- La guerre en Ukraine menace grandement les approvisionnements énergétiques des États-membres. L’Allemagne est probablement le pays le plus touché, comme en témoigne le ralentissement voire l’arrêt de certaines productions. Depuis les explosions sur les gazoducs Nord Stream, la situation est encore plus fragile, bien que les prix soient redescendus par rapport à leurs niveaux d’août.
- Pour faire face à la hausse historique des prix de l’énergie et ainsi alléger les factures des consommateurs allemands, Olaf Scholz a dévoilé la semaine dernière un plan massif de 200 milliards d’euros. Celui-ci est le plus important des pays de l’Union européenne, à la fois en montant nominal mais également en pourcentage de PIB.
- L’annonce de ce plan a toutefois fait beaucoup de remous parmi les États-membres. Lundi, les deux commissaires européens Thierry Breton et Paolo Gentiloni signaient conjointement une tribune dans The Irish Times dans laquelle ils reconnaissaient le « besoin » auquel le plan allemand répondait, mais écrivaient également que celui-ci « soulevait des questions » 1.
- Le chancelier allemand s’est défendu dès le lendemain face à ces critiques, rappelant au Commissaire européen au marché intérieur « là d’où il vient » au cours d’une conférence de presse. Olaf Scholz faisait ainsi référence aux mesures similaires — toutefois bien moins importantes — mises en place par la France pour préserver le pouvoir d’achat de ses consommateurs.
- Si ces querelles peuvent être vues comme anecdotiques, elles suscitent toutefois un certain malaise chez certains États-membres qui perçoivent le plan allemand comme une mesure susceptible d’entraîner des perturbations sur les marchés de l’énergie, ainsi qu’une concurrence déloyale.
- L’annonce de ce plan est survenue peu de temps avant que Berlin fasse entendre que l’Allemagne était finalement ouverte à ce qu’un plafonnement « dynamique » du prix du gaz (avec une fourchette de prix s’ajustant au marché) soit mis en place à l’échelle européenne. Au même moment, la Commission — jusqu’alors plutôt réticente — déclarait qu’elle considérait désormais elle aussi cette possibilité.
- Les dirigeants européens vont ainsi discuter aujourd’hui des modalités de la mise en place éventuelle d’une telle mesure, l’Allemagne ne s’opposant plus frontalement au groupe de 15 pays qui s’étaient déclarés être favorables à un plafonnement du prix du gaz. Hier soir, le Conseil de l’Union européenne a formellement adopté la réglementation visant à mettre en place des mesures d’urgence qui avait fait l’objet d’un accord vendredi dernier 2.
Sources
- Thierry Breton et Paolo Gentiloni, « Germany’s latest response to energy crisis raises questions », The Irish Times, 3 octobre 2022.
- Council formally adopts emergency measures to reduce energy prices, Conseil de l’Union européenne, 6 octobre 2022.