Antigua. Le 26ème sommet ibéro-américain s’est tenu les 15 et 16 novembre à Antigua (Guatemala), dans un moment de polarisation politique de la zone.
D’une part le « virage à gauche » de l’Amérique latine semble avoir pris fin. En effet, des pays importants de la région comme l’Argentine, le Chili, la Colombie et le Brésil ont choisi de suivre une idéologie résolument de droite, en rupture totale avec les gouvernements précédents. Curieusement, dans cette période de virage à droite, le Mexique a élu pour la première fois de son Histoire un président appartenant à un parti de gauche (1). D’autre part trois pays, le Nicaragua, le Venezuela et le Honduras, semblent flirter ouvertement avec la dictature, ce qui a généré de fortes tensions politiques dans la région (2, 4).
Le sommet a permis la rencontre des dirigeants ibéro-américains dans cette nouvelle configuration régionale. Au total, ce sont seize chefs d’État qui ont assisté au sommet, soit cinq de plus qu’à la dernière édition. Certaines absences se sont toutefois faites sentir avec Daniel Ortega qui a annulé sa venue à la dernière minute, signe de son isolement dans la région et, bien sûr, celles de Andrés Manuel López Obrador et de Jair Bolsonaro qui n’ont pas encore pris leurs fonctions.
Sous le slogan “Une Amérique latine prospère, inclusive et durable” cette édition qui promettait de grands accords et une plus grande intégration ibéro-américaine s’est révélée décevante. L’ombre de crise migratoire et de la dérive autoritaire du Venezuela et du Nicaragua a survolé la réunion, mais ces questions sont passées pratiquement inaperçues au moment des déclarations officielles concluant le sommet (3).
La conclusion s’impose d’elle-même : le Sommet Ibéro-américain, projet porté initialement par le Mexique et de l’Espagne, ne parvient pas encore à se positionner comme un rendez-vous incontournable de la zone.
Perspectives :
- Sans un accord clair et sans un effort conjoint des pays de la région, aucune solution ne pourra être trouvée au sujet de la crise migratoire actuelle.
- Andorre a été désigné comme pays d’accueil pour le 27ème sommet ibéro-américain en 2020. Une influence européenne pourrait peut-être apporter un nouvel élan : encore faudrait-il une volonté politique…
Sources :
- DE LEON Rosa, Le Mexique tourne à nouveau son regard vers le Sud, la Lettre du Lundi, 29 juillet 2018.
- Venezuela y Nicaragua marcan la Asamblea General de la OEA, El Comercio, 4 juin 2018.
- LAFUENTE, Javier, Los líderes iberoamericanos evitan confrontar los temas más polémicos, El País, 17 novembre 2018.
- RODRIGUEZ, Martin, Bienvenidos a la Cumbre, Pedro Sánchez y AMLO, éste es el país que los espera, Nómada, 14 novembre 2018.
Rosa Mariana de Léon E.