Le Royaume-Uni s’enfonce de plus en plus dans une crise politique qui s’est accélérée à la suite de la démission du Premier ministre Boris Johnson le 6 septembre dernier. Issue d’une élection au scrutin très contesté, Liz Truss s’est attiré les foudres des représentants et du peuple britannique ainsi que des marchés financiers.

  • Quelques heures après l’annonce de l’augmentation des taux directeurs de 0,5 % par la Banque d’Angleterre, le gouvernement de Liz Truss dévoilait un plan ambitieux de mise en place de la plus importante réduction d’impôts depuis 50 ans. L’annonce de ce plan (de 45 milliards de livres) a affecté la crédibilité du nouveau gouvernement auprès des investisseurs.
  • L’annonce du « mini-budget » avait conduit le FMI à exhorter le gouvernement britannique de « réévaluer » un ensemble de réductions fiscales non ciblées qui, selon l’organisation, pourraient alimenter l’inflation et accroître les inégalités économiques. 

Hier, la publication des chiffres du mois de septembre annonçait une inflation à 10,1 %, soit le niveau le plus élevé depuis 40 ans qui avait été atteint en juillet avant de redescendre légèrement en août.

  • La hausse de l’inflation au cours des derniers mois est principalement due à l’augmentation des prix de l’énergie et de l’électricité.
  • Contrairement à ce qu’il se passe en zone euro, c’est principalement la hausse du prix des produits alimentaires, des logements et des services qui a contribué à l’inflation ce mois-ci, tandis que la baisse du prix des carburants a apporté la contribution à la baisse la plus importante.

Au cours d’une intervention devant le 10 Downing Street, l’ancienne Première ministre a déclaré : « Je reconnais qu’étant donné la situation, je ne peux pas remplir le mandat pour lequel j’ai été élue par le Parti conservateur. J’ai parlé à Sa Majesté le Roi pour l’informer que je démissionne de mon poste de chef du Parti conservateur » 1.

Avec seulement 45 jours à la tête du Royaume-Uni, Liz Truss est ainsi la dirigeante étant restée le moins de temps en poste depuis l’élection du véritable Premier ministre de facto Robert Walpole en 1721.

  • Ce dernier est également le Premier ministre étant resté le plus longtemps en poste, avec un mandat ayant duré presque 21 ans.

Truss a annoncé qu’un accord avait été conclu avec Graham Brady, président du Comité 1922 (le groupe parlementaire des Tories à la Chambre des communes) du Parti conservateur. Selon celui-ci, l’ancienne Première ministre devrait être remplacée d’ici la fin de la semaine prochaine.

Faisant suite à la démission du Chancelier de l’Échiquier Kwasi Kwarteng la semaine dernière, l’historien britannique David Edgerton nous confiait : « C’est la réaction financière, à laquelle [Truss et Kwarteng] ne s’attendaient pas, qui a fait dérailler les annonces gouvernementales et provoqué des dommages économiques et politiques », aboutissant à la lettre de démission du chancelier et son remplacement par Jeremy Hunt.

Ayant été élue avec pour objectif principal de générer de la croissance tandis que le FMI prévoit que plusieurs pays européens devraient entrer en récession d’ici l’an prochain, Liz Truss a été contrainte, devant le bilan catastrophique de ce premier mois de mandat, de démissionner alors que son programme fiscal faisait craindre une importante crise économique.

Sources
  1. « Truss resignation statement in full », Financial Times, 20 octobre 2022.