Les élections législatives suédoises de septembre dernier avaient vu le parti d’extrême-droite Sverigedemokraterna réaliser le meilleur score depuis sa création en 1988, devenant le deuxième parti du pays avec plus de 20 % des suffrages. 

  • Avec la signature de l’Accord dit « de Tidö », les Démocrates de Suède disposent d’une voix influente au sein de la coalition au pouvoir — bien que le parti ne soit qu’un « soutien extérieur » au gouvernement.

Les partis d’opposition craignent notamment l’impact potentiel des Démocrates de Suède sur la politique étrangère.

  • Désormais dirigé par un gouvernement de droite, l’abandon de la politique étrangère féministe du pays semble être acté.
  • Le parti des Démocrates de Suède est sceptique quant à la réalité du changement climatique. Leur président, Jimmie Åkesson, a déclaré en novembre sur la chaîne de télévision SVT : « Je n’ai vu aucun argument scientifique prouvant que c’est comme ça ici et maintenant »1.

Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a présenté les priorités de la présidence dans un discours prononcé devant le Riksdag le 14 décembre2.

  • La Suède axera sa présidence autour de quatre grandes priorités : la sécurité, la compétitivité, la transition écologique et les valeurs démocratiques. 
  • La première ambition est celle d’une Europe unie face à l’agression russe, tandis que Stockholm souhaite construire un consensus en faveur d’une « politique européenne de sécurité et de défense solide, en étroite coopération avec nos partenaires ».

La deuxième priorité est celle de la maîtrise du prix des énergies.

  • La présidence suédoise sera notamment chargée du suivi du prix-plafond du gaz naturel à 180 € par MWh adopté en Conseil le 19 décembre et, en partie, du remplissage des stockage de gaz pour l’hiver 2023-2024. 
  • Plus globalement, la Suède aura aussi pour mission de tracer les contours et trouver un consensus pour la réforme du marché de l’électricité. 

La réponse européenne à la loi américaine Inflation Reduction Act sera également à l’agenda lors du premier semestre 2023.

  • Les 27 craignent que l’IRA crée une situation de concurrence déloyale à l’encontre des entreprises européennes — par le biais de crédits d’impôt et de subventions à la production qui favoriseraient les entreprises américaines.
  • Dans une lettre envoyée aux 27 le 14 décembre, la présidence de la Commission européenne a tracé trois lignes d’actions : continuer les discussions avec les États-Unis afin d’obtenir des éventuelles exemptions pour les entreprises européennes ; simplifier les règles européenne d’aide d’État afin de faciliter les investissements publics ; créer un fonds souverain européen. 
  • Les ministres de l’Économie français et allemand ont proposé dans une note de construire un programme de politique industrielle verte souple qui réduirait de moitié la durée du processus d’approbation des projets importants d’intérêt européen commun, et permettrait des subventions ciblées et des crédits d’impôt sur des projets précis.

La Suède a déjà réitéré la nécessité d’une plus grande souveraineté industrielle qui passerait par le développement et le soutien à plusieurs secteurs technologiques.

  • Pour Stockholm, la compétitivité européenne est intimement liée au développement d’initiatives à l’échelle du continent, que ce soit le European Chips Act ou le renforcement de l’écosystème européen de production de semi-conducteurs3.
  • Le développement d’un cadre autour de l’intelligence artificielle et de la protection des données des utilisateurs européens est également mis en avant. Celui-ci passerait notamment par le Data Act.

Ces thématiques seront également au cœur de ​la prochaine réunion de la Communauté politique européenne qui aura lieu à Chișinău, en Moldavie, au printemps 2023. Le 1er juillet 2023, l’Espagne prend à son tour la tête de la présidence tournante de l’Union européenne. Dans la continuité du programme suédois, Madrid devrait miser sur le maintien de l’unité européenne face à la Russie et le développement des énergies renouvelables.