Tokyo. L’arme nucléaire de la Corée du Nord étant l’une des principales menaces pour le Japon, le sommet historique entre le président des États-Unis et le leader nord-coréen a été observé méticuleusement à Tokyo.

En tant que premier président des États-Unis à avoir accepté une invitation à rencontrer en personne un leader nord-coréen, Donald Trump a vite déclaré son échange avec Kim Jong-un un grand succès. Du point de vue japonais, l’annonce de Trump d’arrêter les exercices militaires communs avec la Corée du Sud, sans que cela implique en retour une mesure concrète de la part de la Corée du Nord, a été une surprise. Le ministre de la défense japonais, Itsunori Onodera, juge les exercices en commun ainsi que la présence militaire des Etats-Unis en Corée du Sud « primordiaux » pour la sécurité en Asie de l’Est et précise que le Japon continuera ses exercices militaires communs avec les États-Unis (3).

D’un autre côté, le gouvernement du premier ministre japonais, Shinzo Abe, a pu être rassuré par les déclarations de Trump d’avoir évoqué, pendant sa rencontre avec Kim, l’importance de résoudre la question des citoyens japonais enlevés par la Corée du Nord, priorité politique d’Abe (2). Accueillant à sa résidence officielle les familles des citoyens japonais enlevés, Abe estime qu’après le sommet Trump-Kim, il est temps pour le Japon de se saisir directement de ce problème. Le premier ministre japonais réaffirme ainsi sa volonté d’une rencontre directe avec la Corée du Nord et fait d’un progrès dans la question des enlèvements une condition pour un tel sommet bilatéral (1).

Pour l’Union européenne, la question d’une possible dénucléarisation de la péninsule coréenne reste intéressante, tout comme la résolution des différends potentiels entre ses alliés les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon au sujet des détails du processus de dénucléarisation ainsi que des concessions envers la Corée du Nord.

Perspectives :

  • Décrit comme le début d’un processus de négociation plus long, ce sommet entre les Etats-Unis et la Corée du Nord pourrait être répété dans un futur proche sous des formats divers. Après des sommets entre Kim Jong-un et des très hauts représentants de la Chine, de la Corée du Sud, de la Russie, de Singapour, et des États-Unis, d’autres sommets régionaux pourraient suivre, dont une rencontre bilatérale avec le Japon ou des formats multilatéraux. Pour l’instant, une rencontre entre Abe et Kim pourrait avoir lieu en septembre en Russie (4).

Sources :

  1. 拉致解決へ「直接向き合う」 首相、日朝会談実現に意欲 (« Rencontre directe » pour résoudre le problème des enlèvements : le premier ministre montre sa volonté de réaliser un sommet nippo-nord-coréen), The Asahi Shinbun, 14 juin 2018.
  2. Ministère japonais des affaires étrangères, 日米首脳電話会談 (Conversation par téléphone entre les leaders japonais et étatsunien), 12 juin 2018.
  3. North Korea plays up apparent U.S. concessions, says Trump explicitly acceded to two of its top demands at summit, The Japan Times, 13 juin 2018.
  4. Abe-Kim summit could take place in Russia in September, The Japan Times, du 14 juin 2018.