À un an des élections au Parlement européen, la droite européenne apparaît à la fois certaine de son succès et inquiète pour son avenir. D’une part, les forces conservatrices et nationalistes bénéficient à ce stade d’une dynamique favorable indéniable. S’ils parviennent à accroître seulement légèrement leur part de voix globale, les trois groupes politiques allant du centre-droit à l’extrême droite pourraient obtenir à eux seuls une majorité parlementaire, ce qui serait du jamais vu dans l’histoire de l’Union. Dans le même temps, cependant, la perspective d’une union des droites fait naître des doutes existentiels chez une partie des modérés, hostiles à une telle alliance pour des raisons idéologiques ou tactiques. L’arrivée au pouvoir d’une nouvelle génération de leaders néo-nationalistes1 complique encore l’équation, en déplaçant les équilibres politiques aux dépens du centre comme de l’extrême droite traditionnelle.

Au vu des récents développements en Italie, en Suède et dernièrement en Finlande, qui ont vu de larges coalitions impliquant l’extrême droite accéder au pouvoir, la question d’une alliance similaire au niveau européen se pose. Le Parlement européen de la prochaine législature sera-t-il dominé par une majorité allant des chrétiens-démocrates aux ultranationalistes ? Quel rôle jouera le centre-droit, qui occupera l’espace médian au sein du futur parlement, dans la construction de nouvelles alliances ? Une question connexe est celle de la recomposition de l’espace politique européen qui accompagne les mutations des systèmes des partis nationaux comme de la situation géopolitique internationale. Verra-t-on émerger, à la faveur des alliances qui suivront l’élection, une grande coopération structurée entre nationalistes et illibéraux au niveau continental ? À la faveur de l’évolution des rapports de force à droite, l’Europe s’achemine-t-elle vers une tripartition de l’espace politique européen à la manière de la France contemporaine, vers un compromis au centre « à l’allemande », ou vers une normalisation des relations entre les nationalistes et le centre sur le modèle italien ?

Les tendances clefs de l’évolution de la droite

La législature qui s’achève a vu la droite européenne être confrontée à trois tendances fortes : une rupture du cordon sanitaire entre le centre et la droite ; un renforcement de l’influence des nationaux-conservateurs ; et une crise du centrisme.

Le déclin du « cordon sanitaire »

Le concept de « cordon sanitaire » a émergé en Belgique à la fin des années 1980 en réaction à la montée du parti d’extrême-droite Vlaams Blok (aujourd’hui Vlaams Belang) dans la région des Flandres2. Face à la rhétorique nationaliste et xénophobe de cette formation, les partis traditionnels belges avaient alors décidé d’établir un « cordon sanitaire » afin de l’isoler et de l’exclure de la scène politique. Par la suite, le terme a été appliqué à d’autres systèmes politiques dans lesquels les partis d’extrême droite gagnaient en popularité3.

À l’échelle européenne, il semble que le cordon sanitaire soit actuellement en déclin. Au cours des dernières années, les tendances politiques à l’œuvre dans plusieurs pays européens ont en effet montré que les partis politiques du centre sont de plus en plus enclins à collaborer, voire à gouverner, avec des forces d’extrême droite.

Deux événements politiques majeurs survenus en 2022 illustrent cette évolution. Le 22 octobre, en Italie, un nouveau gouvernement, dirigé par Giorgia Meloni (Frères d’Italie, FdI) a prêté serment. Plus des deux tiers des membres de la majorité parlementaires sont issus de deux partis de droite nationaliste : Les FdI, national-conservateur et post-fasciste, et la Ligue, un parti populiste de droite. Après un résultat électoral décevant, le parti de centre-droit de Silvio Berlusconi, Forza Italia, n’a pu rejoindre la coalition qu’en tant que troisième parti. Forza Italia devait toutefois apporter au gouvernement une certaine crédibilité en matière de politique européenne : son vice-président Antonio Tajani, président du Parlement européen entre 2017 et 2019, a été nommé ministre des Affaires étrangères du nouveau gouvernement. Ainsi, le cordon sanitaire, qui n’existait déjà plus en Italie, n’a de nouveau pas été appliqué. De surcroît, la première alliance gouvernementale de l’histoire récente dominée par l’extrême-droite a été formée4.

Dóra Maurer, Overlappings, 2006, acrylique sur toile et bois, 50×32 cm

Tout juste une semaine auparavant, le 14 octobre 2022, un accord de gouvernement avait été signé au château de Tidö, en Suède centrale, scellant définitivement la fin du cordon sanitaire suédois. Une alliance libérale-conservatrice autour d’Ulf Kristersson a décidé de s’allier avec les nationalistes de droite des Démocrates de Suède (SD) pour former une nouvelle majorité parlementaire. Les SD, bien que ne participant pas formellement au gouvernement, ont réussi à imposer leurs positions dans plusieurs domaines politiques importants, y compris la question de l’immigration5.

Dans ce contexte, on peut affirmer, à un an des élections européennes, que seuls onze des 27 États-membres de l’Union disposent encore d’un cordon sanitaire : l’Irlande et Malte, où aucun parti de droite n’est représenté au parlement national ;  la République tchèque, la Roumanie, la Slovénie et la Croatie ; et quatre États fondateurs de l’Union :  la Belgique, le Luxembourg, la France et l’Allemagne. Dans tous les autres États-membres, des gouvernements impliquant des partis de droite nationaliste se sont formés au niveau national ou régional depuis les années 1990. Par ailleurs, un certain affaiblissement du cordon sanitaire est visible dans certains des pays où il demeure en place. Ainsi, en République tchèque, des accords de gouvernement individuels ont été signés entre l’ANO, qui siège avec les libéraux au Parlement européen, et le SPD (extrême-droite) après les élections municipales de 20226. De même, en 2022, à l’Assemblée nationale française, deux candidats à la vice-présidence présentés par le Rassemblement national (RN) ont pu s’imposer face à leurs adversaires de gauche, aidés en cela par des voix venues du centre7.

Montée en puissance d’une nouvelle droite nationale-conservatrice

La montée en puissance d’une nouvelle droite nationaliste-conservatrice, représentée au Parlement européen par le groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE), est le reflet d’une tendance de fond de la politique continentale. Les CRE regroupent à la fois des mouvements néo-nationalistes récents, qui n’ont connu leurs premiers grands succès électoraux qu’après 2010 et se montrent généralement ouverts à une collaboration avec le centre politique, et des partis d’Europe centrale issus de la droite conservatrice, dont certains sont sur le devant de la scène politique depuis plusieurs décennies, comme le PiS (Pologne) et l’ODS (Tchéquie). 

En 2009, le groupe des CRE a exposé ses principes et ses valeurs  dans la Déclaration de Prague ; il s’y définit avant tout par le terme d’« euroréalisme ». Ce terme avait été utilisé auparavant, au début des années 2000, par les conservateurs britanniques, alors sous la direction de David Cameron, pour redéfinir la position du parti sur l’intégration européenne. Par « euroréalisme », il faut entendre une vision anti-fédéraliste de l’intégration européenne, dans laquelle les parlements nationaux doivent obtenir une place renforcée dans les processus décisionnels européens, en se référant davantage au principe de subsidiarité.

Si les partis membres des CRE ont renoncé à l’euroscepticisme conventionnel, ils se réclament cependant toujours d’une idéologie nationaliste, dont la présence est plus marquée que dans les programmes de l’extrême-droite des années 1980. Les discours identitaires et la prédominance des thèmes relatifs à la « loi et à l’ordre » ont de plus en plus supplanté les positions classiques de l’« extrême droite », par exemple sur les questions économiques8.

L’atlantisme est une autre caractéristique des CRE. Au Parlement européen, ces derniers sont désormais considérés comme le groupe parlementaire le plus pro-américain9. La proximité avec le Parti républicain américain, officiellement proche du groupe des CRE en tant que global partner, est particulièrement cultivée. Ainsi, une délégation des CRE participe chaque année à la Conservative Political Action Conference (CPAC), la plus grande conférence politique des conservateurs américains, où sont intervenus en 2023 des orateurs comme Donald Trump, Steven Bannon ou Marjorie Taylor Greene. 

Les CRE ont ainsi acquis une position unique. Ils associent à leur euroréalisme le rejet, commun parmi les Conservateurs européens, d’une Union toujours plus intégrée, le soutien aux aspects économiques de la construction européenne, et un atlantisme qui n’a rien d’inhabituel au sein de la droite européenne. Par ce positionnement inédit, les CRE défient la droite comme l’extrême droite traditionnelle. Leur volonté de collaborer avec le centre pour ne pas se laisser isoler sur la scène politique lui confère une position stratégique pour influencer la prise de décision au niveau européen.

La crise du centrisme

Au contraire de la droite conservatrice, qui connaît des tendances électorales favorables, les forces politiques du centre européen traversent une période difficile. Ainsi, les quatre partis du groupe Renew détenant le plus grand nombre de mandats doivent faire face, à l’échelle nationale, à une baisse parfois drastique de leurs performances dans les sondages.

Le parti Renaissance du président français Emmanuel Macron et ses alliés (actuellement une vingtaine de sièges au Parlement européen) ont perdu leur majorité à l’Assemblée Nationale en 2022, formant par la suite un gouvernement minoritaire. La cote de popularité du président n’est plus que de 30 % ; si un second tour hypothétique opposait aujourd’hui Emmanuel Macron et Marine Le Pen (RN, ID), cette dernière l’emporterait, selon les sondages, avec une avance pouvant atteindre 10 points de pourcentage.

Pour Ciudadanos (actuellement 7 sièges), la situation est encore plus dramatique. Après s’être implanté dans la plupart des régions espagnoles entre 2015 et 2019, le parti a connu un déclin rapide de son électorat à partir de 2019. Cette évolution a été déclenchée, entre autres, par la décision du parti de se décentrer vers la droite afin de poursuivre une politique de collaboration exclusive avec le Parti populaire (droite) et Vox. Depuis, Ciudadanos a disparu de tous les parlements régionaux d’Espagne. Une perte de tous les mandats restants lors des prochaines élections législatives de juillet 2023 est probable.

Le troisième plus grand parti du groupe, l’USR, est également confronté à des crises politiques et partisanes internes. Après des résultats électoraux prometteurs en 2020, le jeune parti, qui mettait l’accent sur un programme de réformes et de lutte contre la corruption, a formé une coalition avec le Parti national-libéral (centre-droit) et l’UDMR (minorité hongroise). La coalition a toutefois été rompue en septembre 2021, suite au refus de l’USR de soutenir un plan d’investissement du PNL susceptible de favoriser le clientélisme. L’USR est alors passée dans l’opposition. En 2022, en raison de tensions au sein de la direction du parti, une scission a eu lieu, au cours de laquelle l’ancien Premier ministre Dacian Cioloș, également ancien président du Renew, a fondé avec 4 autres eurodéputés le nouveau parti REPER.

La quatrième force du groupe Renew, le FDP allemand, a formé une coalition de centre-gauche avec le SPD (S&D) et les Verts en 2022. Depuis, sa cote de popularité ne cesse de baisser, s’établissant actuellement à seulement 8 %. Bien que cette évolution négative récente ne doive avoir qu’un effet limité sur la composition du groupe RE, compte tenu du score modeste du FDP lors des dernières élections européennes (5,4 %), la situation du FDP est manifestement précaire.

3. La droite après les élections européennes de 2024

Quels seront les équilibres politiques en Europe au lendemain des élections européennes qui se tiendront du 6 au 9 juin 2024 ? Quelles seront leurs conséquences pour les partis de droite en termes de recomposition interne et de stratégies de coalition ? On présentera d’abord les équilibres politiques probables au sein du Parlement européen, puis les différents scénarios envisageables s’agissant de la recomposition de la droite européenne et des coalitions au sein des institutions.

La composition du futur parlement européen

La méta-enquête EuropeElects du 31 mai 2023 ajustée par nos propres calculs10 permet d’estimer la composition des groupes lors de la prochaine législature du parlement européen.

Selon cette projection, le groupe de gauche GUE/NGL obtiendrait 53 sièges, en hausse de 13 sièges par rapport au résultat des élections de 2019, tandis que les deux autres groupes de centre-gauche verraient leur nombre de mandats diminuer, avec 63 sièges (-4) pour les Verts/ALE et 144 sièges (-4) pour les sociaux-démocrates (S&D). Les libéraux de Renew et les chrétiens-démocrates du Parti populaire européen (PPE) connaîtraient également une perte de 7 et 18 sièges respectivement, obtenant 90 et 169 mandats. Le groupe d’extrême-droite ID obtiendrait 70 sièges (-6) tandis que le groupe national-conservateur des Conservateurs et réformistes européens (CRE) augmenterait de moitié son poids parlementaire, passant de 62 à 87 sièges (+25). Même dans l’hypothèse la plus pessimiste vis-à-vis du rattachement des non-inscrits, les CRE enregistreraient un gain d’au moins 20 sièges.

Le résultat de ces projections est un parlement comportant un pourcentage historiquement faible de députés sociaux-démocrates (20 %) et chrétiens-démocrates (24 %), doublé d’un score record dans l’histoire récente pour la gauche radicale (8 %) et les conservateurs (14 %). Les groupes situés à droite du centre, libéraux exclus, composeraient 48 % du parlement, un chiffre lui aussi historiquement élevé. Les résultats des prochaines élections européennes devraient ainsi consacrer à la fois une hausse de la polarisation, un décalage vers la droite et un affaiblissement des trois groupes centristes qui constituent la coalition la plus courante au sein du parlement — trois tendances déjà présentes lors du scrutin de 201911.

Vers un « supergroupe nationaliste » ?

L’évolution probable des équilibres politiques au sein de la droite européenne se caractérise par un accroissement de l’influence des CRE au détriment du centre-droit et de l’extrême droite traditionnelle. Entre les CRE et ID, la proximité idéologique est réelle, et la division en deux camps résulte principalement de conflits de leadership et d’historiques différents12. Les groupes CRE et ID pourraient-ils, dès lors, fusionner de droit ou de fait au sein d’un « supergroupe nationaliste » susceptible de devenir la première force politique au niveau européen ?

L’idée d’une grande alliance nationaliste européenne a été évoquée de manière répétée au cours de la dernière mandature. À la veille des élections de 2019, Matteo Salvini avait déjà tenté de mettre en place une alliance de ce type, mais son initiative avait notamment échoué à convaincre le PiS polonais et les SD, du fait, entre autres, de son positionnement vis-à-vis de la Russie. In fine, l’opération avait abouti à la création du groupe ID, plus grand groupe d’extrême droite de l’histoire du Parlement européen. Fort de ce succès partiel, les leaders d’ID n’avaient pas abandonné l’idée d’un groupe nationaliste unifié. En décembre 2021, le « sommet de Varsovie » auquel participent Le Pen, Morawiecki et Orbán avait même entériné le principe d’une coopération accrue entre les partis nationalistes sur un agenda anti-fédéraliste et conservateur13

Mais avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, le clivage entre les deux groupes est revenu au premier plan, alors même que la question des rapports avec la Russie était encore minimisée par les représentants des deux groupes quelques mois plus tôt. L’ancienne génération des nationalistes d’Europe de l’Ouest, longtemps proche du régime poutinien14, s’oppose ici nettement aux formations atlantistes de la nouvelle génération et aux anti-communistes d’Europe orientale, désormais directement inspirés par le conservatisme de l’ère Trump. Signe de cette division, le parti des Vrais Finlandais a quitté le groupe ID en 2023 pour rejoindre le groupe CRE15.

De fait, depuis 2019, les rapports de force entre les CRE et ID se sont inversés. Si une alliance large doit être trouvée lors de la prochaine mandature, celle-ci ne pourra sans doute s’opérer qu’autour des leaders des CRE, parmi lesquels Meloni, Abascal (VoxES) et Morawiecki. Le groupe CRE pourrait tenter d’attirer dans son orbite une partie des membres actuels d’ID, en misant sur l’affaiblissement des membres restants. L’ensemble des partis formerait alors un groupe élargi qui pourrait atteindre les 120 membres, le troisième du parlement derrière le PPE et les S&D.

Un découplage assumé entre les deux branches du nationalisme continental constitue la seconde — et sans doute la plus probable — des hypothèses pour l’évolution de la droite nationaliste. Dans ce scénario, déjà évoqué pour interpréter les résultats de l’élection de 2019 le renforcement du « nationalisme transnational » ne s’accompagnerait pas de la formation d’un unique groupe de droite radicale16.

Un tel scénario apparaît bénéfique aux CRE dans la mesure où ceux-ci, comme le montrent les cas espagnol, italien et suédois, entendent acquérir des responsabilités exécutives en s’alliance avec la droite traditionnelle. Car pour déjouer les réticences des forces de droite modérées, majoritairement très atlantistes, la prise de distance avec les partis au passif trop ouvertement pro-russe apparaît indispensable.

Avec qui gouvernera la droite : les scénarios de coalition

La conception commune de la « coalition » est ancrée dans un régime de démocratie parlementaire majoritaire17. Dans ce type de régime, la pratique démocratique est fondée sur la division de l’espace politique entre une alliance parlementaire qui contrôle l’exécutif (parti ou « coalition » de gouvernement) et une minorité sans responsabilités exécutives jouant le rôle d’opposition. Toutefois, l’Union européenne s’organise selon un schéma différent, parfois classifié comme consociatif18. En particulier, les majorités obtenues au parlement n’obéissent pas à un schéma fixe : au lieu d’une coalition s’imposant pendant l’ensemble de la législature, on observe des coalitions variées sur différents sujets19.

Cette alternance entre plusieurs modèles des coalitions possibles n’équivaut cependant pas à une égale prévalence des différentes configurations d’alliance. C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre la référence fréquente à une « Grande coalition » des S&D, de RE et du PPE au sein des institutions européennes20. Les groupes S&D, RE et PPE, qui cumulent l’essentiel des postes au sein de la Commission et du Conseil, ont mis en place une culture de la coopération au sein des institutions européennes, qui les conduit à favoriser des alliances au centre. La coopération entre les trois groupes a pu être formalisée, comme après l’accord de 2014 entre S&D, ALDE et PPE, mais ses racines se trouvent dans une logique de recherche de consensus plus ancienne21

Au total, sur tous les textes adoptés entre 2019 et 2023, les groupes S&D et RE ont voté avec la majorité dans 93 % des  cas, les Verts dans 87 % des cas, le PPE dans 82 % des cas, GUE/NGL dans 76 % des cas, les CRE dans 53 % des cas et ID dans seulement 41 % des cas.

Ces chiffres confirment à la fois la variabilité des coalitions, le haut niveau de consensus, et l’existence tendancielle d’une Grande coalition. Ils confirment par ailleurs la plus grande proximité des partis de gauche (y compris de la gauche radicale GUE/NGL) avec les décisions majoritaires du parlement.  Dans les faits, le Parlement européen actuel apparaît dominé par une Grande coalition centrée sur le groupe RE et s’étendant par consensus à l’ensemble de la gauche. Les groupes de droite nationaliste CRE et ID y sont de loin les plus isolés, mais restent capables de peser dans le jeu parlementaire : CRE et ID votent en faveur d’environ la moitié des textes adoptés, et peuvent former avec le centre et la droite des majorités de blocage sur certains sujets.

Au regard des projections décrites au début de cette partie, la « Grande coalition » devrait rester largement majoritaire au sein du nouveau parlement, cumulant environ 57 % des sièges. Toutefois, l’influence du PPE au sein des configurations de ce type devrait s’accroître. En effet, la coalition alternative de centre-gauche associant GUE/NGL, Verts/ALE, S&D et RE, dont on a vu qu’elle contribuait à l’adoption plus de 10 % des textes, est susceptible de perdre la majorité dont elle dispose lors de la mandature actuelle (49,7 % des sièges contre 51 % précédemment). Pour pouvoir s’imposer, les libéraux et la gauche dépendront davantage, à l’avenir, de l’appui du PPE ou de la recherche de soutiens extérieurs.

Le nouveau parlement voit également la part de voix de la coalition PPE-CRE-ID s’accroître, sans pour autant atteindre la majorité des sièges (de 46,1 % à 47,8 %). La droite disposant de davantage de réserves parmi les non-inscrits et les libéraux, cette quasi-majorité devrait constituer lors de la prochaine législature une autre option envisageable pour le PPE. Enfin, la coalition RE-PPE-CRE obtiendrait 51 % des sièges, contre 49 % dans le parlement actuel.  Un accord des libéraux et des chrétiens-démocrates avec les  nationaux-conservateurs pourrait suffire à mettre en minorité les partis de gauche et de centre-gauche, sans nécessiter d’accords avec l’ancienne génération de l’extrême droite européenne.

Par sa position centrale dans l’espace des préférences, RE fait actuellement partie de toutes les coalitions minimales les plus importantes. Dans le nouveau parlement, c’est le PPE qui devrait reprendre cette position. Il faut donc s’attendre à ce que le PPE puisse imposer plus aisément ses positions, ce qui devrait conduire à la fois à une politique économiquement plus conservatrice, plus atlantiste, et plus à droite sur le plan social et culturel. 

Grande coalition ou Unions des droites : le scénario Merkel, le scénario Kristersson et le scénario Meloni

Au sein du nouveau parlement, la fréquence relative des alliances au centre ou à gauche d’une part, et des alliances à droite ou à l’extrême droite d’autre part, dessine trois scénarios principaux.

Dans le « scénario Merkel », une forme de cordon sanitaire est maintenue au moins par le PPE vis-à-vis d’ID et par les libéraux vis-à-vis des CRE. Les coalitions au centre voire au centre-gauche demeurent alors la configuration privilégiée au sein du Parlement européen. Même dans cette configuration, le PPE conserve une posture de négociation plus forte vis-à-vis de ses anciens alliés que lors de la mandature actuelle, et peut accroître son influence au sein du parlement. Cette approche est celle jusque-là adoptée par la politique allemande d’après-guerre, où le centre-droit exclut toute alliance avec les nationalistes. La Grande coalition est maintenue indéfiniment lorsque le poids des partis jugés infréquentables s’accroît, quitte à accepter une hausse encore plus forte du sentiment populiste22.

Dans les deux autres scénarios, le centre-droit s’engage au contraire dans une collaboration suivie avec tout ou partie de la droite radicale. Les deux variantes possibles dans le cas du Parlement européen sont une coalition nationale-libérale RE-PPE-CRE sur le modèle de l’actuel cabinet d’Ulf Kristersson en Suède, et une Union des droites PPE-CRE-ID+ sur le modèle du gouvernement Meloni.

Dans le « scénario Kristersson », le groupe ID reste exclu de toute coopération formelle ou semi-formelle entre les partis, ce qui permet de réduire les risques réputationnels pour le centre-droit et garantit une ligne atlantiste. L’opposition d’ID aux propositions portées par le PPE et les CRE est acceptée, et compensée par une ouverture vers le centre. Une telle configuration devra cependant vaincre les résistances de l’aile gauche du groupe Renew — fin 2022, Renew avait fermement condamné la participation de Liberalerna, membre du groupe, au gouvernement Kristersson23

Dans le « scénario Meloni », l’Union des droites devient majoritaire en impliquant une frange limitée des libéraux et certains non-inscrits. La majorité que ce scénario mobilise (associant PPE, CRE et ID) peut difficilement être formalisée : l’importation du schéma italien dans le contexte du Parlement européen exigerait un aggiornamento d’ampleur dans les positions du PPE et des CRE vis-à-vis d’ID, hautement invraisemblable dans le contexte de la guerre en Ukraine. Cependant, on a vu que le contexte du Parlement européen pouvait aisément se passer de telles coopérations formelles. Un « scénario Meloni » passerait donc plus vraisemblablement par une collaboration assumée entre PPE et CRE, soutenue au moment du vote par l’aile droite de RE et ID. On pourrait ainsi voir se multiplier les majorités de droite sur des sujets sociétaux ou culturels, particulièrement lorsque les positions du PPE divergent fortement de celles du centre-gauche.

Étant donné la convergence des positions des CRE et d’ID sur un grand nombre de sujets24, les voix d’ID pourraient être relativement aisées à obtenir en cas d’accord PPE-CRE. Dès lors, le « scénario Meloni », qui présente l’avantage d’une ouverture à toutes les droites, apparaît plus souple et plus aisé à mettre en œuvre que le « scénario Kristersson ». Ce dernier resterait dès lors confiné aux sujets où CRE et ID sont en désaccord et ou une coalition au centre est inenvisageable, tandis qu’ID voterait avec les partis de droite dans la plupart des autres cas.

Dóra Maurer, IXEK 21, 2017, acrylique sur toile et bois, 125×146 cm, MD533

Le rôle-clé des conservateurs allemands et des libéraux

En Allemagne, la CDU/CSU a suivi jusqu’à présent une politique de distance et a fermement exclu toute collaboration avec l’AfD. Lors du congrès fédéral de la CDU en 2018, le parti s’est engagé à refuser toute forme de coopération avec la formation d’extrême droite. Plusieurs raisons peuvent expliquer la fermeté de cette position de l’Union, dont la principale est sans doute l’héritage de la politique allemande d’après-guerre. La CDU, fondée après la Seconde Guerre mondiale comme mouvement centriste, estime qu’il est de sa responsabilité de préserver l’ordre démocratique et d’empêcher la normalisation ou la légitimation de l’extrémisme. Comme la CDU considère l’AfD comme un « parti antidémocratique et fascisant », dont certains représentants minimisent régulièrement et publiquement le national-socialisme, l’attitude de la CDU ne peut se traduire que par une exclusion systématique de toute alliance ou coopération avec l’AfD25.

Au niveau européen également, la CDU semble vouloir défendre et imposer cette ligne. Lorsqu’une alliance gouvernementale entre les Frères d’Italie, Forza Italia et la Ligue de Matteo Salvini a vu le jour en Italie après les élections législatives de septembre 2022, le chef du PPE et membre de la CSU Manfred Weber a rencontré la présidente des ECR et nouvelle Première ministre italienne Giorgia Meloni à Rome pour discuter d’une éventuelle collaboration entre les deux groupes. La réaction de la CDU a été immédiate : certes, avec Forza Italia, un parti-frère du PPE fait désormais partie du nouveau gouvernement italien, mais les deux autres partis de la coalition défendent des positions politiques « qui sont en grande partie incompatibles avec les positions du PPE » selon Jürgen Hardt, porte-parole du groupe CDU/CSU au Bundestag pour les affaires étrangères. Ainsi, Hardt n’a pas seulement clairement indiqué qu’une alliance entre CRE et PPE au Parlement européen n’était pas d’actualité du point de vue de la CDU, mais il a directement transposé les positions de son parti vis-à-vis des partis nationaux de droite à l’ensemble de la famille des partis du PPE. Weber a d’ailleurs dû essuyer des critiques à l’intérieur-même de la CSU : le ministre-président de Bavière et chef de la CSU, Markus Söder, a appelé à faire barrage aux « groupes néofascistes » et a déclaré que les partis du centre-droit n’étaient pas là pour permettre à des gouvernements d’extrême droite de voir le jour26. Mais en dépit de ces réactions, Weber a à nouveau qualifié le modèle de coalition italien de « particulièrement intéressant pour le PPE » dans une allocution vidéo début mai27.

Plus grande formation du groupe PPE en nombre de députés, la CDU/CSU dispose d’une capacité unique à bloquer les tentatives de formation d’une majorité à droite du centre. Concrètement, avec les autres partis du PPE les plus susceptibles de s’en tenir à une politique de cordon sanitaire (dont la coalition électorale de Donald Tusk en Pologne et les chrétiens-démocrates luxembourgeois et belges), la CDU/CSU devrait disposer d’environ 50 à 55 mandats. Étant donné que les députés PPE, CRE, ID et non-inscrits pris ensemble ne devraient obtenir qu’une majorité de quelques sièges, une telle alliance interne au PPE constitue une robuste minorité de blocage.

Indépendamment de la composition exacte et des rapports de force individuels au sein du groupe PPE, l’attitude de la CDU/CSU en tant que parti devrait avoir une influence décisive sur les futurs rapports de coalition — car aucun autre parti du centre ne disposera d’une minorité de blocage similaire à celle des conservateurs allemands.

Une question similaire se pose aux partis du groupe Renew. La plupart des grands partis du groupe Renew s’inscrivent en effet sur une ligne résolument  pro-européenne. Du fait de cette position, ils se trouvent fréquemment en conflit, au sein de leurs espaces politiques respectifs, avec les forces politiques nationalistes ou eurosceptiques. C’est le cas de Renaissance ou encore de l’alliance polonaise Trzecia Droga. Cependant, un certain nombre de partis membres de Renew, généralement situés sur son aile droite ou présentant un programme plus eurosceptique, ont pu expérimenter des alliances avec les nationalistes. On peut penser au VVD néerlandais, toléré au parlement par le PVV de Geert Wilders sous le premier cabinet Rutte, et plus encore au parti populiste ANO d’Andrej Babiš, qui s’est affiché avec Viktor Orbán lors de sa campagne de 202128. Au total, sur le fondement de leurs expériences nationales (historique de coalitions, positionnement idéologique, clivages nationaux), on peut estimer qu’environ 35 des 90 membres de RE lors de la législature à venir devraient être disposés sans grandes réserves à des accords avec les nationalistes.

Si un tel volume de voix est insuffisant pour compléter à elle seule une majorité PPE-CRE, il suffit en revanche aisément à assurer une majorité dans le « scénario Meloni ». Contrairement à celle du PPE, la marge de manœuvre de la direction de Renew est ici limitée, l’initiative d’un tel scénario revenant au Parti populaire. Déjà affaiblis dans les sondages, les libéraux risquent la division et une perte d’influence majeure de leur ligne centriste si le scénario d’une coopération accrue entre PPE et CRE venait à se concrétiser. Le premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel ne s’y est pas trompé en déclarant dans Le Monde du 11 juin 2023 : « La situation au Parlement européen risque effectivement d’être difficile. J’espère au moins que le Parti populaire européen [conservateur] n’opérera pas un mariage de raison avec l’extrême droite et que les conservateurs eurosceptiques [CRE] la rejetteront vers le groupe des identitaires »29.

Conclusion : quelle droite gouvernera l’Europe ?

La droite européenne, et en particulier ses secteurs nationalistes, devraient sortir renforcés de la séquence politique à venir. Les principaux bénéficiaires de ce glissement devraient être, dans un premier temps, les partis du centre-droit traditionnel. Ceux-ci se trouveront plus que jamais — et ce, malgré leur affaiblissement tendanciel — au centre des équilibres politiques continentaux.

Au sein de la droite radicale, la division entre les nationaux-conservateurs du groupe CRE, atlantistes et plus proches du centre-droit sur les questions économiques, et les nationalistes d’ID ne semble pas près de disparaître. Les CRE, en pleine croissance, pourraient tenter de tirer partie de cette division pour se distinguer des partis de l’extrême droite européenne historique et conclure des alliances avec le centre-droit.

Le « cordon sanitaire » qui voyait les partis du centre refuser de s’allier avec la droite radicale est en déclin en Europe. Il s’accompagne d’un affaiblissement d’une partie du centre, libéraux en tête. De ce fait, les alliances à droite et à l’extrême droite sur le modèle suédois ou italien deviendront, selon toute vraisemblance, une option arithmétiquement et stratégiquement envisageable pour une partie des mouvements de centre-droit lors de la prochaine législature du Parlement européen. La pratique des coalitions au sein du Parlement, qui se caractérise par des majorités changeantes d’un texte à l’autre, laisse envisager un continuum de scénarios allant de la poursuite d’une stratégie d’accords au centre voire ou centre-gauche (« scénario Merkel ») à une « Union des droites » disposant en théorie d’une majorité absolue (« scénario Meloni »). Le scénario effectivement adopté dépendra pour une large part des choix du Parti populaire européen (PPE).

Au sein du PPE, les Conservateurs allemands et leurs alliés de centre-droit occupent une position-clé. Strictement opposée à toute collaboration avec les partis nationalistes à l’échelle nationale comme européenne, l’Union CDU/CSU devrait disposer d’une minorité de blocage suffisante pour empêcher toute majorité de droite et d’extrême droite. Si le chef du PPE Manfred Weber (CSU) ne cache pas son intérêt pour un « scénario Meloni », sa position fait réagir au sein de la direction de l’Union. Plus qu’entre les mains des députés européens eux-mêmes, la clef du dilemme pourrait en définitive se trouver à Berlin et à Munich, là où les deux grandes formations conservatrices élaborent leurs positions officielles.

À la veille d’une élection européenne cruciale, cette responsabilité historique ne saurait être sous-estimée.

Sources
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  15. McDonnell, D., & Werner, A. (2020), op. cit.
  16. La théorie de langue allemande parle, de manière sans doute plus claire, de « démocratie de concurrence » (Konkurrenzdemokratie) s’opposant à une « démocratie de concordance » (Konkordanzdemokratie). Voir Lijphart, A. (1999). Patterns of democracy : Government forms and performance in thirty-six countries. Yale university press ; voir aussi Schmidt, M. G. (2000). Demokratietheorien. Springer.
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