafic de l’autoroute Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan et de l’autoroute Chine-Tadjikistan-Ouzbékistan, et de faire avancer les consultations sur le chemin de fer Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan. La Chine s’efforcera de moderniser plus rapidement les ports frontaliers existants, d’ouvrir un nouveau port frontalier à Biedieli, de promouvoir l’ouverture du marché du transport aérien et de construire un réseau logistique régional. La Chine accélérera également le développement des centres d’assemblage de l’Express ferroviaire Chine-Europe, encouragera les entreprises compétentes à construire des entrepôts à l’étranger dans les pays d’Asie centrale et mettra en place une plateforme de services numériques complète.

Le développement des infrastructures de transports est fondamental au sein des Nouvelles routes de la soie. Le train de marchandises Chine-Europe avait transporté des marchandises d’une valeur de plus de 300 milliards de dollars à la fin de 2022. Au premier trimestre 2023, le commerce extérieur entre la Chine et les pays situés le long des Nouvelles routes de la soie a connu une augmentation de 16,8 % en glissement annuel. 

Quatrièmement, nous devons développer la coopération énergétique. La Chine aimerait proposer que nous établissions un partenariat de développement énergétique Chine-Asie centrale. Nous devrions accélérer la construction de la ligne du gazoduc Chine-Asie centrale, développer le commerce du pétrole et du gaz, poursuivre la coopération tout au long des chaînes industrielles énergétiques et renforcer la coopération sur les nouvelles énergies et l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.

La base de la chaîne d’approvisionnement de l’initiative Belt and Road est en construction à Lianyungang, Jiangsu, Chine, le 8 juin 2020.© TPG/cnsphotos

Cinquièmement, nous devons promouvoir l’innovation verte. La Chine travaillera avec les pays d’Asie centrale pour coopérer dans des domaines tels que l’amélioration et l’utilisation des terres salines et alcalines et l’irrigation économe en eau, pour construire un laboratoire commun sur l’agriculture dans les terres arides et pour résoudre la crise écologique de la mer d’Aral. La Chine soutient l’établissement d’entreprises de haute technologie et de parcs industriels informatiques en Asie centrale. La Chine invite également les pays d’Asie centrale à participer à des programmes de coopération spéciaux dans le cadre de l’initiative des Nouvelles routes de la soie, y compris des programmes sur les technologies de développement durable, l’innovation et la création d’entreprises, et les sciences et technologies de l’information spatiale.

Sixièmement, nous devons renforcer les capacités de développement. La Chine formulera un programme spécial de coopération Chine-Asie centrale pour la réduction de la pauvreté par la science et la technologie, mettra en œuvre le « schéma d’amélioration des technologies et des compétences Chine-Asie centrale », mettra en place davantage d’ateliers Luban dans les pays d’Asie centrale, et encouragera les entreprises chinoises en Asie centrale à créer davantage d’emplois locaux. Pour soutenir notre coopération et le développement de l’Asie centrale, la Chine fournira aux pays d’Asie centrale un total de 26 milliards de yuans RMB de soutien financier et de subventions.

Septièmement, nous devons renforcer le dialogue entre les civilisations. La Chine invite les pays d’Asie centrale à participer au programme de la « Route de la soie culturelle » et créera davantage de centres de médecine traditionnelle en Asie centrale. Nous accélérerons la création de centres culturels dans nos pays respectifs. La Chine continuera d’accorder des bourses gouvernementales aux pays d’Asie centrale et d’aider leurs universités à rejoindre l’alliance universitaire de la route de la soie. Nous veillerons au succès de l’Année de la culture et des arts pour les peuples de Chine et des pays d’Asie centrale, ainsi que du dialogue de haut niveau entre la Chine et l’Asie centrale sur les médias. Nous lancerons le programme « Capitale culturelle et touristique Chine-Asie centrale » et ouvrirons des services ferroviaires spéciaux pour le tourisme culturel en Asie centrale.

En multipliant les labels autour des Nouvelles routes de la soie, notamment en parlant de Routes de la soie « culturelles et numériques » ou « sanitaires », Pékin cherche à se positionner sur tous les sujets, et à proposer un projet de société englobant au service de sa nouvelle gouvernance mondiale

Huitièmement, nous devons préserver la paix dans la région. La Chine est prête à aider les pays d’Asie centrale à renforcer leurs capacités en matière d’application de la loi, de sécurité et de défense, à soutenir leurs efforts indépendants pour préserver la sécurité régionale et lutter contre le terrorisme, et à collaborer avec eux pour promouvoir la cybersécurité. Nous continuerons à exploiter le rôle du mécanisme de coordination entre les voisins de l’Afghanistan et à promouvoir conjointement la paix et la reconstruction dans ce pays.

Le rôle du « mécanisme de coordination » dont parle Xi dans ce paragraphe se matérialise par la multiplication des rencontres entre les leaders chinois et afghans. Le 5 mai dernier, Qin Gang s’était rendu au Pakistan où il a rencontré le premier ministre Shehbaz Sharif et son homologue Bilawal Bhutto Zardari. Il a également participé à des pourparlers à trois avec le ministre intérimaire des affaires étrangères des talibans, Amir Khan Mutaqi. Depuis leur prise de pouvoir en 2021, Pékin n’a pas officiellement reconnu le régime des talibans, mais continue de coopérer au renforcement des liens économiques entre les deux pays. 

Chers collègues,

En octobre dernier, le Parti communiste chinois a tenu avec succès son 20e congrès national, qui a défini la tâche centrale consistant à réaliser l’objectif du deuxième centenaire, à savoir faire de la Chine un grand pays socialiste moderne à tous égards et faire progresser le rajeunissement de la nation chinoise sur tous les fronts par le biais d’une voie chinoise vers la modernisation. Il s’agit d’un plan d’ensemble pour le développement futur de la Chine. Nous renforcerons les échanges théoriques et pratiques avec les pays d’Asie centrale sur la modernisation, nous mettrons en synergie nos stratégies de développement, nous créerons davantage d’opportunités de coopération et nous ferons progresser conjointement le processus de modernisation de nos six pays.

Du point de vue de l’ordre politique, quand Xi évoque la modernisation « à la chinoise », cette dernière n’est souhaitable que dans la mesure où elle peut être contrebalancée par la création de nouveaux systèmes de valeurs dont le rôle fonctionnel est de maintenir des institutions fortes et des sociétés gouvernables. Les États forts sont donc ici des États culturellement unifiés. Dans le contexte de la Chine dirigée par le PCC, cela signifie préserver et centraliser l’autorité du Parti ; et recalibrer la mondialisation pour rendre le système international plus propice à la survie du Parti.

Chers collègues,

Un proverbe populaire parmi les agriculteurs de la province de Shaanxi dit : « Si vous travaillez assez dur, de l’or poussera sur la terre ». Dans le même ordre d’idées, un proverbe d’Asie centrale dit : « On est récompensé si l’on donne, et l’on récolte si l’on sème ». Travaillons en étroite collaboration afin de poursuivre le développement commun, la richesse commune et la prospérité commune, et d’embrasser un avenir plus radieux pour nos six pays !

Je vous remercie de votre attention.

Le Grand Continent logo