Dimanche 14 novembre, les citoyennes et citoyens bulgares se rendaient aux urnes pour élire leur parlement et leur président. Résumé en cinq points. 

  • La Bulgarie tenait ce dimanche sa troisième élection législative en moins d’un an, après deux scrutins en avril et juillet qui n’avaient pas permis de dégager une majorité gouvernementale. Après le GERB (PPE) du premier ministre sortant Boïko Borissov en avril et la formation anti-corruption « Il y a un tel peuple » (ITN, non-inscrit) en juillet, c’est cette fois la nouveau parti anti-corruption et pro-européen « Continuons le changement » (PP, non-inscrit) qui s’est imposé dans les urnes avec 25,7 % des voix.
  • Le GERB accuse de son côté un léger recul (22,8 %, -0,7 pp), tandis qu’ITN perd plus de la moitié de ses électeurs (9,5 %, -14,6 pp). Les autres formations centristes, pro-européennes et anti-corruption (BSP, S&D ; Bulgarie démocratique, PPE/Verts ; « Debout BG », non-inscrits) accusent elles aussi de fortes pertes au bénéfice de PP, recueillant respectivement 10,3 % (-3,1 pp), 6,3 % (-6,3 pp) et 2,3 % (-2,7 pp) des voix. Le Mouvement pour les droits et les libertés (DPS, ALDE), parti associé à la minorité ethnique turque, obtient 12,9 % (+2,2 pp). Plus petit parti représenté dans le nouveau parlement, les nationalistes pro-russes de « Renaissance » obtiennent 4,9 % (+1,9 pp).
  • « Continuons le changement » a été fondé par Kiril Petkov et Asen Vasilev, deux ministres de l’actuel gouvernment technique mis en place le 12 mai. Les deux hommes, entrepreneurs et économistes, sont tous deux diplômés de l’université de Harvard. Leur liste s’est imposée avec le soutien technique de trois petits partis, Volt (fédéralistes européens, Verts/EFA), « Classe moyenne européenne » (libéraux pro-européens) et le PDS (sociaux-démocrates). Aussitôt après le scrutin, PP a annoncé son souhait de lancer des négociations de coalition avec ITN et Bulgarie démocratique. Une coalition à quatre avec les sociaux-démocrates du BSP disposerait d’une solide majorité de 135 sièges sur 240 à l’assemblée.
  • Le premier tour des élections présidentielles se tenait également en parallèle des élections générales. Le président Rumen Radev (indépendant), dont le rôle dans l’organisation de cette année politique chaotique a été central, a manqué de peu sa réélection directe avec 49,45 % des voix. Il était soutenu par le BSP, PP, ITN et « Debout BG ». Le candidat du GERB, Anastas Gerdzhikov, est arrivé second avec 22,85 % des voix, suivi de Mustafi Karadayi (DPS) avec 11,51 % – un très bon score. Une vingtaine d’autres candidats ont obtenu de 0,1 à 4 % des voix. Le second tour opposera Rumen Radev à Anastas Gerdzhikov dimanche 21 novembre.
  • Ces élections marquent une nouvelle étape dans la recomposition du paysage politique bulgare. Après avoir échoué à former un gouvernement, le parti ITN et son dirigeant Slavi Trifonov, ancienne vedette de la télévision, sont fortement sanctionnés dans les urnes. Mené par deux profils plus techniques et plus internationaux, « Continuous le changement » concentre désormais l’espoir de l’électorat anti-corruption désireux de tourner la page Borissov, et semble disposer d’une marge de manœuvre plus importante pour y parvenir. Les deux grands partis traditionnels de centre-gauche (BSP) et de droite (GERB) ne réunissent plus qu’un tiers des électeurs, alors qu’ils cumulaient près de 60 % des voix en 2017.

Nota bene. Les résultats des élections locales danoises qui se tenaient ce mardi 16 novembre seront bientôt connus.