Londres. Dans une lettre ouverte publiée sur le journal The Times, Mark Sedwill, actuel secrétaire du Cabinet, récemment nommé chef de la fonction publique, a déclaré que les brexiters devraient avoir honte de leurs attaques contre les conseillers européens de Theresa May (4). Un appel à la modération, suite aux paroles de certains membres du parti Conservateur qui, selon le Financial Times, ont fait usage de métaphores violentes contre Olly Robbins, conseiller européen du gouvernement, contre les fonctionnaires impliqués dans la négociation et la Première Ministre elle-même, allant jusqu’à évoquer une “pendaison” pour désigner la fin de son gouvernement (2). Mercredi dernier, Nigel Farage a twitté depuis le Parlement européen de Strasbourg : Olly Robbins est “l’ennemi de l’intérieur”, “il veut saboter le Brexit”. Dans un pays encore traumatisé par la mémoire de l’assassinat de la députée travailliste Jo Cox au cours de la campagne référendaire et à l’heure où des colis piégés sont adressés à des personnalités démocrates aux États-Unis, une telle hausse dans les tons du débat politique ne passe pas inaperçue.

Une solution n’a pas été trouvée à la question de la frontière nord-irlandaise et l’ensemble de la négociation pourrait être compromis. Première absolue, la Reine Elizabeth, lors d’un banquet à l’honneur de la Reine des Pays-Bas, est sortie de son silence traditionnel sur la politique, avec une déclaration énigmatique, concernant la résilience de la relation entre la Grande-Bretagne et l’Union. Première absolue, puisqu’elle n’était pas intervenue au cours de la campagne du Brexit. À moins que quelqu’un ait cru au titre “Queen backs Brexit” publié par le tabloïd The Sun, à trois mois du vote (3).

Un changement politique majeur pourrait se préparer, dans un sens comme dans l’autre. Le Cabinet de Theresa May est divisé et Westminster risque de ne pas lui accorder la majorité nécessaire à un éventuel accord. Le Parlement écossais organisera son propre vote, avant de le soumettre au Parlement britannique, a annoncé jeudi dernier le ministre écossais chargé des affaires constitutionnelles, Michael Russell. Mais c’est aujourd’hui que se tient l’un des tests les plus importants pour Theresa May : le budget, contre lequel le Parti unioniste nord-irlandais a menacé de se prononcer, ce qui pourrait aller jusqu’à provoquer de nouvelles élections (1).

Perspectives  :

  • 29 octobre : vote sur le budget .
  • Sommet d’urgence de l’Ue prévu au mois de novembre.
  • 13-14 décembre : dernier Conseil européen 2018.
  • Fin décembre-début janvier : approbation du traité par la Chambre des Communes.

Sources :

  1. A bigger problem, Bloomberg, 26 octobre 2018.
  2. Britain must strive for a cooler political climate, Financial Times, 22 octobre 2018.
  3. La regina Elisabetta rompe il protocollo e « parla di Brexit » al banchetto, La Repubblica, 24 octobre 2018.
  4. Brexiteers should be ‘ashamed of themselves’ for attacks on Theresa May’s EU adviser, says head of civil service, The Independent, 16 octobre 2018.

Vera Marchand