• Le bitcoin a encore chuté. Les autorités américaines semblent enfin prendre conscience des vrais problèmes posés par le bitcoin et autres crypto-actifs. Le Trésor américain a notamment annoncé jeudi dernier que “tout transfert de crypto-monnaies d’une valeur supérieure à 10 000 dollars devait être déclaré à l’administration fiscale.” Naturellement, cela ne s’applique que pour les citoyens et les entreprises qui ne sont pas malveillants et il est important de noter que le texte du Trésor reconnaît que « les crypto-monnaies posent un problème de détection important en facilitant les activités illégales »1.
  • Le problème réside dans l’anonymat absolu qu’elles assurent. Il existe plusieurs types de technologie de blockchain, les blockchains ouvertes et décentralisées ou les blockchains fermées. Les actifs cryptographiques utilisent la première catégorie, et personne ne peut accéder à la véritable identité des personnes effectuant des transactions sur le réseau à l’aide d’un numéro et d’un mot de passe qu’elles seules connaissent. Il s’agit d’un véritable paradis pour les criminels.
  • C’est pourquoi il est déconcertant d’observer à quel point les autorités américaines ont toléré l’adoption de la cryptomonnaie par Wall Street. Quand bien même des rumeurs circulent désormais sur de nouvelles réglementations à venir afin de réguler les crypto-actifs, il est probable que les États-Unis permettront aux crypto-monnaies de survivre en tant qu ‘« actifs ».
  • Jusqu’à présent lors des réunions internationales dédiées à cette thématique, les Européens se méfiaient de l’évolution des crypto-monnaies, tandis que les Américains souhaitaient laisser l’expérience se poursuivre, révélant ainsi deux de leurs traits de caractère : une confiance presque aveugle dans les nouvelles technologies, et une tendance à croire que les innovations de marchés sont bonnes par principe…
  • Les Américains pensent que s’il existe déjà un marché et que la demande est importante, l’État ne devrait pas bloquer l’innovation par principe. Tout cela malgré le rôle joué pendant la crise de 2008 par les titres de créance collatéralisés, les CLO, les ABS et les titrisations, les SIV, les pensions de titre, les dérivés OTC, etc.
  • Outre les raisons liées à la sécurité, la forte consommation d’énergie est aussi un facteur qui menace le bitcoin : « Le bitcoin consomme à lui seul autant d’électricité qu’un pays européen de taille moyenne »2. Plus alarmant encore, le bitcoin pourrait à lui seul faire passer le réchauffement climatique mondial au-dessus de +2°C en 30 ans.
  • Malgré ces inconvénients, les crypto-monnaies pourraient bien malgré tout perdurer en tant qu’actifs. Le fait de considérer que le bitcoin et ses dérivés sont capables d’assurer leur avenir en devenant des concurrents de l’or suscite souvent quelques réactions indignées. Selon ces réactions, l’or serait d’une nature totalement différente.
  • Il est vrai que l’or est une matière première utilisée pour l’industrie, mais cette utilisation reste marginale. Il sert également à fabriquer des bijoux, mais cette demande ne pourrait jamais justifier à elle seule le prix élevé de l’or qui reste le plus souvent inactif dans les coffres des banques du monde entier. L’or et les crypto-monnaies sont des actifs spéculatifs car ils ne génèrent pas de flux de revenus réguliers, et leur prix dépend entièrement de la conviction des acheteurs qu’ils pourront les vendre plus tard à un prix plus élevé.
  • Pour leurs adeptes, les crypto-actifs se comparent à l’or dans la mesure où ils ont la conviction que ceux-ci sont durablement sûrs et que leur offre est limitée. Les jeunes générations font intrinsèquement confiance aux « choses » numériques. Ils pensent que, dans la mesure où ces monnaies sont nouvelles, leur prix augmentera plus rapidement, permettant ainsi des gains plus élevés. Mais l’or a « l’avantage » de durer depuis des millénaires, de bénéficier de toutes sortes de mythes et d’avoir la réputation d’être une bonne couverture contre l’inflation.Tout cela est basé sur les croyances des foules et la mémétique (Dawkins). À ce titre, l’or et les crypto-actifs ont un prix et n’ont pas besoin d’une « valeur intrinsèque ».
  • Il est difficile de dire ce qu’il adviendra des crypto-actifs et d’estimer leur capacité à perdurer en tant que valeurs d’investissement pérennes. L’action des pouvoirs publics aura une influence majeure et il est important de déceler des tendances lourdes dans les actions et doctrines de régulation poursuivies par les autorités. En attendant, les marchés des crypto-monnaies continueront sans doute à connaître bon nombre de bouleversements dans les semaines et mois à venir.