Le Prince était condescendant et impatient. Il demanda  : « S’agit-il d’un coup d’État de trop, d’un coup d’État de plus ou d’un pot-pourri  ? ». Comme le Prince était lettré, on lui répondit  : « Non Sire c’est une stasis supplémentaire ». La stasis est une déchirure dans la trame de la démocratie athénienne, bien imparfaite dès l’origine. Elle se traduit par une « division du corps des citoyens » inhérente à la polis dont l’équilibre, nécessairement instable, est fondé sur l’opposition de forces contraires — c’est ce que Nicole Loraux nomme le « lien de la division »1 : une dialectique de l’ordre et du désordre. Dans une langue aussi précise mais moins philosophique, El Hadj Souleymane Gassama2 aurait pu expliquer au Prince que l’épidémie martiale qui touche l’Afrique francophone obéit à une infection généralisée, mais qu’elle frappe des corps politiques bien spécifiques3. Gassama explique que les cartes ont été redistribuées depuis longtemps, sans que Paris ne le comprenne ou ne l’admette, et que le succès — temporaire — des juntes correspond à des revendications plurielles — peu explicites.

L’altération d’un système

Si certains se réjouissent un peu vite que le renversement d’Ali Bongo serait le fruit d’un coup d’État institutionnel — selon les mots de Josep Borrell — et ne se traduit pas par des manifestations anti-françaises, ils devront à un moment considérer l’État gabonais en dehors du moment « Brice Oligui Nguema ». Il a été dit beaucoup de choses peu amènes sur ce général qui était le patron de la Garde Présidentielles (la GP pour les intimes), devenue la Garde Républicaine. Il est assimilé à la «  gestion clanique  » d’Ali Bongo et serait le protagoniste d’une « lutte fratricide ». C’est sans doute l’enchaînement rapide d’un processus électoral et d’une brutale transition institutionnelle qui permet ces raccourcis en partie exacts mais bien réducteurs.

L’enjeu va en effet au-delà de la condamnation des élections truquées. C’est aujourd’hui la fin du modèle français d’émirat qu’Omar Bongo avait contribué à adapter à la globalisation et à l’intérêt national. Le Gabon situé en Afrique Équatoriale Française (AEF) n’inspire pas spécialement les premiers investissements français à la différence du Cameroun sous mandat ou du Congo et de l’Oubangui-Chari dévolus aux sociétés concessionnaires4.

C’est aujourd’hui la fin du modèle français d’émirat qu’Omar Bongo avait contribué à adapter à la globalisation et à l’intérêt national.

Olivier Vallée

C’est la découverte de gisements littoraux dans la région de Port-Gentil qui fait dès le milieu des années 1950 la prospérité de la Société des Pétroles d’AEF (SPAEF). La France fonde dorénavant ses espoirs sur le Gabon pour s’approvisionner en pétrole,  surtout que l’Indépendance algérienne réduit à néant l’ambition d’exploiter le pactole saharien. Ces découvertes d’hydrocarbures gabonais participent, sans équivoque, à la naissance du groupe pétrolier français Elf. L’Afrique centrale en général, et le Gabon en particulier, constituent alors une cheville importante dans la réalisation de la vision d’un pétrole « franc », et sur le long terme, de l’édification d’une industrie pétrolière nationale française. Elle est l’orgueil du gaullisme qui fera avec Elf un bastion financier, énergétique et politique du Gabon. La démocratie gabonaise est très limitée à l’Indépendance et se caractérise par la double ambiguïté de la puissance coloniale et de l’attachement viscéral5 de Léon Mba à la France, et d’un recours constant à l’invisible6. Un coup d’État en 1964 s’efforce de donner à la trajectoire autoritaire d’un Président fang, l’ethnie à l’époque la plus nombreuse au Gabon, un cours plus nationaliste. La France réagit immédiatement et donne au directeur de cabinet de Léon Mba, Albert-Bernard Bongo, les clés de son accession, au pouvoir quatre ans plus tard7.

Teke et gabonais

Le premier but de ce jeune homme, qui a grandi au Congo Brazzaville voisin,  ce cœur de l’AEF qui a permis la reconquête de l’empire par la France libre, est de s’imposer dans un monde politique caractérisé par la notabilité. Son ethnie Teke y est peu représentée et toute sa vie politique sera consacrée à la fois à mobiliser en sa faveur sa région de l’Ogooué et à transiger avec les Fang en leur accordant le poste de Premier ministre ainsi que des avantages dans l’appareil d’État. Il a peu de choix sinon de se laisser encadrer par une solide antenne du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE), par une société pétrolière française toute puissante et par une communauté française très présente au titre de la coopération comme des entreprises. Celles-ci s’implantent en répétant le mode concessionnaire colonial. La Comuf (Compagnie des mines d’uranium de Franceville) exploitait le gisement uranifère à ciel ouvert de Mounana (aujourd’hui en partie épuisé). Areva-Cogema, son actionnaire, faisait, dans les années 1970, la pluie et le beau temps au Gabon. En 2011, le groupe doit pourtant négocier la réhabilitation des sites. Après la plainte d’anciens employés expatriés de la Comuf — soutenus par l’association Sherpa — des travaux ont été réalisés sur les sites (Colas Gabon et Friedlander). Areva procède également à plusieurs indemnisations financières, accompagnées de quelques actions sociales — une première halte-garderie d’un coût de 140 millions francs CFA est offerte à la commune de Mounana, un Observatoire de la santé est également créé.

L’émirat pétrolier resta jusqu’au milieu des années 1990 sous tutelle de l’ex-métropole8. Le régime Bongo y trouve des compensations par les rémunérations que les compagnies françaises lui fournissent de manière légale mais aussi souvent par des circuits occultes. Le plus célèbre de ces mécanismes instauré par la FIBA est une banque qui recycle une partie des revenus pétroliers que ce soit ceux d’Elf ou ceux de l’État gabonais. Cette caisse commune réduit les ressources fiscales pétrolières déclarées du budget de l’État et assure au Gabon, malgré sa faible population, l’aide publique au développement de la France et des institutions de Bretton Woods. La contribution pétrolière au budget de l’État se retrouve étalée et source de défiscalisation pour les années maigres, en étant comptabilisée au titre de la fameuse Provision pour investissement diversifié (PID).

L’émirat pétrolier resta jusqu’au milieu des années 1990 sous tutelle de l’ex-métropole.

Olivier Vallée

Quand Paris lâche Omar

Le déficit démographique complique la gestion de la nation car sa richesse attire des migrants des alentours, en particulier des Fangs du Cameroun, mais aussi des Béninois, des Sénégalais etc. La population d’origine étrangère atteint des proportions difficilement compatibles avec l’équilibre des emplois en l’absence d’une économie privée dynamique susceptible de l’absorber. Des tensions existent donc avec les nationaux et souvent Omar et Ali Bongo font plus confiance à des Africains, des Corses ou des Libanais pour gérer leurs dossiers et leurs affaires. La dynastie Bongo suit dans le même temps le cours des pétrocraties du Golfe, s’efforçant d’alléger pour sa part la pression du système extractiviste sur les décisions et sur leur environnement social et politique.

Des panneaux publicitaires à l’effigie d’Ali Bongo vandalisés à Libreville le mercredi 30 août 2023. © AP Photo/Yves Laurent

Peu à peu, en conséquence de l’ostracisme affiché des socialistes français au pouvoir pendant quatorze ans, Omar Bongo, devenu musulman en 1973, prend ses distances avec la position d’assisté du gouvernement français. Quand Balladur devient Premier ministre, Omar Bongo mesure la fin de la relation privilégiée avec Paris, y compris lorsque la droite est au pouvoir. Une haute fonctionnaire du Trésor qui rejoint le cabinet de Balladur se montrera particulièrement dure avec Omar Bongo : Anne Le Lorier, qui terminera sa carrière comme vice-gouverneur de la Banque de France, milite pour des attitudes nouvelles et sévères à l’encontre de l’émirat décrit comme l’antre de la corruption. Cependant les équipes gouvernementales changent sur les bords de Seine sans que leur addiction à l’argent Bongo ne diminue9. Ce qui a changé avec l’arrivée d’Ali au pouvoir c’est le goût de celui que l’on appelait avec mépris « Baby Doc » pour de nouvelles têtes.

La dynastie Bongo suit dans le même temps le cours des pétrocraties du Golfe, s’efforçant d’alléger pour sa part la pression du système extractiviste sur les décisions et sur leur environnement social et politique.

Olivier Vallée

La new wave

« Le 20 février 2011, quand le président du Gabon, Ali Bongo, de passage à Paris, reçoit à l’hôtel George-V, Robert Bourgi attend deux heures dans un hall, seul. Qu’il lui semble loin le temps où il parlait quatre fois par jour au tout-puissant Omar Bongo, le père d’Ali, décédé en juin 2009 ! Un homme qu’il aimait comme « son père », dit-il souvent — il l’appelait d’ailleurs « papa ». Un homme qui a été le parrain de sa dernière fille, Clémence. Mais le fils Bongo veut imprimer sa marque : Robert Bourgi appartient au passé. Le vieux routier de la Françafrique — il a 66 ans — est supplanté par l’étoile montante de l’establishment parisien, le flamboyant Alexandre Djouhri, à tu et à toi avec Claude Guéant et le gratin du CAC 40. Tiens, lui aussi est là, ce 20 février, dans ce hall du George-V, à quelques mètres seulement de Robert Bourgi. Mais Monsieur Alexandre, comme on l’appelle, ne fait pas longtemps antichambre. Ali Bongo le reçoit avec joie »10.

Ali veut être un people depuis toujours. Il est l’ami de Mohammed VI quand son père recevait discrètement mais fidèlement Yasser Arafat. Omar Bongo prenait des participations dans Castel et Bolloré, ménageant in fine les créanciers français. Ali, avant d’être placé en résidence surveillée, n’hésitait pas à aller au bras de fer avec les gestionnaires français de l’eau potable à Libreville et comme d’autres pays africains voulait en finir avec la foresterie européenne au profit d’une processus plus endogène avec les Malaisiens.

Ali, avant d’être placé en résidence surveillée, n’hésitait pas à aller au bras de fer avec les gestionnaires français de l’eau potable à Libreville et comme d’autres pays africains voulait en finir avec la foresterie européenne au profit d’une processus plus endogène avec les Malaisiens.

Olivier Vallée

L’émirat en devenant peu à peu gabonais sous la conduite des Bongo est une dystopie tropicale pour Florence Bernault11. Pour sortir de cette dissolution du lien politique compliqué par les affres de l’invisible il faudrait beaucoup de choses  : « conserver l’équilibre entre les contraires, trouver une voie moyenne pour préserver l’unité nationale entre modernité et tradition, barbarie et civilisation, pauvreté et richesse, le village et le global, l’okoumé et l’uranium, etc. Tout se passe comme si le Gabon ne s’était construit ou ne pouvait exister, aux yeux de ses ressortissants comme des étrangers, qu’autour de ce défi imaginaire : contenir les excès, rassembler les contraires et, finalement, ne pas bouger. »12

L’autre vertueux

Les Fang apparaissent aux yeux des autres Gabonais comme un élément central d’un scénario alternatif à la dystopie du système Bongo. Cet imaginaire peut avoir des traits séduisants à travers la personne du challenger d’Ali Bongo aux dernières élections. Ancien ministre de l’Éducation nationale du président Omar Bongo, Albert Ondo Ossa est un technocrate qui voulait incarner la « figure du changement ». Marié, catholique, originaire d’une province concurrente à l’Ogooué, adoubé par l’université et l’UNICEF, il offre les atouts du technocrate ouvert au monde et assimilé à la rationalité.

Mais Albert Ondo Ossa, parmi les derniers ministres d’Omar Bongo, est en cheville avec plusieurs économistes africains et français connus comme ultras libéraux tels Pascal Salin. C’est un véritable contre-projet Bongo, musulmans de père en fils et en confiance avec les États du Golfe, qui de ce fait même offrait peu d’alternatives à la caste en place sinon la rupture. Cette dernière est la garante du statu quo pour les nombreux immigrés qui contribuent au fonctionnement de l’économie et de la société. Le Gabon a accueilli au fil des conflits au Congo voisin, et en général des guerres de l’Afrique centrale, d’autres Africains que des Fangs qui sont aussi une base de soutien à la poursuite du système Bongo.

Les scories de la dynastie

Ce dernier a favorisé une impressionnante élite sécuritaire avec nombre de généraux peu décidés à abandonner leurs privilèges au nom de la redistribution des postes. Leur voix va compter à côté de celle du président de la Transition, directement issu de la famille maternelle d’Omar Bongo. Le régime reposait sur une constellation d’organes de renseignement et de contre-insurrection qui n’ont pas fait preuve de leur acuité ou de leur fidélité mais possèdent dossiers et moyens de se faire entendre. Cet appareil de domination ne relève pas  seulement de la volonté ou de la fragilité d’Ali Bongo. La crise des années 1990 avaient amené une restauration autoritaire avec la visibilité des sécurocrates qui ne faisait que confirmer à la population de Libreville qu’elle était surveillée dans le prolongement de la période coloniale avec la direction de surveillance policière confiée d’ailleurs à un français, M. Conan, pendant longtemps. Le savoir-faire du B2 et du Centre de Documentation s’est cependant émoussé. La base française disposait à Libreville de deux compagnies de parachutistes de l’infanterie de marine et y transitaient les forces spéciales qui partaient s’entraîner au combat dans la jungle. Un couloir secret comme celui reliant l’ambassade de France d’Abidjan à la présidence ivoirienne existait entre le « Bord de mer », le palais d’Ali Bongo et une cache assurée par la France. Cette clause de sauvegarde n’a sans doute pas pu fonctionner car elle était contrôlée par la Garde Présidentielle.

Omar Bongo a favorisé une impressionnante élite sécuritaire avec nombre de généraux peu décidés à abandonner leurs privilèges au nom de la redistribution des postes. 

Olivier Vallée

Le Fonds gabonais d’investissements stratégiques

La galaxie financière, de la BGF à Delta Finance, en passant par la BGD et nombre d’entreprises publiques constitue un autre élément important de la consolidation du pouvoir que détiennent encore les gardiens du temple13. Ali Bongo était beaucoup plus à l’aise que son père avec la finance internationale. La banque Lazard a aidé à l’émission d’emprunts internationaux et a innové en permettant au Gabon d’opérer, il y a peu, un swap nature contre dette14. N’oublions pas d’ailleurs que le président Macron avait fait le déplacement de Libreville pour saluer la démarche écologique du président Bongo. Ali Bongo avait poursuivi l’initiative de son père de doter le Gabon d’un fonds souverain : c’était déjà novateur en son temps mais une équipe dynamique au ministère des Finances depuis sept ans a conféré à cet instrument une forte dynamique. Ainsi, le Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques est devenu le gestionnaire exclusif du Fonds Souverain de la République Gabonaise et des participations non-attribuées du portefeuille de l’État gabonais. En tant que partenaire de l’action du gouvernement, définie dans le Plan d’Accélération de la Transformation 2021-2023, le Fonds intervient dans trois secteurs stratégiques : le financement des infrastructures, l’accompagnement des PME et le soutien aux secteurs sociaux. 

Le chef de la Garde présidentielle a ouvert la voie à une jeunesse dont la capacité d’action sera à la mesure de sa marginalisation et de son exclusion. Mais serait-elle en mesure de s’opposer à la restauration d’un Bongo  ?

Olivier Vallée

Il faut constater toutefois, qu’après la dernière bataille électorale perdue, ne demeure que l’image d’une autocratie héréditaire qui n’avait su combler la faille entre quelques familles alliées et ceux d’en bas. En exposant les billets de banque trouvés, fétiches un peu désuets de la corruption de la présidence, les nouveaux maîtres en uniformes ne contribuent pas à rétablir un sentiment de confiance envers les gouvernants. Les ombres sur le Gabon n’étaient pas seulement celles des deux Bongo. Elf, les biens mal acquis, le luxe affiché ne sont pas dissociables du comportement prédateur des familles qui gravitent au sommet depuis trois générations à présent. La dimension morale, relativement oblitérée quand la vie politique concernait une équipe restreinte de caciques, est devenue à présent centrale quand les outsiders se mêlent de la vie de la cité. 

Le chef de la garde présidentielle a ouvert la voie à une jeunesse dont la capacité d’action sera à la mesure de sa marginalisation et de son exclusion. Mais serait-elle en mesure de s’opposer à la restauration d’un Bongo  ? En effet,  si Noureddine, le fils d’Ali, est en prison, Omar Denis Bongo, le fils d’Omar Bongo et d’Edith Sassou Nguesso,  pourrait reprendre le flambeau.

Sources
  1. Nicole Loraux, Le lien de la division, Le Cahier (Collège international de philosophie), No. 4 (novembre 1987), pp. 101-124 (24 pages), Presses Universitaires de France.
  2. El Hadj Souleymane Gassama, dit Elgas, Les Bons ressentiments, essai sur le malaise post-colonial, Paris, Riveneuve, 2023.
  3. Manuel Cudel, « Coups d’État en Afrique, : « les militaires au pouvoir n’ont ni rétabli la démocratie, ni changé le destin des populations » », Midi Libre, 1er septembre 2023.
  4. Guy Rossatanga-Rignault, et alii, Le Gabon malgré lui, Paris, Karthala, 2005.
  5. Le 27 février 1958, Léon Mba est nommé Premier ministre. En novembre 1959, Mba se prononce ouvertement pour la départementalisation du Gabon. Jacques Foccart, le « Monsieur Afrique de l’Élysée », lui fait comprendre que cette solution est impensable. Léon Mba campe sur cette position jusqu’en février 1960. Il proclame, contre son gré, l’indépendance officielle du pays le 17 août 1960. Le 4 décembre 1960, Léon Mba est élu au poste de Secrétaire général du BDG à la place de Paul Gondjout. Il se tourne vers l’opposition pour renforcer sa position ; il forme avec Jean-Hilaire Aubame son ancien adversaire, une liste unique d’Union nationale, suffisamment équilibrée pour plaire aux électeurs. Ainsi, le 12 février, la liste d’Union nationale remporte 99,75 % des suffrages. Le même jour, Léon Mba est élu en tant que premier Président de la République gabonaise.
  6. Florence Bernault, « Magie, sorcellerie et politique au Gabon et au Congo-Brazzaville », in M. Mve Bekale, Démocratie et mutations culturelles en Afrique noire, Paris, L’Harmattan, 2005, pp.21-39.
  7. Après avoir été informé par le chef de cabinet du président, Albert-Bernard Bongo, le président français, Charles de Gaulle, décide de restaurer le gouvernement Mba, en application d’un traité de 1960 signé entre les deux pays au moment de l’indépendance du Gabon. Deux compagnies de parachutistes français dont la Compagnie autonome de parachutistes d’infanterie de Marine (CAPIMa), aérotransportée sur Libreville, prend d’assaut, le 19 février, le camp de la Baraka, où s’étaient retranchés les rebelles, au prix d’un tué et trois blessés dans ses rangs. Cette action a été décisive pour la libération du Président Léon Mba deux jours plus tard. Albert-Bernard Bongo devient le second chef d’État du Gabon depuis son accession à l’indépendance, en 1960.
  8. Vaste comme la moitié de la France et correspondant au bassin de l’Ogooué, le Gabon est un pays peu peuplé, au climat équatorial, chaud et humide. Il est recouvert par la forêt dense, dont l’exploitation constitue une ressource importante, à côté des industries extractives (uranium, manganèse, fer et, surtout, pétrole).
  9. David Le Bailly, François Labrouillère, « Il a été le « Monsieur Afrique » de l’Élysée. Aujourd’hui, il révèle les sommes folles qu’auraient reçues Chirac et Villepin », Paris Match, 16 septembre 2011.
  10. Ibid.
  11. Florence Bernault, Colonial Transactions : Imaginaries, Bodies, and Histories in Gabon, Durham, Duke University Press, 2019.
  12. Ibid.
  13. Deux Gabonais figurent en bonne place dans le classement des 100 personnalités les plus influentes du continent africain. Il s’agit de Henri Claude Oyima, patron du Groupe BGFI et d’Akim Mohamed Daouda, directeur du Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS).
  14. Il y a moins d’un mois, le Gabon se signalait par une opération financière innovante conseillée par Lazard Paris. La République gabonaise a ainsi procédé le lundi 7 août 2023 à l’émission d’une nouvelle dette de 500 millions de dollars bénéficiant d’une assurance de l’Institution pour le Financement du Développement des États-Unis (United States Development Finance Corporation). La mobilisation de l’assurance de l’USDFC a été rendue possible grâce à l’engagement du Gabon d’allouer 4,4 millions de dollars par an au programme de conservation de l’univers marin développé grâce à l’aide de l’organisation non gouvernementale The Nature Conservancy (TNC).  La nouvelle dette a été émise sur le marché à un taux de coupon fixé à 6.097 % pour une échéance finale dans 15 ans. Les montants mobilisés dans le cadre de l’opération serviront au rachat partiel des obligations internationales existantes du Gabon tout en permettant une amélioration de leurs conditions de refinancement. Le Gabon est le premier pays d’Afrique à recourir à un tel emprunt « bleu » confirmant le rôle moteur du pays dans les engagements pour l’environnement et la finance verte. Libreville avait accueilli les 1ᵉʳ et 2 mars 2023 la première édition du One Forest Summit. Ce rendez-vous international coorganisé par Ali Bongo et Emmanuel Macron était dédié à la protection de la biodiversité et en particulier celle des forêts tropicales.  Il semble donc que le swap dette contre nature effectué il y a quelques semaines participait de l’esprit de ce sommet et correspondait au fonds souverain FGIS créé par le président Omar Bongo et qui prospère depuis quelques années. Akim Mohamed Daouda, responsable du FGIS, insistait sur la dimension écologique de son action : « En tant que pays dont 88 % du territoire est couvert de forêts et qui a absorbé 187 millions de tonnes de CO2 entre 2010 et 2018, le Gabon est un puits de carbone. La réduction des émissions dans la poursuite d’un objectif zéro carbone est ainsi une ligne directrice des activités de FGIS. Notre adhésion à la Net-Zero Asset Owner Alliance s’inscrit dans cet engagement, ainsi que dans notre volonté de promouvoir davantage les investissements verts au Gabon. »