Helsinki. “Un des pires moments de l’histoire de la présidence américaine” (4), c’est par ces mots que le sénateur John McCain décrit le sommet du 16 juillet entre les États Unis et la Russie à Helsinki. Cette rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine est le premier sommet bilatéral entre les deux pays depuis neuf ans.

Pourtant, malgré les nombreuses critiques à l’égard de l’attitude du président américain, jugée au minimum trop complaisante, c’est en compétiteur que c’est posé Donald Trump : “Nous allons vendre du GNL et concurrencer le gazoduc (Nord Stream 2). Je pense que nous allons le concurrencer avec succès. Même s’il y a un petit avantage d’emplacement [pour le gaz russe]” (2). Ces déclarations font suites à celles déjà émises lors du sommet de l’Otan et au travail de promotion du Gnl américain lors du conseil Ue-Usa sur l’énergie. En l’espace de deux semaines, Trump a mené une importante offensive internationale contre Nord Stream 2. Contraint de composer avec la réalité qu’est l’émergence des États Unis comme exportateurs d’hydrocarbures, Vladimir Poutine s’est fait force de proposition : « Nous pourrions travailler de manière constructive pour réguler les marchés internationaux car nous ne sommes pas intéressés par une baisse extrême des prix [du pétrole et du gaz de schiste] » (1). Poutine s’est même voulu rassurant avec Donald Trump : « M. le président s’est dit préoccupé par l’arrêt possible du transit à travers l’Ukraine. J’ai assuré à monsieur le président que la Russie était prête à maintenir ce transit », a-t-il ajouté. « En outre, nous sommes prêts à prolonger le contrat de transit, qui expire l’année prochaine, si le litige entre les entités commerciales est réglé par la Cour d’arbitrage de Stockholm » (5).

Ces “entités commerciales”, Gazprom et Naftogaz, se sont justement rencontrées le lendemain à Bruxelles en vue de pourparlers en présence du commissaire européen chargé de l’Energie Maros Sefcovic, du ministre russe de l’Energie Alexandre Novak et du ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavlo Klimkine. Russes et Ukrainiens ne sont jamais apparus publiquement ensemble au cours de la journée. Pourtant, Maros Sefcovic a annoncé à l’issue : « Nous avons eu une discussion très franche, et je pense que c’est très important pour construire de la confiance » (3).

Perspectives :

  • Avec le sommet de l’Otan, le conseil énergie Ue-Usa, le sommet d’Helsinki et les négociations bruxelloises, c’est une séquence internationale intense qu’a connu le dossier Nord Stream 2 ces deux dernières semaines. Après des rencontres d’experts annoncées pour l’automne, des réunions politiques auront lieu, comme annoncé par Maros Sefcovic.

Sources :

  1. Poutine tend la main à Trump dans le domaine du pétrole et du gaz, AFP, 16/07/2018.
  2. De premières discussions positives sur le dossier du transit du gaz russe vers l’Europe, AFP, 17/07/2018.
  3. L’UE invite Russes et Ukrainiens à Berlin pour s’entendre sur le transit du gaz, AFP, 17/07/2018.
  4. DESUIN Hadrien, Helsinki : Comment Trump a refusé une deuxième guerre froide, Figarovox, 17/07/2018.
  5. EYL-MAZZEGA Marc-Antoine, The Gazprom-Naftogaz Stockholm Arbitration Awards Time for Settlements and Responsible Behaviour , IFRI, 13/03/2018.