1 — Au lendemain des élections, qui sont les gagnants et les perdants ?
Les résultats sont à la fois le symbole d’une cuisante défaite pour Syriza et d’un succès pour Mitsotakis et sa stratégie. Nouvelle Démocratie a remporté 40,79 % des votes ; Syriza, 20,07 % ; le PASOK, 11,46 % ; le KKE, 7,23 % et Solution grecque, 4, 45 %.
Sur les trente-six partis en lice, cinq entrent donc au Parlement. Des petits partis ne parviennent pas à passer la barre des 3 % nécessaires siéger. C’est le cas de MéRA25, le parti de l’ancien ministre des finances en 2015, Yanis Varoufakis, qui avait obtenu des sièges aux élections de 2019. L’ancienne présidente du Parlement en 2015, Zoe Konstantopoulou, avec son parti Cap vers la liberté, a quant à elle remporté 2,89 % des voix. Un parti d’extrême droite, la coalition appelée NIKH, a remporté 2,92 % des suffrages.
Cinq partis sont donc représentés, trois à deux doigts d’entrer au Parlement, quelques autres ont des scores insignifiants, inférieurs à 1 %. Pourtant, ils représentent un réservoir de voix qui sera important pour la suite, alors que le Premier ministre a déjà annoncé la tenue de nouvelles élections au plus tard le 2 juillet.
Au total, cette élection est donc un échec pour Syriza et un succès pour Nouvelle Démocratie. Pourtant, s’il y a bien une déferlante bleue à la Vouli, le nombre de voix captées par Nouvelle Démocratie a peu évolué. Alors que l’abstention est légèrement inférieure à celle de 2019, Nouvelle Démocratie dispose de 2,4 millions de voix quand il en avait obtenu 2,25 en 2019. Syriza perd 600 000 voix.
En valeur absolue, les deux vainqueurs sont en réalité le PASOK, le parti social-démocrate qui s’était effondré pendant la crise grecque, et le KKE, le très dogmatique parti communiste grec. Le PASOK augmente de plus de 200 000 son nombre de voix. Le KKE augmente de 126 000 voix. Un petit parti d’extrême-droite, Solution grecque gagne quelques 53 000 voix supplémentaires. L’effondrement de Syriza n’a donc pas eu pour contrepartie un engouement massif pour Nouvelle Démocratie mais plutôt une réémergence de partis de taille plus moyenne électoralement mais qui sont des partis historiques, structurés et implantés à toutes les échelles de la société.
2 — Quels facteurs conjoncturels ont pu conduire à ce résultat ?
En premier lieu, tous les sondages d’opinion se sont trompés sur les résultats finaux. Ils avaient annoncé un écart compris entre 3 et 7 points. Cet écart a été beaucoup plus important. La dynamique d’après l’accident de train, le 28 février, était pourtant en faveur de Syriza — elle ne marquait pas non plus de changements massifs, mais elle était bien présente. Cependant, avec le déroulement de la campagne, celle-ci s’est essoufflée.
Deux éléments de conjoncture immédiats ont pu jouer. L’ancien ministre en charge des retraites sous le gouvernement Syriza, Georges Katrougalos, a fait une sortie en disant qu’il était convaincu que, si Syriza revenait au pouvoir, la réforme des retraites qu’il avait faite adopter — laquelle avait été amendé par Nouvelle Démocratie — serait révisée de nouveau. Selon Katrougalos, les amendements n’étaient ni bons ni justes. Grosso modo, il a déclaré vouloir revenir à son système qu’il considérait plus égalitaire.
Sauf que Syriza n’a pas du tout mis ce point à l’ordre du jour dans son programme de campagne. En plus, pour les Grecs qui aujourd’hui ne peuvent pas prendre leur retraite à cause du recul de l’âge de départ, le malheur a un nom, Georges Katrougalos — qui a fait passer cette réforme lorsqu’il était membre du gouvernement Syriza. Immédiatement, la Nouvelle Démocratie s’est saisie de cette sortie en affirmant que Katrougalos révélait un « agenda caché » de Syriza sur cette question traumatisante en Grèce.
Syriza, et plus exactement son chef de file, Alexis Tsipras, ont commis une deuxième erreur conjoncturelle. Quelques jours après l’interdiction des petits partis néonazis par la Cour suprême grecque le 2 mai dernier, Tsipras a dit en substance que leurs électeurs étaient les bienvenus à Syriza. Là encore, Nouvelle Démocratie en a joué, pointant le fait que Syriza était prêt à recevoir des électeurs néonazis. Le fait est que c’est sous le gouvernement même de Nouvelle Démocratie que ce parti néonazi a été interdit. C’est aussi sous ce gouvernement que le procès d’Aube dorée, le parti néonazi qualifié d’organisation criminelle, a eu lieu. S’il est incontestable qu’une partie des électeurs avait voté pour Aube Dorée par contestation, le discours de Syriza n’était pas audible et c’était là sa deuxième erreur dans la dernière ligne droite.
Enfin, Syriza a tardé à présenter un programme de campagne. Dans l’opposition, le parti a misé sur la colère de la population, mais n’a pas présenté d’alternative crédible. Syriza pensait capitaliser sur la déception engendrée par Nouvelle Démocratie. Manifestement, cela n’a pas suffi…
3 — Et les facteurs plus structurels ?
L’accident de train qui a fait 57 morts au début de l’année permet de faire le lien entre les questions de conjoncture et les problèmes structurels, car celui-ci était lié à un défaut d’investissement. Il est en effet désormais prouvé que les conditions de sécurité n’étaient pas remplies, et que les fonds européens n’avaient pas été utilisés pour mettre en place un système de sécurité viable.
De plus, les trois partis aujourd’hui en tête dans les élections (Nouvelle Démocratie, Syriza et le PASOK) sont des partis qui, à un moment ou un autre, ont signé des accords de prêt avec l’Union européenne ou le FMI, lesquels ont mené à des formes de privatisation.
En conséquence, tous ces partis semblent compromis aux yeux de l’opinion grecque. Les Grecs répètent : « ce sont tous les mêmes », ou bien : « qu’ils dégagent tous ». Ces mots forts expriment bien la désaffection politique. Pour une bonne part de la population, tous les partis qui ont été au gouvernement depuis dix ans sont en quelque sorte compromis dans cet accident.
Mitsotakis a très habilement joué sur ce sentiment. Il a commencé par dire : « Ce n’est pas notre faute, mais celle d’une personne » ; après avoir vu que ce discours ne passait pas dans l’opinion, il a déclaré que tous les partis étaient coupables et impliqués, mais que Nouvelle Démocratie, par sa capacité de management, était le plus à même de résoudre rapidement ce problème. L’on pourrait bien entendu ironiser : que ne l’a t-il résolu pendant les quatre années passées ! Mais ce qui est fascinant, c’est que le ministre en charge de cette question, Kostas Karamanlis, après avoir démissionné suite à l’accident, a été réélu avec un excellent score.
Ces résultats montrent au fond que Nouvelle Démocratie réussit à travailler l’opinion publique à tous les niveaux, et d’abord à travers les grands médias.Cette élection révèle que Nouvelle Démocratie est le seul parti de masse qui existe et résiste en Grèce.
4 — Pourquoi la jeunesse, que l’on s’attendait à voir jouer un rôle important, ne s’est-elle pas davantage mobilisée ?
Les premiers résultats par classe d’âge montrent que 33 % des 17-24 ans ont voté Nouvelle Démocratie, 28,8 % Syriza, 10,5 % pour le Pasok, 6,4 % pour le KKE, 5,9 % pour Solution grecque et 5 % pour MéRA25. Nouvelle Démocratie fait donc un moins bon score chez les jeunes que dans la population, contrairement aux partis de gauche. Mais ces chiffres montrent aussi très clairement que le parti a une base dans la jeunesse.
Il faut revenir un instant sur les propos tenus après l’accident de Tempe. Tous les jeunes étaient vent debout contre Mitsotakis ; ils étaient dans la rue, y compris des jeunes qui pouvaient avoir une sympathie pour Nouvelle Démocratie. Tous disaient que c’était une « catastrophe ». Cependant, si les proches de Syriza accusaient le gouvernement Mitsotakis, ceux proches de Nouvelle Démocratie lui reconnaissaient une responsabilité, mais ils soutenaient qu’elle était partagée et que le gouvernement Mitsotakis avait hérité de la privatisation réalisée par Syriza.
Ensuite, il faut comprendre que la jeunesse qui s’est rendue pour la première fois aux urnes ce dimanche est née peu avant 2005 — l’âge légal pour voter étant de dix-sept ans. Toute sa mémoire biographique est donc celle d’une Grèce en crise. Ce n’est pas une mémoire des décisions prises entre 1974 et 2010 — date de signature du premier mémorandum — ni, plus tard, celle d’une Grèce qui a sombré dans la crise à partir de 2010. Il n’ont pas vécu cette période et n’ont pas vu en quoi cette crise est également le résultat des politiques menées par la Nouvelle Démocratie et le Pasok depuis la chute des colonels en 1974. Leur mémoire est celle d’une Grèce qui se serait pliée sous les injonctions de l’Union européenne — comme le disent un certain nombre de jeunes, plutôt de gauche. Et quand les jeunes ne vont pas sur le terrain européen, ils disent : « nous n’avons plus d’avenir ici ». Une jeunesse sans avenir peut-elle se mobiliser sans rêver ? Mitsotakis leur a vendu un projet simple qui repose sur une réussite par l’investissement personnel.
Il faut enfin savoir que le vote par procuration n’existe pas en Grèce et qu’il est compliqué de changer de bureau de vote. J’ai rencontré hier soir une jeune qui avait très envie d’aller voter pour Syriza — non par conviction, mais parce qu’elle ne voulait plus de Nouvelle Démocratie. Elle n’a cependant pas pu le faire, parce qu’elle travaille à Athènes et que son bureau de vote est à Lesbos. En raison du coût du billet d’avion (ou du ferry), de la perte d’une journée de travail, de son manque d’enthousiasme aussi, elle a choisi de ne pas aller voter.
Les clefs d’un monde cassé.
Du centre du globe à ses frontières les plus lointaines, la guerre est là. L’invasion de l’Ukraine par la Russie de Poutine nous a frappés, mais comprendre cet affrontement crucial n’est pas assez.
Notre ère est traversée par un phénomène occulte et structurant, nous proposons de l’appeler : guerre étendue.
5 — Mitsotakis n’a pas de majorité absolue pour gouverner et de nouvelles élections vont avoir lieu. Quand et comment cela va-t-il se passer ?
Les élections auront lieu le 25 juin ou au plus tard le 2 juillet si les partis ne parviennent pas à former de coalition d’ici là. Ils ont annoncé qu’ils n’en formeraient pas.
Quand Syriza était au gouvernement, il a fait passer une nouvelle loi électorale qui introduisait la proportionnelle intégrale à partir du moment où l’on franchissait la barre des 3 %. Cette proportionnelle intégrale, espérée par un certain nombre de personnalités de gauche, allait permettre une meilleure représentation du pays dans sa diversité et forcer à créer des coalitions pour avoir des gouvernements agissant sur la base du compromis.
Les Grecs semblent avoir dit non à cette initiative. Il y aura donc une deuxième élection, au plus tard le 2 juillet, sur la base de nouvelles lois électorales qu’a fait voter Mitsotakis. Elles introduisent une prime au parti arrivé en tête, inversement proportionnelle à son score. Avant que Syriza ne l’abolisse, il y avait déjà une prime de cinquante sièges. Celle-ci sera maintenant variable, cinquante sièges au maximum dans un Parlement qui en compte 300.
6 — Quel a été le rôle personnel de Tsipras et de sa stratégie dans cette défaite ?
Ces élections révèlent que le mouvement, qui s’est construit autour de la personnalité d’Alexis Tsipras à partir d’un petit parti de la gauche communiste, n’a pas réussi à se transformer en parti de masse.
On le voit à plusieurs choses : au score de Nouvelle Démocratie ou à la forte concurrence du Pasok, le parti social-démocrate que tout le monde pensait mort. On le voit aussi dans les résultats des différentes élections où Syriza n’a pas d’implantation locale. Ce parti a incarné la contestation des politiques d’austérité mais, après son passage au gouvernement, n’a pas réussi à emporter une adhésion à sa conception programmatique.
En réalité, le mouvement constitué autour d’Alexis Tsipras n’est pas parvenu à se transformer en parti de masse qui doit répondre aux aspirations des différentes sphères de la société en leur apportant des réponses. Aujourd’hui, les classes moyennes n’ont pas voté en nombre pour Syriza : elles semblent avoir privilégié le Pasok..
Il n’y aujourd’hui plus beaucoup d’adhésion pour la personne de Tsipras. Alors que l’on a pu dire pendant longtemps que le temps des partis était fini, que désormais il n’y aurait plus que des mouvements, on voit pourtant qu’aujourd’hui, Nouvelle Démocratie, le vainqueur des élections, a réussi à gagner parce qu’il est, précisément, davantage un parti de masse qu’un mouvement.
7 — L’avenir politique de Syriza est-il condamné ?
Aujourd’hui l’image de la Grèce est celle d’une forme de normalité — la Grèce est sortie des mémorandums sous Syriza, après que celui-ci les eut signés. Le pays est beaucoup plus accepté sur la scène européenne. Pourtant, quels sont les partis qui détiennent les postes dans les institutions européennes ? D’abord le PPE, le parti européen dont est membre Mitsotakis. Or ce parti est tout à fait prêt à soutenir les partisans de l’extrême droite — on l’a vu dans le cas de l’Italie. Or il y a en parallèle, au sein de Nouvelle Démocratie, tout un courant qui provient de l’extrême-droite.
Syriza, qui a essayé de tenir un positionnement de centre-gauche, n’a pas réussi à être accepté, ni par ses électeurs, ni par l’environnement européen — qu’il soit politique ou médiatique. En définitive, les électeurs grecs ont eu très peur de la prédiction de Mitsotakis : « moi ou le chaos ». Cette stratégie, simple, a payé.
« Le chaos » renvoyait à l’année 2015, où la pression a été mise sur la Grèce — via la fermeture de banques — pour qu’elle signe un mémorandum, ce que Tsipras a fait. Cette période de crise laisse des traces profondes dans la mémoire collective grecque, comme on le voit avec les jeunes. Un autre point est important cependant : dans ce retour à la normalité de la Grèce, la gauche doit se poser des questions. Les premiers résultats de 2019 montraient que le vote populaire restait un vote pour Syriza — par exemple dans les banlieues d’Athènes ou de Thessalonique ; dans les régions pauvres aussi. Les classes défavorisées votaient donc pour Syriza, quand les classes aisées allaient directement à Mitsotakis.
En martelant : « La dernière chose dont le pays a besoin, c’est d’instabilité », Kyriakos Mitsotakis a surfé sur la période détestée de 2015, qui hante la mémoire des Grecs. Il a répété qu’il était celui qui avait redressé le pays. La stratégie de l’homme fort qu’a voulu incarner Mitsotakis a fonctionné. Son message a porté.
Aujourd’hui, quelle est la base électorale de Syriza ? Il faut tirer de son déclin cette conclusion : quand la gauche se coupe du monde du travail, elle se perd. Syriza a recentré son discours sur les questions LGBT, l’affaire des écoutes, les problèmes liés à l’État de droit ou la critique de la mafia grecque. Ces questions sont essentielles, mais quand le coût de la vie augmente de 7,4 %, quand des parents doivent se priver pour donner à manger à leurs enfants, quand des foyers ne peuvent plus partir en vacances, elles ne sont pas les questions prioritaires.
8 — Peut-on expliquer ainsi le score relativement élevé du Parti communiste ?
Oui, car le Parti communiste reste un parti extrêmement organisé, qui n’est pas coupé du monde du travail. Il dispose même d’un courant syndical, le PAME, un front très présent la dans la contestation sociale.
Ceci alors que le KKE d’aujourd’hui est un parti rempli d’ambiguïtés : il prône la révolution, mais continue à se présenter à toutes les élections ; il soutient la sortie de l’Union européenne, mais dispose de députés au Parlement européen — il a d’ailleurs davantage attaqué Syriza pendant sa campagne que la droite au pouvoir. C’est un parti pétri de contradictions, qui n’offre pas de débouchés clairs. Mais dans la mémoire collective grecque, c’est le parti de la résistance — entendue en son sens premier, la résistance durant la Seconde guerre mondiale et la guerre civile, mais aussi en un sens de résistance sociale.
Une autre cause peut expliquer la défaite de Syriza. Les journaux, notamment les journaux de gauche, n’ont pas du tout joué leur rôle critique vis-à-vis du mouvement : ils n’ont pas fait une campagne de décryptage. Enfin, les élections turques ont énormément joué en faveur de Mitsotakis — ce dont il s’est servi en se présentant comme un garant de stabilité face à Erdogan, toujours dans l’esprit de sa dichotomie « moi ou le chaos ».
Tsipras a néanmoins une opportunité. Pour l’instant, personne n’émerge au sein de Syriza — mais il est évident que dans les mois qui viennent, son positionnement va être remis en question. Tsipras est pourtant tout à fait capable de s’adapter, il sait reformer le parti autour de lui.
Est-ce que cela vaudra pour la population ? C’est moins sûr, car la gauche vient aussi, en passant, de perdre une bataille des idées… Le parti gagnant a promis de terminer la construction d’un mur sur le fleuve Evros, long de cent quatre-vingts kilomètres — de l’autre côté, le parti défenseur des droits de l’homme et des migrants a été écrasé.
C’est aussi sur le plan économique que la bataille des idées a été perdue ; en définitive, ces élections sont les conséquences du positionnement européen de Tsipras en 2015.
9 — Doit-on s’attendre à ce que la tenue de nouvelles élections entraîne une nouvelle campagne électorale ?
La tenue rapprochée de deux élections est certes étonnante pour nous, mais moins pour la Grèce, qui l’a déjà connue en 2012.
Ce qui est clair, c’est que la dynamique actuelle n’est pas du tout en faveur de Syriza. La seule chose qui puisse désormais jouer en sa faveur, c’est que le score de Nouvelle Démocratie entraîne une peur dans la société, provoquant une remobilisation des 40 % qui se sont abstenus — dans ce cas-là, leur vote ira probablement vers Syriza, qui pourrait donc revenir à son score de 2012. La nouveauté, cette fois, est que ces élections ont permis de clarifier quelle est la base électorale de Syriza aujourd’hui. Si le parti se déporte vers le centre, il se perdra.
10 — À quoi ressemblerait un deuxième mandat de Mitsotakis ?
Mitsotakis s’est présenté comme le Macron grec et leurs politiques sont de fait très similaires ; leurs alliances politiques se ressemblent aussi. À ceci près que Mitsotakis a dans son gouvernement trois ministres qui viennent d’une extrême droite antisémite, raciste, xénophobe et anti-LGBT.
Une autre chose importante est que Mitsotakis s’entend sans problème avec les banquiers centraux — y compris quand ils sont devenus des chefs de gouvernement comme en Italie par exemple. Ce que ces élections disent donc sur les institutions européennes, c’est qu’il est en train de s’opérer un tournant vers une droite conservatrice, voire réactionnaire, qui se confirme avec la Grèce, comme il s’est confirmé, il y a quelques mois, en Italie.
Cela posera des questions existentielles aux sociaux-démocrates. Car la tendance qu’a voulu initier Syriza à l’échelle européenne s’est essoufflée. Si, lors des élections de 2015, certains observateurs ont craint que l’arrivée de Syriza au pouvoir n’initie une réaction en chaîne dans les divers pays d’Europe, cette appréhension a changé de bord : aujourd’hui, si effet domino il y a, celui-ci jouera, plutôt, en faveur de la droite.