Le plan — intitulé Act in Support of Ammunition Production (ASAP) — de la Commission, dévoilé mercredi 3 mai par Thierry Breton, vient compléter les deux premiers volets (tracks) de la politique européenne en matière d’assistance militaire à l’Ukraine : remboursement partiel des États-membres pour les munitions envoyées en soutien à Kiev et achat commun de matériel militaire.

En débloquant 500 millions d’euros pour améliorer les capacités européennes de production de munitions, la Commission vise à répondre à trois objectifs :

  • Augmenter, accélérer la production de munitions et de missiles dans les pays de l’Union et « assurer la sécurité d’approvisionnements de ces produits en Europe » afin de garantir la continuité de l’assistance militaire à l’Ukraine tout en reconstituant les stocks européens.
  • Pour ce faire, la Commission veut mettre en place trois dispositifs : un instrument destiné à soutenir financièrement le renforcement des capacités de production européennes pour les produits concernés ; un mécanisme pour cartographier, surveiller et mieux anticiper l’existence de goulets d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement ; l’introduction d’un cadre réglementaire temporaire pour remédier à la pénurie de munitions1.

Selon Thierry Breton, 500 millions d’euros suffiront à remplir cet objectif car les infrastructures permettant de produire de grandes quantités d’obus d’artillerie par an sont déjà présentes dans l’Union. Ainsi, ce fonds servira avant tout à augmenter la capacité de production (de manière à atteindre l’objectif d’un million par an d’ici l’année prochaine) et à remettre en conditions des munitions plus anciennes, tout en donnant la priorité aux livraisons à l’Ukraine.

  • En 2021, le marché européen de munitions explosives était plus important que le marché américain en termes de montant d’exportations.
  • Cependant, l’armée ukrainienne a des besoins importants de certains types de munitions (notamment des obus de 155 mm), pour lesquelles les capacités de production sont insuffisantes.
  • En mars, le ministre de la Défense ukrainien a signalé aux États-membres que Kiev aurait besoin de 250 000 obus d’artillerie par mois — ce qui représente moins de la moitié des capacités ukrainiennes totales de tir avec les systèmes dont dispose actuellement le pays, qui s’élèvent à 594 000 obus par mois2.
  • Selon un responsable européen, 650 000 obus d’artillerie sont actuellement produits par an en Europe3.

L’un des principaux freins au développement des capacités de production de l’industrie de défense européenne — au-delà de la baisse des dépenses suite à la fin de la guerre froide — est le manque de disponibilité des matières premières. Afin de garantir la sécurité de l’approvisionnement des usines européennes, la Commission veut garantir la collecte des informations pour anticiper les pénuries affectant la sécurité de l’approvisionnement en munitions et en missiles et propose également des mesures d’urgence permettant à des États-membres d’acheter en priorité des munitions et des missiles auprès d’entreprises européennes.

Sources
  1. Defence : €500 million and new measures to urgently boost EU defence industry capacities in ammunition production, Commission européenne, 3 mai 2023.
  2. Andy Bounds, « Ukraine asks EU for 250,000 artillery shells a month », Financial Times, 3 mars 2023.
  3. Steven Erlanger, « Ukraine Needs Shells, and Arms Makers Want Money. Enter the E.U. », The New York Times, 8 mars 2023.