Donetsk. Malgré les difficultés qu’elle pose, l’idée d’une mission onusienne de maintien de la paix – qui pourrait être assistée d’un détachement civil de l’UE au Donbas – a séduit de nombreux diplomates occidentaux, des politiciens et des experts travaillant sur le sujet, notamment depuis que Vladimir Poutine a exprimé en septembre 2017 sa bonne volonté à discuter d’une possible implication de l’ONU. Ces derniers mois, plusieurs gouvernements et organisations internationales ont exprimé leur soutien à cet idée, des États-Unis (qui sont les plus ouvertement partisans de cette solution) à la Suède en passant par l’ancien secrétaire général des Nations Unies Anders Fogh Rasmussen, dont le rapport sur cette question a suggéré qu’une mission de maintien de la paix nécessiterait l’implication de 20 000 hommes (2).

L’idée avait tout d’abord été exposée par l’analyste politique Andrej F. Novak dès novembre 2014 et le gouvernement ukrainien a officiellement demandé à l’ONU une mission de maintien de la paix en 2015. Depuis, nombre d’analystes célèbres ont publié des textes plus ou moins élaborés détaillant les défis et les perspectives d’un plan qui relève bien plus de la construction que du maintien de la paix. Ces propositions émanaient autant d’analystes ukrainiens comme celle d’Oleksiy Melnyk (Razumkov Center) en 2016, que d’analystes russes comme celle d’Andrey Kortunov (Russian International Affairs Council) en 2017, ou d’occidentaux comme celle d’Alexander Vershbow (Atlantic Council, Washington, DC), et de Liana Fix et Dominik P. Jankowski (Carnegie Europe, Brussels) en 2018. Les deux évaluations les plus complètes des défis et des perspectives d’une mission onusienne de maintien de la paix ont été publiées par l’International Crisis Group en février 2018 (1) et le Hudson Institute en janvier 2018 (3).

Cependant, passer de l’analyse à l’action menée sur le terrain rééquerrerait un engagement sérieux de la part des parties impliquées, Russie et Ukraine en tête. Pour cette raison, l’implication des troupes de l’OTAN serait vouée l’échec. La main tendue par Moscou en septembre dernier était une opportunité à ne pas manquer. Mais cela pourrait ne pas suffire : alors l’Ukraine se prépare aux élections de 2019, la proposition de mission de maintien de la paix par Moscou pourrait nourri les querelles internes à Kiev.

Sources

  1. BRUNSON Jonathan, GRONO Magdalena, Peacekeeping in Ukraine’s Donbas : Opportunities and Risks, International Crisis Group, 6 March 2018.
  2. EMMOTT Robin, Ukraine crisis needs 20,000-strong U.N. force : report, Reuters, 12 February 2018.
  3. GOWAN Richard, Can the United Nations Unite Ukraine ?, Hudson Institute, 29 January 2018.