• Dans un rapport du Département des Affaires économiques et sociales de l’ONU publié le 11 juillet, les nouvelles projections démographiques font état d’importants évolutions. D’ici le 15 novembre prochain, la population mondiale devrait dépasser les 8 milliards d’habitants et, d’ici 2023, la Chine cèdera sa place de pays le plus peuplé au monde à l’Inde1.
  • Depuis 1950, le taux de fécondité est passé de 5 naissances par femme en moyenne à 2,3 en 2021. Selon les projections de l’ONU, ce taux devrait encore baisser pour se stabiliser à 2,1 en moyenne à l’horizon 2050, correspondant ainsi à une situation de dénatalité dans les pays développés — ce seuil de remplacement peut monter jusqu’à 3,5 enfants par femme dans les pays les moins développés2.
  • En 2020, pour la première fois depuis 2050, le taux de croissance annuel est tombé sous la barre des 1 %, annonçant un pic de population d’environ 10,4 milliards d’êtres humains dans les années 2080, qui devrait se maintenir jusqu’aux années 2100 — soit la fin de la période de projection de l’ONU. L’organisation alerte sur les nombreux défis en termes de développement durable, d’éducation et de santé que va poser cette augmentation démographique au cours des prochaines décennies.
  • Pour certaines régions du monde, la situation démographique est préoccupante. En Europe de l’Est, l’ONU prévoit qu’un nombre important de pays — Bulgarie, Lettonie, Lituanie, Serbie et Ukraine principalement — vont connaître jusqu’en 2050 une perte d’environ 20 % de leur population. Alors que l’UNHCR recense à ce jour presque 9 millions d’Ukrainiens qui ont franchi les frontières de leur pays depuis le 24 février, la question de la repopulation et de la reconstruction se pose, dans un pays où le taux de fécondité est d’environ 1,5 enfant par femme depuis une trentaine d’années3.
  • Ce phénomène touchera environ une soixantaine de pays d’ici à 2050, mais dans une bien moindre proportion. À l’inverse, huit pays seulement contribueront à la moitié de l’augmentation de la population mondiale d’ici 2050 : l’Égypte, l’Éthiopie, l’Inde, le Nigéria, le Pakistan, les Philippines, la République démocratique du Congo et la Tanzanie. Les pays d’Afrique subsaharienne connaîtront la croissance la plus importante au cours des décennies à venir, tandis que les autres grandes aires régionales — Asie de l’Est, Asie du Sud-Est, Amérique du Nord, Europe, Amérique latine, Asie centrale — devraient voir leur population décroître d’ici 2100.
  • Le rapport de l’ONU fait état d’une variable cruciale qui est à prendre en considération pour comprendre les changements démographiques dans les décennies à venir : les migrations internationales — « au cours des prochaines décennies, la migration sera le seul moteur de la croissance démographique dans les pays développés »4.
  • Enfin, ces données démographiques doivent également prendre en compte le changement climatique. Le rapport précise que si la croissance démographique « ne pas être la cause directe des dommages environnementaux, elle peut néanmoins exacerber le problème ». Si les estimations se basent sur des projections, elles demeurent dépendantes de la trajectoire que l’humanité va suivre dans le courant du siècle. La croissance démographique dans les petits États insulaires, déjà confrontés à la montée du niveau de la mer, posera de défis immédiats et rendra les société plus vulnérables.
Sources
  1. World population prospects, United Nations, 11 juillet 2022.
  2. Espenshade Thomas J., Guzman Juan Carlos et Westoff Charles F., « The Surprising Global Variation in Replacement Fertility », Population Research and Policy Review, vol. 22, no 5, 2003, p. 575‑583.
  3. Ukraine refugee situation, UNHCR.
  4. World population prospects.