Bruxelles. Selon une étude de l’agence de presse Reuters, les partis populistes pourraient représenter entre 15 et 20 % du futur Parlement européen (2). Soit, potentiellement, entre 105 et 140 des 705 députés de l’Assemblée européenne.

Est-ce une nouveauté ? Pas vraiment. En mai 2014, dès près de 90 députés européens (de Podemos, au Front National and passant par le Mouvement Cinq étoiles) étaient arrivés au Parlement européen sans y avoir au préalable de groupe politique. Un an plus tard, plus d’une soixantaine de ces élus étaient affiliés à un des trois groupes d’extrême droite : les Conservateurs et réformistes européens (un groupe rassemblant les Conservateurs britanniques et le parti PiS polonais), l’Alliance pour la démocratie directe en Europe (rassemblant le parti pro-Brexit Ukip et le Mouvement 5 Étoiles italien) et le Mouvement pour l’Europe des nations et des libertés (le groupe parlementaire créé en 2015 par la Front National et la Ligue italienne).

Ce sont ces mêmes groupes qui, même malgré le départ des 73 députés britanniques en 2019, devraient profiter de cette marée populiste (4).

La grande nouveauté de ces dernières années est en effet la volonté de structurer ces mouvements à l’échelle européenne, de créer une “convergence des luttes” des partis populistes d’extrême-droite. Une volontée partagée par exemple par le Premier Ministre Viktor Orban (1) ou par Steve Bannon, l’ancien conseiller de Donald Trump (3). Si ces partis restent résolument souverainistes, la Ligue de Matteo Salvini et le Front National de Marine Le Pen ont cherché à trouver et à monter des alliances européennes, à trouver des alliés, à s’inspirer de ce qui marche… et ce qui ne marche pas.

Il est encore trop tôt pour voir si ce mouvement va s’essouffler dans les prochains mois. Le Front National peine à se relever de la présidentielle de 2017, Matteo Salvini pourrait être victime d’une usure du pouvoir et une sortie catastrophique du Royaume-Uni de l’Union juste deux mois avant les élections pourrait en effet couper l’herbe sous le pied à leurs efforts d’alliance.

Mais, en dehors de ces obstacles, reste à savoir comment les institutions européennes pourront dans les prochains mois boucler les derniers dossiers à Bruxelles. Des dossiers comme la migration, la zone euro ou un accord commercial avec les États-Unis qui deviendront cet automne déjà des thèmes de campagne électorale.

Perspectives :

  • Septembre 2018 : Potentiel lancement du centre de réflexion de Steve Bannon à Bruxelles.
  • 29 mars 2019 : Date officielle de la sortie du Royaume-Uni de l’Union.
  • 23-26 mai 2019 : Élections européennes
  • Début juillet 2019 : Intronisation de la nouvelle législature.

Sources :

  1. Wenn am nächsten Sonntag Europawahl wäre (Juli 2018) : Sozialdemokraten machen Boden gut, EVP in neuem Rekordtief, Rechte legen zu, Der (europäische) Föderalist, 25 juin 2018.
  2. HINES Nico, Inside Bannon’s Plan to Hijack Europe for the Far-Right, The Daily Beast, 20 juillet 2018.
  3. MACDONALD Alastair, Exclusive : Polls point to anti-EU surge in European Parliament, Reuters, 26 juin 2018.
  4. La Doctrine d’Orban, Le Grand Continent, 21 juillet 2018.