Le Brexit et le récent ajout de territoires britanniques à la liste noire européenne des « juridictions fiscales non coopératives » ont rappelé que la façon dont l’Union définit un paradis fiscal est géopolitique. 

  • Une liste, trois critères pour définir les paradis fiscaux : le non-respect des principes de la transparence fiscale, la concurrence fiscale déloyale, la mise en œuvre des mesures anti-BEPS (érosion de l’assiette fiscale et transferts de bénéfices).
  • Fin janvier, le Parlement européen a adopté une résolution pour refonder les critères d’entrée dans la liste noire, actuellement décrite comme « confuse et inefficace ». Les pays présents sur la liste ne représentent que « 2 % des pertes de recettes fiscales au niveau mondial », ont noté les députés. 
  • Le Brexit a changé la donne : parmi les territoires visés par le Parlement se trouvent notamment les Îles Vierges britanniques, Jersey et Guernesey. Avec le Brexit, la possibilité de blocage de la part du Royaume-Uni a été levée, démonstration du poids qu’ont les États membres à l’intérieur de l’Union, lorsque ce sont leurs propres territoires qui sont accusés de manque de coopération fiscale.
  • À l’intérieur de l’Union, la question du classement du Luxembourg, l’Irlande, des Pays-Bas et Malte comme juridictions fiscales non coopératives est encore tabou. L’unanimité reste requise pour toute décision en matière fiscale. 
  • Des solutions unilatérales ? « L’unanimité en matière fiscale est une impasse. La bonne solution consiste à avancer unilatéralement : la France pourrait demain, toute seule, décider qu’elle va taxer différemment les multinationales, en ventilant leurs profits mondiaux proportionnellement à l’endroit où leurs ventes sont faites. Donc si Apple fait 10 % de ses ventes mondiales en France, 10 % de ses profits mondiaux seraient taxables en France. Il n’y a pas besoin de l’accord du Luxembourg (ni de quiconque d’autre) pour cela », déclarait Gabriel Zucman dans nos pages.1

Nota bene  : Ces dernières décennies, l’évolution la plus frappante de la politique fiscale dans le monde est sans doute la réduction de moitié du taux moyen global d’imposition des sociétés.2

Sources
  1. LOJKINE Ulysse, Nous avons rencontré Gabriel Zucman, Le Grand Continent, 18 février 2020
  2. Les profits perdus des nations, Le Grand Continent, 9 septembre 2020