• En juin dernier, le gouvernement de Boris Johnson déposait un projet de loi au Parlement britannique visant à se débarrasser unilatéralement de certaines parties contenues dans l’accord du Brexit, conclu avec l’Union européenne en 20191. Ce dernier modifierait notamment les arrangements commerciaux et supprimerait certains contrôles douaniers selon les marchandises, allant à l’encontre du protocole sur l’Irlande du Nord signé en janvier 20202.
  • Faisant suite à une vague de démissions de ministres sans précédent dans l’histoire récente du Royaume-Uni, Boris Johnson est sur le point de démissionner de son poste de chef du Parti conservateur, et également de Premier ministre, ouvrant la voie à de nouvelles élections qui devraient se tenir à l’automne. Les anciens ministres du Cabinet de Johnson ont principalement évoqué comme motivation un ras-le-bol général provoqué par les nombreux scandales et tergiversations du locataire du 10 Downing Street3.
  • Boris Johnson est arrivé au pouvoir en juillet 2019, après avoir fait campagne pour un « hard Brexit », en opposition au Brexit « modéré » qui l’avait fait quitter le gouvernement britannique en juillet 2018, avant d’être remplacé par Jeremy Hunt. Dans son discours faisant suite à sa victoire aux élections de 2019, Johnson annonçait vouloir à tout prix boucler le Brexit le plus vite possible.
  • Dans un sondage Ipsos publié le 30 juin dernier, il apparaît que la proportion de Britanniques qui considère que la sortie du Royaume-Uni de l’Union a aggravé leur vie quotidienne est passée de 30 % en juin 2021 à 45 % en juin 20224. La proportion de Britanniques qui considèrent que leur vie s’est améliorée après le Brexit a quant à elle augmenté, passant de 10 % à 17 %, mais demeure plus faible numériquement.
  • L’accord commercial post-Brexit de décembre 2020 entre le Royaume-Uni et l’Union a provoqué une forte baisse du volume des échanges entre les deux parties, notamment en raison de l’accroissement du nombre de formalités administratives à la frontière5. Si le Royaume-Uni a compensé en partie cette baisse en augmentant ses exportations et importations en provenance de pays situés en dehors de l’Union, le volume total des échanges du pays est revenu à son niveau pré-pandémie seulement au début de l’année 2022 .
  • La croissance économique du Royaume Uni a quant à elle beaucoup souffert du Brexit. D’après les chiffres de l’OCDE, le PIB britannique a augmenté de 14,3 % entre le deuxième trimestre 2016 et le troisième trimestre 20216 — un taux de croissance bien inférieur à celui des quatre grandes puissances économiques de l’Union. L’Allemagne affiche un taux de 32,2 %, suivie de l’Espagne à 25,6 %, de la France à 23 % et de l’Italie à 16,3 %. 
  • Les investissements directs à l’étranger (IDE) ont quant à eux reculé depuis le référendum sur le Brexit. Entre 2016 et 2020, les entrées moyennes d’IDE au Royaume-Uni ont baissé de 17 %. En revanche, l’économie britannique se porte bien en matière d’emploi, avec un taux de chômage de seulement 4,2 % pour l’année 2022 prévu par le FMI. En comparaison, le taux de chômage prévu pour l’Allemagne est de 3,2 % et le taux de chômage français de 7,8 %. L’Allemagne et le Royaume-Uni sont plus rapidement revenus vers le plein-emploi par rapport à la France après la crise financière de 2008, et le Brexit n’a pas perturbé cette tendance pour l’économie britannique. 
  • Malgré les conséquences économiques du Brexit, le leader de l’opposition travailliste, Keir Starmer, a déclaré ne pas souhaiter rejoindre l’Union si les travaillistes reprenaient le pouvoir. Afin de relancer la croissance, Starmer souhaiterait plutôt faire « fonctionner le Brexit »7. Toutefois, selon le Financial Times, le Premier ministre britannique — peu importe qui il sera — fera partie des participants à un sommet qui se tiendra à Prague à l’automne, au cours duquel la « Communauté politique européenne » d’Emmanuel Macron pourrait être lancée8.
Sources
  1. Katya Adler, « NI Protocol : UK reveals plans to ditch parts of EU Brexit deal », BBC, 13 juin 2022.
  2. Government introduces bill to fix the Northern Ireland Protocol, UK Government, 13 juin 2022.
  3. Karla Adam et William Booth, « Boris Johnson defies calls to resign amid mass exodus from his government », The New York Times, 7 juillet 2022.
  4. Almost half of Britons say Brexit has made their daily life worse, 1 in 3 say it has made little difference, Ipsos, 30 juin 2022.
  5. Peter Foster, « UK-EU trade relationships tumble after Brexit », Financial Times, 26 avril 2022.
  6. Naomi Davies, « Brexit, two years on – so far, so bad », Investment Monitor, 31 janvier 2022.
  7. Chris Mason, « Brexit : No case for UK returning to EU, Labour leader Starmer says », BBC, 5 juillet 2022.
  8. Valentina Pop, « Hungary and Poland : Decoupled but still waiting for EU money », Financial Times, 7 juillet 2022.