Singapour/Bruxelles. Après une suspension de deux ans, le dialogue bilatéral sur les questions stratégiques entre l’Otan et la Chine a officiellement repris. Il s’agit du cinquième cycle depuis 2010. En marge de la réunion du Dialogue Shangri-La qui s’est tenue à Singapour le 2 juin, la vice-secrétaire générale de l’Otan, Rose Gottemoeller, et le vice-président du Comité militaire, Steven Shepro, tous deux américains, ont rencontré une délégation chinoise. L’objectif de la réunion était d’analyser conjointement des questions stratégiques communes telles que, entre autres, la dénucléarisation de la Corée du Nord, les différends en mer de Chine méridionale, les perspectives en Asie centrale – en particulier en Afghanistan et au Pakistan – et les nouvelles formes de coopération bilatérale (3).

Bien que l’Otan soit une organisation qui traite des questions euro-atlantiques, elle regarde aussi au-delà de ses frontières géopolitiques en raison de la dynamique de plus en plus mondialisée qui affecte la sécurité de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Comme l’a déclaré Jan Broeks, directeur général de l’État-major militaire international de l’Otan, lors d’une réunion avec Ci Guowei, chef adjoint du Bureau pour la coopération militaire internationale de la Chine, « les défis mondiaux exigent des solutions mondiales et une coopération mondiale”. La reprise du dialogue Otan-Chine intervient à un moment où les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine suscitent à nouveau des inquiétudes dans les pays et les marchés européens (1). Les nouveaux tarifs proposés par l’administration Trump sur les importations en provenance de Chine, d’une valeur totale de 200 milliards de dollars, ont provoqué une vive réaction de Pékin, qui menace d’y répondre et donc de déclencher une guerre commerciale entre les deux superpuissances économiques, guerre qui impliquerait également l’Europe.

Perspectives :

  • La reprise du dialogue stratégique entre l’Otan et la Chine est une forme de renforcement de la confiance entre l’Occident et Pékin qui n’aura probablement pas de répercussions à court terme, mais qui permet de maintenir un canal de communication et de comparaison ouvert avec des répercussions à moyen et long terme.
  • L’Europe et l’Otan elle-même, cependant, restent les spectateurs du « grand jeu » sino-américain. La récente crise entre les Etats-Unis et les membres du G7, en particulier les membres européens, est un signe que l’Administration Trump, malgré les récentes assurances du Secrétaire à la Défense, James Mattis (2), continue de donner un poids réduit à la relation transatlantique, diminuant ainsi la capacité de l’Europe à influencer les politiques américaines.

Sources :

  1. BBC, Trump tariffs : Markets fall as trade war fears mount, BBC, 19 juin. 2018.
  2. MATTIS James N., Remarks By Secretary Mattis at the U.S. Naval War College Commencement, Newport, Rhode Island, US Department of Defense, 15 juin 2018.
  3. OTAN, NATO and China resume military staff to staff talks, 11 juin 2018.