Washington. La querelle commerciale entre l’Europe et les États-Unis se poursuit. Après les frictions qui ont émergé lors du G7 au Canada et les droits réciproques appliqués en juin, le récent voyage de Donald Trump sur le Vieux continent n’a pas aidé à appaiser les tensions. Au contraire, le président américain, à la veille du sommet avec Vladimir Poutine, a qualifié l’Union européenne d' »ennemie » des États-Unis pour ce qui concerne le commerce, tout en précisant que Washington a « de nombreux ennemis », dont la Russie et la Chine (2).

Cependant, les mots de Trump et, surtout, son inclination au protectionnisme comme levier de négociation dans le commerce, ne trouvent pas un large soutien dans les hautes sphères des États-Unis, tant dans le monde politique que dans celui des affaires. La dernière voix qui s’est élevée à cet égard est celle du président de la Federal Reserve Bank (Fed), Jerome Powell. Lors d’une audition au Congrès, ce-dernier a déclaré que si les politiques protectionnistes devaient se poursuivre jusqu’au déclenchement d’une guerre commerciale, ce serait « une mauvaise chose pour notre économie et aussi pour d’autres économies ». Il a ajouté qu’il n’avait pas l’intention de « commenter une politique particulière. Mais, en principe, le libre-échange est une bonne chose”. Des préoccupations similaires, a fait remarquer M. Powell, viennent également du monde des affaires (1). Le secteur automobile, en particulier, s’est montré préoccupé par la possibilité que des droits supplémentaires soient appliqués aux échanges avec l’Europe, ce qui pourrait entraîner des pertes d’emplois et une hausse des prix aux États-Unis (3).

Perspectives :

  • Tant que Trump jouit d’un fort soutien de l’électorat républicain pour sa ligne protectionniste, il semble peu probable que, quelle qu’en soit l’autorité, les voix contre lui aient un effet perceptible. Ni les hautes sphères du Parti républicain ni Powell, nommé par Trump lui-même à la tête de la Fed, ne semblent avoir les cartes en main pour changer la donne, du moins jusqu’aux élections de mi-mandat.
  • Le président de la Commission européenne, Jean Claude Juncker, se rendra à Washington le 25 juillet pour négocier directement avec Trump et tenter d’apaiser les tensions commerciales transatlantiques. On peut douter que cette rencontre produira les résultats escomptés, tout d’abord en raison de la méfiance du président américain à l’égard de l’Union européenne.

Sources :

  1. JENKINS Cameron, Fed’s Powell Says A Long Trade War Could Hurt U.S. Economy, NPR, 17 juillet 2018.
  2. KENNEDY Merrit, Trump Says He Sees The European Union As A ‘Foe’ Of U.S., NPR, 15 juillet 2018.
  3. Real Time Economics : Trump Threatens Europe With Auto Tariffs, Auto Industry Pushes Back, The Wall Street Journal, 19 juillet 2018.