Saint-Pétersbourg. Dans une atmosphère festive, de nombreux badauds pétersbourgeois ont assisté, le 25 mai, au baptême du dernier brise-glace nucléaire de la Rosatomflot. Le brise-glace « Ural » est le troisième de la génération LK-60Ya comprenant deux réacteurs nucléaires. L’introduction de ce brise-glace s’inscrit dans une stratégie globale de développement de la route maritime du Nord par les autorités russes.

Pour l’heure, les brise-glaces « Yamal » et « 50 Let Pobedy », toujours en activité, sont vieillissants et destinés à être remplacée par cette nouvelle génération.  Toutefois, « Ural » n’entrera pas en opération dans les eaux arctiques avant 20221. Pour Vyacheslav Ruksha, responsable de la direction NSR au sein de Rosatom, explique que « sans une flotte de brise-glaces nucléaires moderne, il est impossible d’imaginer le développement de la route maritime du Nord »2. Le programme de modernisation de la flotte de brise-glaces comprend à ce stade trois nouveaux appareils.

En effet, parallèlement à ce lancement, deux autres brise-glaces sont actuellement en préparation dans le port de Saint-Pétersbourg. Ces futurs navires « Artika » et « Sibir » complèteront le dispositif pour assurer le trafic maritime sur la NSR. Ceux-ci doivent être mis en opération respectivement en mai 2020 et 2021. Après 2022, cette flotte de brise-glaces sera en capacité de maintenir un trafic ouvert tout au long de l’année sur la route maritime du Nord.

Mais l’ambition des autorités russes sur le développement de la NSR ne semble pas s’arrêter là. Ainsi, des négociations sont en cours pour la construction de deux brise-glaces supplémentaires d’ici 2027. Or, ces projets doivent être compris dans le cadre du programme de développement global de l’Arctique russe. Pour Denis Kravchenko, Vice-président de la commission de la Douma sur la politique économique, l’industrie, l’innovation et l’entreprenariat, « avec les projets d’extraction des ressources naturelles, le développement des territoires arctiques, la flotte de brise-glaces nucléaires russes est tout simplement indispensable »[notes]Communiqué de l’agence de presse, « Atomnij ledokol « Ural » spuschen na vodu v Sankt-Peterburge », Regnum, 25 octobre 2018.[/note]. Les autorités russes ont pour objectif le transit de plus de 80 millions de tonnes de chargements par la route maritime du  Nord.

GEG | Cartographie pour Le Grand Continent

Perspectives :

  • Le lancement de ce troisième brise-glace nucléaire indique la montée en puissance de la Russie pour assurer la croissance du trafic maritime sur la NSR et demeurer un acteur incontournable dans ce domaine.
  • La poursuite des discussions pour la construction de deux brise-glaces supplémentaires, sous la supervision de Rosatom, pourrait aboutir dans les prochains mois.
  • Le brise-glace « Ural » sera en opération à partir de 2022, troisième pièce du dispositif russe pour assurer la navigation commerciale dans la région polaire durant les prochaines décennies.
Sources
  1. NILSEN Thomas, “Launch of icebreaker « Ural » will give boost to year-around Northern Sea Route shipping”, The Barents Observer, 25 mai 2019.
  2. Communiqué de presse, Rosatomflot, 25 mai 2019.