Strasbourg. Le 16 juillet, les parlementaires européens de la Ligue et du Mouvement Cinq-Étoiles – les deux partis qui composent le gouvernement italien – ont adopté des postures inverses lors du vote sur la nomination d’Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne. Les eurodéputés Cinq-Étoiles ont voté en faveur de la candidate du Conseil, avec leurs 14 voix, ce qui s’est avéré décisif pour l’élection de l’ancienne ministre allemande de la Défense, élue avec seulement 9 voix de plus que la majorité requise1. Au contraire, la Ligue qui, d’après les reconstitutions de ces derniers jours, aurait pu voter pour von der Leyen en échange d’une place importante dans la nouvelle Commission, s’est finalement alignée sur le Rassemblement National de Marine Le Pen et le reste du groupe Identité et démocratie (ID) en votant contre la nouvelle présidente. Le parti dirigé par Matteo Salvini a exprimé dans une note sa déception concernant le vote des Cinq-Étoiles qui, à cette occasion, se sont alignées sur la position des forces de l’opposition au gouvernement italien telles que Forza Italia (PPE) ou le Parti démocrate (S&D)2.

Le vote d’hier a mis en lumière la différence de stratégie des deux partis dans cette première phase de la nouvelle législature européenne. Le Mouvement Cinq-Étoiles semble viser l’inclusion dans l’arc parlementaire européen, comme en témoignent plusieurs tentatives d’être admis dans l’un des groupes politiques les plus importants. Ces tentatives,  relatées par la presse mais niées par les intéressés, ont été conduites à la fois avant et après les élections du 26 mai. Bien qu’aucun des groupes n’ait voulu admettre les représentants des M5S (les condamnant ainsi à demeurer non-inscrits), le député Fabio Massimo Castaldo a été confirmé à la vice-présidence du Parlement européen, fonction qu’il avait occupée pendant la dernière législature3. Bien qu’il s’agisse d’une charge secondaire, les forces majoritaires européennes ne souhaitaient donc pas appliquer au Mouvement Cinq-Étoiles le cordon sanitaire qui a maintenu le groupe Identité et Démocratie de Salvini et Le Pen loin de toute fonction, même la plus symbolique4.

La Ligue, qui, grâce au résultat obtenu lors des dernières élections européennes, joue un rôle de premier plan au sein d’ID, souhaite plutôt devenir le point de référence de l’opposition à la majorité formée par le PPE, S&D et Renew Europe, qui a montré hier plusieurs divergences sur des questions critiques. Un choix en partie poursuivi rationnellement et en partie contraint, compte tenu de la détermination affichée par les autres forces européennes de tenir le groupe de la Ligue à l’écart de tout type d’accord.

Perspectives :

  • Dans les prochains mois, Ursula von der Leyen formera la nouvelle Commission. Il sera intéressant de voir si au moins dans ce rôle, la Ligue sera capable d’imposer un homme fort provenant de son parti (confirmant ainsi le résultat des élections du 26 mai) ou si à ce titre, un profil technique et super partes sera choisi conjointement par les deux forces du gouvernement italien ; le ministre des Affaires étrangères Moavero Milanesi a été évoqué.