Pandémie contre démocraties : c’est un récit qui semble en séduire (et servir) certains dans un contexte de guerre des narratifs sur la gestion de la pandémie.

  • Dans le monde, politique > partisanerie ? Une personne proche de la direction de l’OMS nous indique que les États qui ont fait passer le politique avant la partisanerie et ont pris des décisions rapidement (comprenez, la Chine) auraient obtenu de meilleurs résultats que ceux qui ont multiplié les querelles de chapelles partisanes et clivé la gestion du Covid (comprenez, les États-Unis et certains États démocratiques). Reste à voir ce que disent vraiment les chiffres. 
  • Le combat des récits à l’échelle pertinente. En Chine le premier cas de Covid-19 date du 17 novembre 2019, le premier officiellement déclaré, du 17 décembre. La région de Wuhan a été confinée le 23 janvier 2020. Dans ce laps de temps plus de 5 millions de personnes ont pu quitter Wuhan pour le Nouvel An chinois. Les démocraties d’Asie du Sud-Est, comme la Corée du Sud et le Taiwan ont rapidement effectué des dépistages à leurs frontières tout en augmentant la production d’équipements de protection. Le nombre des décès au Taiwan s’élève à 6, en Corée du Sud à 256.1
  • De plus, la pandémie met déjà en évidence les faiblesses du régime. À côté des plans annoncés par nombre de pays pour stimuler l’économie, la Chine brille par son absence : le pays n’est plus en mesures de tailler un plan comme c’était le cas  lors de la crise financière de 2008 : l’économie chinoise est fortement dépendante de la demande extérieure, et les 12 pays les plus touchés par le Covid-19 représentent environ 40 % des exportations chinoises.
  • Les ambassadeurs chinois à l’étranger, directement nommés par l’exécutif, jouent un rôle important dans la construction du narratif de la crise, comme l’ont montré les déclarations critiques envers la France de l’ambassadeur de Chine Lu Shaye et celles de son homologue Cheng Jingye à l’encontre de l’Australie.
  • Le PCC repris en main par Xi Jinping. En particulier, les anciens cadres de la province de Hubei et de la ville de Wuhan ont été remplacé par des proches de Xi Jinping : « en effet, tactique plus ancienne que celle de la Chine communiste, le rejet de la faute sur les autorités locales permet la reprise en main par le centre ».
  • Oppositions ? « Le sursaut d’une opposition semble plus qu’improbable aujourd’hui tant l’autorité de Xi Jinping se ramifie très bas dans les structures politiques et administratives. »2

Nota bene : En France, le Sénat s’est opposé au plan de déconfinement du gouvernement par un vote consultatif et non contraignant. Les dissensions institutionnelles ne datent pas d’hier. Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de la crise du 16 mai 1877, acte de naissance du parlementarisme de la IIIe République française : le pouvoir de la Chambre prévalait désormais sur le pouvoir présidentiel. 

Sources
  1. SABATINI Fabio, La stratégie sud-coréenne contre le coronavirus, un modèle pour l’Europe ?, Le Grand Continent, 13 mars 2020
  2. LINCOT Emmanuel, VERON Emmanuel, Reprise en main du PCC par Xi Jinping avant le 20e congrès, Le Grand Continent, 6 mai 2020