• Après les élections législatives de novembre 2021 — les troisièmes au cours de la même année après avril et juillet 2021 —, le parti de Kiril Petkov, « Prodălzhavame promyanata » (Nous continuons le changement), avait réussi à former une coalition hétéroclite avec trois autres partis —  Il y a un tel peuple (ITN), la coalition de gauche et la coalition pour la Bulgarie — pour prendre le pouvoir au parti « Graždani za evropejsko razvitie na Bǎlgarija » (Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie, GERB) de l’ancien Premier ministre Boïko Borissov (2017-2021).
  • Le 8 juin dernier, le leader du parti ITN, Stanislav Trifonov, a annoncé le départ de son parti de la coalition gouvernementale. Par la suite, les ministres ITN du gouvernement, aux Affaires étrangères et à l’Énergie, ont démissionné le 13 juin. Le Premier ministre Petkov ne dispose plus depuis de la majorité nécessaire de 114 députés à l’assemblée bulgare pour gouverner. Dans le même temps, le plus grand parti d’opposition, GERB, a déposé une motion de censure le 16 juin pour renverser le gouvernement1.
  • La motion doit être votée aujourd’hui, en fin de journée. Si le gouvernement tombe, de nouvelles élections anticipées pourraient avoir lieu. Le scrutin risque d’être serré, Kiril Petkov espère que 12 députés ITN ne voteront pas la motion pour se maintenir au pouvoir, tandis que les autres partis d’opposition devraient voter pour faire tomber le gouvernement.
  • Une des raisons pour lesquelles ITN a retiré son soutien au gouvernement Petkov découle de la volonté du Premier ministre de lever « le veto bulgare » sur l’ouverture des négociations avec la Macédoine du Nord et l’Albanie, en vue de l’adhésion de ces deux pays à l’Union. En effet, les États membres doivent avancer sur les négociations avec ces deux pays au cours du Conseil du jeudi 23 et du vendredi 24 juin.
  • L’ancien Premier ministre bulgare, Boïko Borissov, bloquait depuis novembre 2020 toute avancée dans le processus d’adhésion de ces deux pays. Borissov est également le dépositaire de la motion de censure, ce dernier a par ailleurs annoncé aujourd’hui qu’il comptait apporter son soutien, avec ses parlementaires, au texte proposé par la France visant à lever le véto bulgare. La Bulgarie avait refusé de donner son accord à la feuille de route des négociations car elle ne reconnaissait pas le macédonien comme une langue indépendante, mais comme relevant d’un dialecte bulgare. Sofia demande ainsi à ce que la Macédoine du Nord inclut une référence aux minorités bulgares dans sa Constitution, en réponse à l’un des principaux reproches faits par la Bulgarie consistant à dénoncer une forme de discriminations envers les minorités bulgares en Macédoine du Nord.
  • D’autres sujets étaient particulièrement clivants au sein de la coalition, notamment le soutien à l’Ukraine face à l’invasion russe. Historiquement, la Bulgarie est l’un des pays les plus russophiles en Europe, notamment en raison de la présence de partis pro-russes soutenus par une partie importante de l’opinion publique. C’est la coalition de la gauche, animée par des sentiments pro-russes et pacifistes, qui avait fait pression sur Kiril Petkov pour empêcher la mise en place d’un soutien militaire.
Sources
  1. Krassen Nikolov, « Bulgarian government unlikely to survive no-confidence vote », Euractiv, 16 juin 2022.