Washington. La rencontre positive à la Maison Blanche entre Donald Trump et Jean-Claude Juncker semble marquer un nouveau départ dans les relations commerciales entre les deux rives de l’Atlantique (3). Après le nouvel échec des négociations sur le Partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement, lancé par Barack Obama en 2013, les récentes mesures protectionnistes sur l’acier et l’aluminium du côté américain et sur les jeans, bourbons et Harley Davidson du côté européen, en plus de celles redoutées ces dernières semaines par Trump sur le secteur automobile, avaient fait craindre le début d’une saison d’hostilité économique entre l’Europe et les États-Unis, destinée à saper la solidité du lien transatlantique.

Le changement de direction de l’administration américaine avait déjà été clarifié en marge du G20 le 21 juillet par le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin. À la lumière du récent accord bilatéral entre l’Union et le Japon, Mnuchin avait observé que l’objectif de Washington, malgré les mesures protectionnistes, n’était pas de ralentir les flux commerciaux transatlantiques, mais de les relancer par un nouvel accord excluant tout type de droits ou de barrières non tarifaires (1).

C’est cette solution qu’a proposé le sommet entre Trump et Juncker, même si tous deux sont conscients que les négociations ne peuvent pas être aussi courtes ou aussi ambitieuses que le naufrage du PTCI. Mnuchin lui-même, en marge de la réunion, a relancé l’idée d’un « véritable accord » entre l’Union et les États-Unis, à la fois de nature commerciale et diplomatique (2). L’objectif stratégique de la Maison-Blanche semble être de réformer le commerce multilatéral, à commencer par l’Organisation mondiale du commerce, en donnant plus de poids aux relations bilatérales. L’objectif européen reste minimal et tactique pour le moment : traverser l’ouragan Trump en espérant plaçant ses espoirs dans les élections de mi-mandat.

Perspectives :

  • Le sommet entre Juncker et Trump a, pour le moment, apaisé les tensions commerciales entre les deux rives de l’Atlantique. Les négociations qui suivront impliqueront un certain nombre de secteurs stratégiques, en premier lieu l’énergie et l’agriculture. Il faut s’attendre à de nouvelles frictions et à ce que, si un accord suffisamment ambitieux se concrétise, les négociations s’étendent sur l’ensemble de la deuxième partie du mandat de Trump.
  • Depuis les années 1990, l’Europe et les États-Unis ont tenté à de nombreuses reprises de créer une zone de libre-échange transatlantique dans laquelle les biens et les services pourraient circuler librement entre les deux rives de l’océan. Cependant, cela n’a pas été possible en raison de la réticence mutuelle à l’ouverture de secteurs considérés comme stratégiques et de la résistance d’une grande partie de l’opinion publique, en particulier en Europe. Étant donné l’impopularité des accords de libre-échange dans certains domaines de l’opinion publique européenne à ce jour, il est douteux qu’un accord commercial nécessitant la ratification des parlements nationaux puisse être approuvé.

Sources :

  1. BORAK Donna, Mnuchin ‘very hopeful’ on trade talks with EU, Japan, CNN, 21 juillet 2018.
  2. COX Jeff , Mnuchin : Trump-Juncker talks pave way to ‘resolving a lot of these trade issues’, 26 juillet 2018.
  3. POP Valentina, SALAMA Vivian, DAVIS Bob, U.S., Europe Call a Truce on Trade. Trump, Juncker agree to hold off on further tariffs as they work to take down barriers, The Wall Street Journal, 26 juillet 2018