Ouverture des négociations entre Démocrates et Républicains sur le plafond de la dette

Mardi 9 mai à 16h (heure de Washington), Joe Biden rencontrera les leaders démocrates et républicains du Congrès à la Maison-Blanche afin de tenter de trouver un compromis permettant de relever le plafond de la dette.

• Le 26 avril, la Chambre des représentants avait voté (à 217 voix pour et 215 voix contre) en faveur du Limit, Save, Grow Act of 2023, dévoilé par le speaker de la Chambre Kevin McCarthy le 17 avril dernier.
• Cette mesure — qui n’est pas destinée à devenir loi mais à amorcer des négociations avec Biden afin d’obtenir des concessions du camp démocrate — vise à relever le plafond de la dette pour l’année fiscale 2024 en échange d’un gel des dépenses fédérales à leur niveau de 2022.
• Le texte, qualifié de « tentative de prise d’otage » par l’administration Biden¹, conduirait à impacter durablement certains financements publics, rendant « inopérants les programmes de lutte contre la pauvreté, de recherche et d’investissement » selon le Center for American Progress².

Tandis que l’agence Bloomberg estime que les agendas des Démocrates et des Républicains du Congrès et de Joe Biden n’offrent que sept jours de négociation entre le 9 et le 31 mai³ — soit un jour avant que le gouvernement fédéral ne fasse défaut sur sa dette, selon la secrétaire au Trésor Janet Yellen⁴ —, les juristes de l’administration Biden considèrent la possibilité d’invoquer pour la première fois le 14ème amendement de la Constitution dont la section 4 pourrait permettre à la Maison-Blanche de contester la constitutionnalité du plafond d’endettement (une théorie toutefois soumise à de nombreux débats entre constitutionnalistes)⁵.

Le timing est crucial pour cette année fiscale mais également pour la suite de la carrière politique de Joe Biden.

• Mardi 25 avril, le président américain a annoncé qu’il se représenterait pour un deuxième mandat en 2024, malgré son âge ainsi que son faible taux d’approbation.
• Selon un récent sondage Washington Post-ABC — conduit dans les jours ayant suivi son annonce —, la côte de popularité de Joe Biden ne serait que de 36 % parmi les électeurs américains, en baisse de 6 points par rapport à février.
• Selon ce sondage, les électeurs américains considèrent que le bilan de Donald Trump en matière d’économie est meilleur par rapport au bilan actuel de Joe Biden — bien qu’une majorité de l’électorat américain considère que les deux présidents ne sont ni fiables ni honnêtes⁶.

Il est peu probable que les deux camps parviennent à un compromis lors de leur réunion d’aujourd’hui. Selon plusieurs participants, cette « première étape » vise avant tout à se mettre d’accord sur un protocole qui guidera les prochaines négociations : si le président américain accueille les Big Four à la Maison-Blanche, l’éventuel accord sera conclu entre Biden et McCarthy⁷. Tandis qu’aucun camp n’indique pour le moment qu’il est prêt à revoir sa position, la secrétaire au Trésor continue d’avertir les acteurs privés américains sur les conséquences économiques « catastrophiques » d’un défaut de paiement afin que ceux-ci fassent pression sur les élus républicains⁸.