- L’injection d’aérosols dans la stratosphère pour atténuer les effets climatiques est une stratégie qui a fait l’objet de plusieurs travaux depuis le début des années 2000. Celle-ci fait partie de la géo-ingénierie, qui regroupe des techniques consistant à manipuler à grande échelle l’environnement afin de réduire les effets du changement climatique 1.
- Les aérosols dont il est question sont des particules fines, de forme solide ou liquide, qui sont en suspension dans l’atmosphère. Celles-ci proviennent des activités humaines (surtout via la combustion d’énergies fossiles ou de végétaux) ou bien de phénomènes naturels, comme les éruptions volcaniques ou la poussière des déserts transportée par les vents.
- Après l’éruption du stratovolcan Pinatubo le 15 juin 1991, au nord-est des Philippines, une baisse de la température globale d’environ 0,6 °C durant presque deux ans a été observée. L’explosion avait relâché dans l’atmosphère et la stratosphère une telle quantité de particules de cendres et de gaz que celles-ci avaient absorbé en partie la lumière solaire 2.
- Selon une nouvelle étude publiée dans Environmental Research Communications le 15 septembre dernier, reproduire artificiellement un scénario similaire — à intervalle de temps régulier et dans des zones précises — pourrait contribuer à réduire la températures des pôles, et ainsi ralentir la montée des niveaux de l’eau 3.
- La température des pôles nord et sud constitue un enjeu crucial pour le reste de la planète car leur réchauffement est bien souvent à l’origine de vagues de chaleur, comme ce fût le cas cet été partout dans le monde. L’effondrement de la calotte glaciaire constitue également un point de basculement climatique susceptible d’augmenter significativement la température globale s’il était atteint 4.
- Pour prévenir cette situation, l’équipe de scientifiques à l’origine de l’étude propose d’injecter une importante quantité d’aérosols au niveau des pôles nord et sud, à partir d’une altitude de plus de 13 km — soit dans la stratosphère, au-dessus du niveau des vols commerciaux. Cette opération serait faite annuellement sur une base saisonnière, utilisant la même flotte de 125 avions-citernes pour les deux pôles.
- Si cette solution ne traite que les conséquences et non les causes du changement climatique, son faible coût de 11 milliards de dollars par an rend l’équation bénéfices / risques particulièrement intéressante. Une étude publiée dans la revue Energy & Environmental Science en juin dernier estimait quant à elle le coût de la transition énergétique pour atteindre le net-zéro sans développement de nouvelles technologies à 62 000 milliards de dollars 5.
Sources
- Keith, D. W. (2000), « Geoengineering the climate : History and prospect », Annual review of energy and the environment, 25(1), 245-284.
- Global Effects of Mount Pinatubo, NASA Earth Observatory.
- Smith, W., Bhattarai, U., MacMartin, D. G., Lee, W. R., Visioni, D., Kravitz, B., & Rice, C. V. (2022), « A subpolar-focused stratospheric aerosol injection deployment scenario », Environmental Research Communications, 4(9), 095009.
- Armstrong McKay, David I., Staal, Arie, Abrams, Jesse F., et al., « Exceeding 1.5° C global warming could trigger multiple climate tipping points », Science, 2022, vol. 377, no 6611.
- Mark Z. Jacobson, Anna-Katharina von Krauland, Stephen J. Coughlin, Emily Dukas, Alexander J. H. Nelson, Frances C. Palmer et Kylie R. Rasmussen, « Low-cost solutions to global warming, air pollution, and energy insecurity for 145 countries », Energy & Environmental Science, 28 juin 2022.