La Commission internationale de stratigraphie (ICS), qui dépend de l’Union internationale des sciences géologiques (UISG), est la principale institution proposant le découpage de l’histoire de la Terre en éons — principale subdivision chronostratigraphique de l’échelle des temps géologiques —, ères, périodes, époques et âges1.

  • Depuis la formation de la Terre il y a environ 4,5 milliards d’années, presque 40 époques différentes (dont la durée varie de plusieurs dizaines de milliers à des dizaines de millions d’années) se seraient ainsi succédé.
  • L’entrée de notre planète dans l’époque de l’Holocène, celle dans laquelle nous nous trouvons actuellement (débutée il y a 11 700 ans), a été définie par la découverte de molécules d’hydrogène piégées dans des glaces du Groenland.

Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue mardi 11 juillet, le Groupe de Travail sur l’Anthropocène a annoncé avoir sélectionné un site géologique canadien, le lac Crawford (situé dans la province canadienne de l’Ontario), comme « clou d’or » indiquant que la Terre serait entrée dans l’époque de l’Anthropocène2.

Celui-ci fait partie des douze sites sélectionnés pour leur richesse sédimentaire permettant d’indiquer l’entrée dans une nouvelle ère géologique.

  • Le lac Crawford est dit « méromictique », ce qui signifie que la couche d’eau inférieure (le monimolimnion) ne se mélange pas avec les couches supérieures (mixolimnion), limitant les perturbations.
  • L’accumulation de sédiments (varve) dans le fond du lac enregistrent ainsi des « informations précises sur l’époque à laquelle elles se sont déposées » et témoignent des conditions environnementales passées3.
  • Lors de leurs recherches, les géologues du Groupe de Travail sur l’Anthropocène y ont relevé la présence de radionucléides provenant d’essais d’armes nucléaires, des traces de pollution industrielle (microplastiques, nitrogène, mercure, cendres volantes…) ainsi que des changements dans les types de pollens d’arbres enfouis, témoignant de la réaction de la forêt bordant le lac à l’augmentation des températures.

Si la désignation du lac Crawford comme lieu de référence indiquant l’entrée dans l’Anthropocène constitue un achèvement pour le Groupe de Travail, la communauté scientifique est divisée quant à l’ouverture d’une nouvelle période géologique avec si peu de recul4. Avant que celle-ci soit reconnue, plusieurs votes devront approuver trois propositions : le lac Crawford indique l’entrée dans l’Anthropocène (dont l’année exacte reste à déterminer), celle-ci met donc fin à l’époque de l’Holocène, et les autres sites non-sélectionnés pour être les « clous d’or » pourraient aider à définir l’Anthropocène à travers les environnements géologiques5.

Sources
  1. International Chronostratigraphic Chart, Commission internationale de stratigraphie, juin 2023.
  2. Press Material GSSP Candidate Site Announcement, Groupe de Travail sur l’Anthropocène, 11 juillet 2023.
  3. Crawford Lake, Canada, Groupe de Travail sur l’Anthropocène, 11 mai 2022.
  4. Sarah Kaplan, « Crawford Lake shows humans started a new chapter in geologic time, scientists say », The Washington Post, 11 juillet 2023.
  5. Alexandre Witze, « This quiet lake could mark the start of a new Anthropocene epoch », Nature, 11 juillet 2023.