• Cette victoire est une étape importante dans la politique colombienne puisqu’elle conduit à l’accession au pouvoir du premier gouvernement de gauche de l’histoire du pays. Avec un taux de participation de 58 %, Gustavo Petro a obtenu 50,44 % des voix, battant l’homme d’affaires millionnaire et candidat de la LIGA (Liga de Gobernantes Anticorrupción) Rodolfo Hernández, qui a quant à lui obtenu environ 47 % des voix 1.
  • Gustavo Petro, un économiste, a été membre de la guérilla du M-19 dans les années 1980 avant d’entrer en politique et de s’imposer comme maire de Bogota, sénateur, puis trois fois candidat à la présidentielle. La vice-présidente sera Francia Márquez, une militante écologiste, féministe, défenseur des droits de l’homme et avocate, qui sera la première femme noire descendante d’esclave vice-présidente de la Colombie.
  • La campagne de Gustavo Petro avait été marquée par plusieurs menaces visant personnellement le candidat à la présidentielle, conduisant ce dernier à annuler sa campagne électorale dans la région du Eje Cafetero en mai dernier en raison du risque d’une éventuelle tentative d’assassinat par « La Cordillera », une organisation paramilitaire criminelle colombienne. Dans le sillage de la longue histoire de magnicides en Colombie, le massif soutien populaire accordé à Gustavo Petro, candidat ouvertement de gauche, avait suscité la suspicion ainsi que la crainte de nombreux milieux proches des gouvernements libéraux et conservateurs vis-à-vis d’un changement radical de la politique du pays.
  • La victoire de la gauche confirme le changement dans un pays qui, traditionnellement, craignait les gouvernements de gauche principalement en raison de la présence de groupes criminels et des guérillas de l’ELN et des FARC. Aujourd’hui, il semblerait — sur la base du vote du peuple colombien — que les demandes sociales occupent une place plus importante, particulièrement en cette période de crise structurelle découlant de la pandémie de Covid-19, dont les effets se font ressentir sur l’économie. L’inflation avait atteint 9,23 % en avril dernier avant de légèrement baisser pour atteindre 9,07 % au mois de mai.
  • Dans son discours de victoire, Petro s’est présenté comme l’incarnation du changement en Colombie. Parmi les nombreuses propositions de son programme de gouvernement, le président-élu a mentionné la volonté de renforcer l’économie du pays, de réformer le système fiscal, d’accroître l’inclusion sociale ainsi que l’égalité des sexes 2. Cependant, l’absence d’une majorité nette au Parlement colombien contraindra le nouveau président à faire des compromis avec d’autres forces politiques. Gustavo Petro a déjà appelé à l’inclusion et à la compréhension de l’opposition dans les dialogues politiques afin de parvenir à un consensus.