Tokyo. Shinzô Abe, Premier Ministre japonais, vient d’effectuer une tournée européenne de cinq jours. Espagne, France et enfin Belgique ont jalonné cette série de visites diplomatiques qui s’est achevée par le XIIe sommet Asie-Europe – ASEM – à Bruxelles les 18 et 19 octobre. Le dirigeant nippon avait dû repousser cette tournée en juillet suite aux intempéries subies sur l’archipel (1).

L’objectif de Shinzô Abe est de poursuivre le renforcement des relations nippo-européennes. Le Premier Ministre a notamment insisté sur les valeurs partagées “d’ordre économique régulé” et “d’État de droit”, avant son départ et durant son voyage, face “à un ordre international soumis à des défis”. En parallèle, il a promu le libre-échange en évoquant la finalisation prochaine du JEFTA, et “un espace Indo-Pacifique libre et ouvert” (2). Dans un contexte de protectionnisme américain et d’une emprise chinoise croissante sur la région asiatique mais aussi européenne où Pékin domine le rapport de force (3), l’archipel s’investit dans sa relation bilatérale avec l’Europe.

De plus, la marginalisation du Japon sur le grand dossier sécuritaire actuel nord-coréen (4) a poussé Shinzô Abe à s’assurer que l’Europe – et particulièrement la France, membre permanent du Conseil de sécurité – maintient sa pression sur la Corée du Nord afin d’obtenir sa dénucléarisation totale. L’archipel est également en contentieux avec la Corée du Nord sur l’enlèvement de ressortissants, une question prioritaire pour le gouvernement japonais (4) qui ne sera pas entendue au sein de la communauté internationale si les pressions diminuent. Cette insistance intervient alors que le président sud-coréen Moon Jae-in tentait d’obtenir l’inverse lors de sa visite à l’Elysée le 15 octobre (5).

L’Union place ses pions en Asie orientale à travers sa puissance normative, via le développement de multiples accords de libre-échange avec les pays de la zone – Singapour, Vietnam, etc. Si cet allié européen, globalement, ne peut peser lourdement face aux géants américain et chinois, il garde une présence étatique dans le Pacifique grâce aux territoires français et dispose d’ancrages solides dans la région sur le plan des relations commerciales. Japon et Europe possèdent ainsi des intérêts communs sur le plan économique mais aussi géostratégique.

Perspectives :

  • 2018 : 160e anniversaire des relations diplomatiques France-Japon.
  • 2019 : Le Japon présidera le G20.

Sources :

  1. ABE Shinzô, The Prime Minister in action – October 2018.
  2. Élysée, Déclaration d’Emmanuel Macron et de SHinzo Abe, Premier Ministre du Japon, 17 octobre 2018.
  3. GODEMENT François et VASSELIER Abigaël, La Chine à nos portes, une stratégie pour l’Europe, p. 34, éditions Odile Jacob, 2018.
  4. HEIMBURGER Jean-François et BONDAZ Antoine, La marginalisation du Japon dans le dossier nord-coréen, Note de la FRS n°18, 2018.
  5. MALOVIC Dorian, Moon Jae-in plaide la cause nord-coréenne auprès d’Emmanuel Macron, La Croix, 15 octobre 2018.

Jessy Périé