Jérusalem. Le 4 juin, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a entamé une tournée diplomatique de trois jours en Europe, avec deux objectifs clairs à l’horizon : convaincre les alliés du Vieux Continent de l’inutilité de l’“Iran Deal”, après l’abandon des Etats-Unis, et leur faire prendre conscience de la menace constante et croissante de Téhéran, prêt – selon Netanyahu – à frapper bientôt Tel Aviv (3). À partir de ce dernier aspect en particulier, il y a un effort politique israélien pour élargir l’axe anti-iranien (composé d’Israël, des Etats-Unis et des partenaires arabes du Golfe), surtout après avoir obtenu des assurances en termes de sécurité de la Russie (grand sponsor de Téhéran dans la dernière décennie) dans le cas d’une attaque syro-iranienne du Golan aux territoires israéliens (2).

Dans le contexte des réunions de haut niveau à Berlin, Paris et Londres, le Premier ministre israélien a tenté de relancer le dossier européen, bloqué depuis longtemps en raison des positions opposées de Bruxelles et des principales chancelleries continentales sur les plans de logement israéliens à Jérusalem-Est et en Cisjordanie (4). L’intention de Netanyahu est d’exercer délicatement pression sur les gouvernements européens pour dénoncer les ONG – en supprimant éventuellement le financement public – ayant des relations trop étroites avec les organisations palestiniennes et/ou soutenant la campagne internationale BDS (1).

Perspectives :

  • L’initiative diplomatique israélienne essaye de contenir, sur tous les fronts politiques et diplomatiques, toute action iranienne, visant essentiellement à jouir de la confiance et d’une grande liberté d’action dans le cas où Téhéran déciderait de lancer une attaque préventive.
  • Le rôle de Netanyahu doit être surveillé : beaucoup de ses initiatives politiques, qui ont un grand retentissement à l’étranger, sont en réalité des messages à interpréter dans une perspective purement interne. Le premier ministre est depuis longtemps impliqué dans divers scandales politiques, notamment de corruption. Sa condamnation conduirait à des élections anticipées, mais malgré cela, le dirigeant israélien continue de bénéficier du plein appui de son parti et de ses électeurs.
  • Malgré quelques différences importantes sur des dossiers individuels du Moyen-Orient (comme la crise syrienne, le rôle de l’Iran dans la région ou la question de « Jérusalem capitale »), l’Union européenne reste parmi les partenaires commerciaux les plus importants du pays, ainsi qu’un acteur intéressé à établir de nouvelles collaborations avec Israël, notamment dans le domaine de l’énergie en raison du gaz découvert en Méditerranée orientale.

Sources :

  1. L’initiative “Boycott, Divestment, Sanctions” (BDS) est une campagne internationale de boycott des produits israéliens. Pour plus de détails, voir : BEAUMONT Peter, Israel imposes travel ban on 20 NGOs over boycott movement, The Guardian, 07 juin 2018.
  2. HAREL A., Russia Considers Pulling Back Iranian Forces From Israel-Syria Border, Haaretz, 29 mai 2018.
  3. KEINON H., Netanyahu to stress tough Iran policy in trip to pro-nuke deal Europe, The Jerusalem Post, 04 juin 2018.
  4. SANZ, J.C., Netanyahu inicia una gira para convencer a Europa de bloquear el pacto con Irán, El Pais, 04 juin 2018.