Öresundsbron. Le Comité des libertés et des droits des citoyens du Parlement européen (LIBE) a annoncé mardi vouloir mettre fin aux contrôles temporaires exercés dans six pays membres de l’espace Schengen (Suède, Norvège, Danemark, Allemagne, Autriche, France). Parmi ceux-ci, la Suède, qui a rétabli des contrôles à sa frontière avec le Danemark en 2015 lors de la crise migratoire. Les contrôles ont surtout lieu après le passage de l’Öresundsbron, le pont routier et ferroviaire qui relie le détroit séparant les deux pays. Depuis mai 2017, un groupe d’enquêteurs de la Commission européenne est sur place pour évaluer le travail des forces de police assurant les contrôles. Leur mission est de veiller avant tout à la bonne application de la coopération au sein de la zone Schengen (3). Le rapport de ces enquêteurs, présenté devant le comité des libertés du Parlement européen, a conduit ce dernier à critiquer fortement la Suède dont les contrôles aux frontières ont dépassé les deux ans autorisés. La responsable du dossier, Tanja Fajon, parlementaire slovène membre du parti social-démocrate, a notamment déclaré : “Si nous voulons sauver Schengen, nous devons y mettre fin et établir des règles claires”. Les membres du comité se sont prononcés en faveur d’une législation limitant à un an le rétablissement du contrôle aux frontières, dans des circonstances exceptionnelles (2).

La fin du contrôle et la modification de la législation sont accueillis plutôt favorablement par la majorité de la classe politique suédoise, à l’exception notable des Démocrates de Suède (extrême-droite). Nombre de parlementaires pointent du doigt les effets négatifs du dispositif (1). Au-delà de la simple question du coût des contrôles, ces missions de surveillance des frontières accaparent les forces de police dans la région de l’Öresund. Un choix stratégique critiqué à un moment où les règlements de compte dans les banlieues de la ville frontalière de Malmö s’accroissent. D’autres représentants de la région de l’Öresund saluent quant à eux la fin de contrôles qui ralentissent le trafic sur un axe particulièrement important pour les circulations économiques dans le Nord de l’Europe (4). Les oppositions au nouveau règlement voulu par le Parlement devraient donc venir davantage des autres pays européens visés par le rapport que de la Suède.

Dans le détail, les critiques de la Commission européenne sur les contrôles aux frontières extérieures de la Suède ne se limitent pas à l’extension dans la durée. Le Département des opérations nationales de la police (NOA, direction opérationnelle de la police suédoise) a ainsi révélé l’existence d’une liste pointant 95 problèmes, notamment en termes de gestion, de ressources et de compétences. Ainsi, les enquêteurs ont mis en évidence le manque de stratégie nationale sur la question des frontières, mais aussi une absence de stratégies de collaboration entre les autorités nationales compétentes. Un comble alors que la Suède a été récemment mise à l’honneur pour la coopération entre les polices suédoises et danoises dans la série Bron/Broen.

Sources :

  1. Gränskontroller ogillas i EU-parlamentet, Göteborgs-Posten, 23 octobre 2018.
  2. HAGLUND Fredrik, EU-utskott kritiserar Sverige : Begränsa gränskontrollerna, Europaportalen, 23 octobre 2018.
  3. KLEJA Monica, Efter EU-kritiken : Sverige börjar strama upp gränsskyddet, Europaportalen, 22 octobre 2018.
  4. Sverige : gränskontroller ogillas i EU-parlamentet, Smålandsposten, 24 octobre 2018.

Thomas Gauchet