Rome. Selon la presse italienne, Matteo Salvini aurait un plan secret pour contrecarrer l’Europe qui, selon lui, « se fiche » du problème migratoire. Le ministre italien de l’Intérieur et chef de la Ligue serait prêt à une guerre totale, au point qu’une escalade s’annonce. Il s’agirait de saboter le « Règlement Dublin III » ainsi que les accords de Schengen. Comme on le fait savoir au ministère de l’Intérieur italien, en refusant de partager les données relatives aux migrants avec les autres Etats-membres, on serait en mesure de faire imploser le règlement lui-même.1

Si le projet unilatéral de Salvini était mené jusqu’à son terme, les migrants deviendraient des « fantômes » au sein du système du Dublin. Ils pourraient alors demander l’asile politique partout dans l’Union européenne. Preuve que la menace est sérieuses, les chancelleries des autres Etats-membres ont été prévenues.

Ces derniers jours, M. Salvini n’a pas décoléré contre l’Europe. L’homme fort du gouvernement italien s’est ainsi félicité que la Farnesina (le ministère des Affaires étrangères à Rome) ait formellement protesté auprès du gouvernement hollandais contre son « inertie » à l’égard du navire Sea-Watch : celui-ci bat en effet pavillon néerlandais.

Sur la table du gouvernement, outre l’hypothèse de la suspension de l’espace Schengen, se trouve un plan pour l’établissement d’une vraie barrière physique à la frontière entre l’Italie et la Slovénie, sous prétexte d’arrêter les flux migratoires illégaux et terrestres le long de la route des Balkans. Au milieu de la frénésie causée par l’affaire Sea-Watch, Matteo Salvini a rappelé que l’urgence se trouvait aussi dans le nord-est italien, à Trieste et dans d’autres zones de Frioul-Vénétie julienne. Il a déclaré : « La route des Balkans s’est ré-ouverte et en juillet les patrouilles mixtes avec les Slovènes repartiront, mais si le flux des migrants ne devait pas s’arrêter, à maux extrêmes, remèdes extrêmes. »

Les multiples options étudiées par le ministre de l’Intérieur s’apparentent donc aux différentes étapes d’une escalade. Si l’organisation de patrouilles mixtes entre l’Italie et la Slovénie dans la région de Frioul-Vénétie julienne apparaît comparable aux actions entreprises par le président français Macron à Vintimille, ce n’est pas le cas du déploiement de la police le long de la frontière. Une telle décision reviendrait à demander la suspension de la convention de Schengen. Enfin, M. Salvini va jusqu’à envisager la réalisation d’une sorte de mur le long de sa frontière, à la manière de Trump ou plutôt d’Orban. Il a ainsi expliqué : « Nous n’excluerons pas la construction de barrières physiques comme l’ont fait d’autres pays européens ».2