Rome. Parmi les nominations des nouveaux présidents de la Commission au Parlement italien le jeudi 21 juin, deux noms en particulier ont ravivé les craintes quant à l’évolution économique du gouvernement Conte. Alberto Bagnai, professeur et économiste célèbre pour ses positions eurosceptiques, a été choisi pour diriger la Commission des Finances du Sénat de la République, tandis que Claudio Borghi, le principal consultant économique du leader de la Ligue, Matteo Salvini, conduira la Commission du Budget à la Chambre. Les positions anti-Euro des deux politiciens, et le fait qu’ils conduiront deux des Commissions centrales à déterminer les prochaines étapes financières, jettent de nouveaux doutes sur les intentions de politique économique du gouvernement formé par la Ligue et le Mouvement Cinq Étoiles. Comme le démontre la réaction immédiate des marchés : les rendements des obligations d’État italiennes à deux ans, après l’annonce, ont augmenté de 0,6 % à 0,754 %, tandis que l’euro a légèrement baissé (4).

La réaction négative des marchés, comme cela s’est produit pendant la phase incertaine de la formation du gouvernement (2), répond à l’ambiguïté renouvelée que les nouvelles nominations semblent indiquer. Malgré le fait que le ministre de l’Économie Giovanni Tria, dans un entretien avec le Corriere della Sera il y a quelques jours, a contribué à calmer les eaux, promettant d’abandonner les politiques budgétaire expansionnistes et de maintenir les objectifs économiques et financiers du gouvernement précédent (3), « des figures comme Borghi et Bagnai, pour leurs idées légitimement exprimées dans le passé, amènent les investisseurs à se demander s’ils doivent croire ou pas aux déclarations de Giovanni Tria », explique Ferdinando Giugliano, chroniqueur pour Bloomberg. Même si les mêmes économistes ont déclaré que l’objectif du nouveau gouvernement n’est pas de sortir de l’euro, « il reste le doute sur la manière dont l’Italie financera les propositions économiques coûteuses, qui sont les pierres angulaires du contrat de gouvernement », poursuit Ferdinando Giugliano.

Il serait erroné, explique Ferdinando Giugliano, de trop insister sur le pouvoir des présidents des commissions parlementaires. Ils n’auraient pas, à eux seuls, un rôle fondamental dans la définition de la politique financière du gouvernement, qui reste fermement entre les mains du ministère de l’Économie et des Finances. Malgré cela, ils pourraient en tout cas rendre la vie difficile au ministre Giovanni Tria dans l’approbation de la loi budgétaire, comme le craint l’économiste Silvia Merler. Cela accroît dangereusement le chaos et l’ambiguïté de l’économie italienne (1).

Perspectives :

  • À présent que les nouvelles commissions parlementaires sont entrées en fonction, la première étape importante sera de discuter de la loi budgétaire, qui doit être approuvée d’ici la fin de l’année afin d’éviter l’augmentation automatique de la TVA.
  • Bien que l’activité du gouvernement italien en Europe soit centrée sur le thème de la migration, certaines nominations économiques centrales approchent, avec l’Eurogroupe le 12 juillet et le Conseil européen les 28-29 juin, où le cadre financier pluriannuel sera discuté.

Sources :

  1. BLANCHARD Olivier, MERLER Silvia, ZETTELMEYER Jeromin, How Worried Should We Be about an Italian Debt Crisis ?, PIIE, 24 mai 2018.
  2. DEBNATH Anooja, REMONDINI Chiara, SPRATT Stephen, Markets Convulse as Italy Is Seen on Course for New Elections, Bloomberg, 28 mai 2018.
  3. FUBINI Federico, Tria : « Impegno del governo sull’euro. E il debito calerà », Corriere della Sera, 10 juin 2018.
  4. UPDATE 3-Italy’s bonds, stocks tumble as eurosceptics to head key parliament committees, Reuters, 21 juin 2018.