Achgabat. Malgré la signature des accords d’Aktaou le 12 août 2018, Moscou et Téhéran peuvent encore barrer la route de ce projet de gazoduc transcaspien. Du côté de la Russie, on ne souhaite pas voir un nouveau concurrent arriver en Europe dans le domaine du gaz. En effet, le Turkménistan possède la quatrième réserve de gaz naturel la plus importante au monde (derrière la Russie, l‘Iran, le Qatar et devant les États-Unis). La Russie doit déjà composer avec la rivalité du gaz américain en Europe et le Turkménistan est déjà un concurrent direct en Chine. Enfin, il faut noter que, des cinq anciennes républiques soviétiques d‘Asie centrale, c’est avec Achgabat que Moscou entretient les relations les plus compliquées. En effet, le Turkménistan est vu d’abord comme un adversaire dans le domaine énergétique par la Russie.
De son côté, Téhéran ne compte pas non plus faciliter la naissance du gazoduc transcaspien puisqu‘il existe également plusieurs contentieux avec Achgabat. C’est notamment le cas depuis 2017, lorsque le Turkménistan a arrêté l‘exportation de gaz vers l‘Iran, qui était alors son troisième partenaire commercial. Le développement de ce gazoduc est aujourd’hui interrompu et pose problème aux autorités turkmènes, confrontées à des difficultés économiques, en partie liées à la baisse des exportations de gaz (1).
Perspectives :
- Une des solutions possibles pour le Turkménistan serait que le redécoupage de la mer Caspienne lui soit favorable avec un accès direct à la partie azerbaïdjanaise. Dans le cas contraire, Achgabat devra impérativement obtenir l‘aval de Moscou ou de Téhéran pour concrétiser son projet de gazoduc transcaspien.
- La création du gazoduc transcaspien serait un moyen de diversifier les sources d‘importations de gaz en Europe. Une diversification nécessaire aux yeux de certains, puisque l‘on voit qu‘en 2018 les importations de gaz russe ont battu des records (2).
Sources :
- COLLEN Vincent, L’Europe toujours plus dépendante du gaz russe, Les Echos, 16 janvier 2018.
- HUBERT Pierre-François, Le Turkménistan appelle les Etats-Unis à la rescousse du gazoduc transcapien, Novarstan, 7 novembre 2018.
Fabien Herbert