Depuis la fin de semaine dernière, de larges manifestations réprimées par la police israélienne ont fait plus de 700 blessés à Jérusalem, sur fond de menaces d’évictions forcées de familles palestiniennes dans l’est de la ville. Dans la bande de Gaza, 24 personnes ont été tuées. Retour en 5 points sur la séquence.
- Dans le quartier de Sheikh Jarrah, à l’est de Jérusalem, une bataille judiciaire est en cours entre 13 familles palestiniennes et colons israéliens au sujet de maisons construites avant la guerre de 1967. Alors qu’aucuns titres de propriété n’étaient émis à l’époque, le mouvement des colons réclame aujourd’hui ces terres au nom d’une loi israélienne permettant le « retour » potentiel de Juifs sur des propriétés où ils auraient vécu avant la création d’Israël en 1948. Menacés d’éviction forcée, les habitants palestiniens ont fait recours en appel à la Cour suprême d’Israël. Si le ministère israélien des Affaires étrangères a qualifié la lutte de « litige immobilier entre parties privées », de nombreux pays occidentaux dont la France, ainsi que l’Union européenne, dénoncent une pratique faisant partie de la politique de colonisation israélienne, illégale en droit international.
- Depuis le début du mois de ramadan, des manifestations de Palestiniens avaient déjà lieu régulièrement contre la répression policière israélienne à Jérusalem. Dès la fin de la semaine dernière, celles-ci ont pris une autre dimension et se sont étendus à l’ensemble des territoires palestiniens, alimentée par l’affaire de Sheikh Jarrah. Vendredi 7 mai, plus de 175 Palestiniens et 6 policiers israéliens ont été blessés lors d’affrontements sur l’esplanade des Mosquées, dans la vieille ville de Jérusalem. Ce week-end, des manifestations supplémentaires ont eu lieu en marge des prières importantes à la fin du mois de Ramadan. Lundi 10 mai, la célébration habituelle par Israël de la réunification de Jérusalem – l’annexion de sa partie est en 1967 – et des marches par l’extrême droite israélienne dans les quartiers arabes de la ville se sont vues empêchées par la résistance de leurs habitants, en parallèle d’une répression faisant plus de 300 blessés selon le Croissant Rouge palestinien.
- Le Hamas contrôlant Gaza a lancé plusieurs tirs de roquette en direction d’Israël et de Jérusalem ce même lundi soir, au nom de la lutte contre la politique de l’État hébreu. En réponse, une riposte d’Israël sur Gaza a entraîné la mort d’une vingtaine de personnes, dont neuf enfants. Cet échange faisant craindre une escalade, l’Union européenne a appelé à mettre fin à la « flambée de violences » à Gaza et à Jérusalem-Est, alors que le conseil de sécurité des Nations unies réuni dans la journée a décidé de ne pas voter de texte commun, les États-Unis ne se disant « pas sûr qu’une déclaration aiderait à ce stade ».
- Ces évènements arrivent dans un contexte politique complexe facilitant la polarisation de la situation : Alors que le Premier ministre Benyamin Netanyahou est pour l’instant incapable de former un nouveau gouvernement après les récentes élections, l’extrême droite israélienne dont il dépend essaye de profiter du vide de pouvoir pour avancer sa politique agressive. Pour les Palestiniens, le report à une date indéfinie des élections prévues en mai et juin (se basant sur l’impossibilité de tenir le vote à Jérusalem), fait monter la grogne contre l’Autorité palestinienne et son président Mahmoud Abbas, tandis que le Hamas concurrent tente de se mettre en avant par ses actions militaires.
- Si l’audience et la décision de la Cour suprême israélienne concernant Sheikh Jarrah était prévues pour ce lundi 10 mai, la Cour suprême israélienne a décidé de reporter celle-ci, « à la lumière du contexte actuel » et dans l’espoir de faire baisser les tensions dans la ville, sans succès pour l’instant.