Il s’agit de la deuxième fois que l’ancien président Donald Trump est mis en examen cette année, mais cette fois-ci au niveau fédéral (où il devra répondre d’accusations bien plus graves).

  • Le 30 mars dernier, Trump était mis en examen par le grand jury de Manhattan pour l’affaire des sommes d’argent versées en 2015 à Stormy Daniels par l’intermédiaire de son avocat d’alors, Michael Cohen.
  • Pour l’ex-président, cette décision est politiquement motivée par l’administration démocrate au pouvoir. Dans une vidéo publiée peu de temps après l’annonce de sa mise en examen, Trump invitait ses partisans à « ne pas les laisser faire », dénonçant « l’instrumentalisation du département de la Justice et du FBI »1.
  • Il semble important de rappeler que cette mise en examen ne relève pas de l’autorité du département de la Justice mais de celle du procureur spécial Jack Smith, nommé par le procureur général des États-Unis Merrick Garland, qui agit indépendamment de ce dernier, comme le rappelle le constitutionnaliste Laurence Tribe2.

Le document dévoilant les détails des accusations portées contre Donald Trump fait était de 38 chefs d’accusation contre ce dernier et un assistant de l’ex-président, Walt Nauta, dont : 31 accusations en lien avec des dissimulations d’informations relatives à la défense nationale, 5 se rapportant à la dissimulation de documents classifiés et 2 chefs d’accusation concernant des fausses déclarations faites au FBI par Trump et Nauta3.

Comme nous l’écrivions en août dernier, il est incertain que cette — nouvelle — mise en examen nuise assez à Trump pour le priver d’une réélection en 2024. 

  • Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur les impacts politiques et électoraux que de telles accusations pourraient avoir.
  • Dans l’un des premiers sondages conduits suite à cette mise en examen, publié dimanche 11 juin, la part des Américains considérant « que les charges retenues dans chaque acte d’accusation sont sérieuses » a augmenté de 9 points par rapport à la mise en examen de Trump à New York fin mars, passant de 52 à 61 %4.
  • Environ la moitié des sondés (47 %) considère que ces accusations sont motivées par des considérations politiques, correspondant au récit mis en avant par Trump lui-même. Cette proportion est relativement stable (en baisse de 3 points) par rapport à la mise en examen du mois de mars.

Tandis que Trump a déclaré ce week-end qu’il contestait ces accusations lors de conventions du Parti républicain en Caroline du Nord et en Géorgie, l’ancien président a d’ores et déjà annoncé qu’il plaiderait non-coupable lors qu’il comparaître demain devant un tribunal fédéral de Miami5. Si Trump a reçu le soutien — direct ou implicite — de nombreux Républicains, dont celui de son rival pour l’investiture républicaine, Ron DeSantis, la gravité des chefs d’accusation a conduit l’ancien procureur général de Trump, Bill Barr, à qualifier la mise en accusation de « très accablante »6.

Sources
  1. Trump responds to indictment, calls it ‘a hoax’ | LiveNOW from FOX, YouTube, 9 juin 2023.
  2. Laurence Tribe : Trump indictment is ‘vindication for the rule of law’, MSNBC, 10 juin 2023.
  3. Pour lire l’acte d’accusation annoté : Charlie Savage, « The Trump Classified Documents Indictment, Annotated », The New York Times, 9 juin 2023.
  4. ABC News/Ipsos Poll, 9,10 juin 2023.
  5. Sophie Cai, « Trump ratchets up his rhetoric in North Carolina », Axios, 11 juin 2023.
  6. Ashley Capoot, « Trump indictment is ‘very, very damning,’ his former attorney general says », CNBC, 11 juin 2023.